LES DIFFICULTES D’UNE TELLE ENTREPRISE Le récit par MacKenzie lui-méme, des péripéties de son voyage, est fort connu: les dangers continuels que ses Voyageurs eurent a affronter pour remonter la Riviére La Paix, et plus particuli¢rement les gorges des Montagnes Rocheuses, avant de pouvoir atteindre les rives tant désirées “du grand fleuve courant vers l’ouest jusqu’a VOcéan.” “Il fut continuellement exposé a des dangers tels que ses hardis compagnons hésitérent a plusieurs reprises, 4 poursuivre leur route et refusérent méme, en deux ou trois circonstances, de la continuer. Il fallut plus d’une fois, toute la patience et toute l’énergie dont cet homme était capable pour surmonter leur répugnance et leurs craintes et, toute son influence pour leur faire supporter les fatigues presque surhumaines qu'il partageait, d’ailleurs, largement avec eux.” (MASSON, Les Bourgeois. .., p. 59) Vers la source de la Riviére La Paix, il fallut franchir a pied en se frayant une route de trois lieus (12 km,environ) a travers la forét et les rochers, un torrent de plusieurs milles encaissé dans des mon- tagnes abruptes. Les hommes déja épuisés de fatique se soumirent, cependant, sans trop murmurer et, aprés deux jours de travail, ce premier obstacle sérieux était surmonté. Dans un autre endroit, le canot, leur unique ressource, est mis en piéces dans un rapide. Les hommes qui le conduisent, cramponnés aux débris flottants, sont entrainés l’espace de trois cent verges (300 m) dans les eaux bouillantes. Cet accident“... lui fit perdre une partie de son équipement. ..” (MASSON, Les Bourgeois. . ., pp. 59-60) A l’ouest des Rocheuses, les Indiens tout d’abord peu amicaux, apprirent 4 MacKenzie “. . . que la navigation de cette riviére était en quelques endroits, impossible et que les tribus qui en habitaient les rives, étaient si méchantes et si barbares qu’il ne pourrait arriver au terme de son voyage. . .” (MASSON, Les Bourgeois. . . , p. 61) De telles informations n’étaient pas sans rappeler 4 MacKenzie son voyage vers l’Arctique et les légendes a propos des esquimaux du Grand Nord. Plus que jamais, il était prét a tout risquer pour atteindre son but. Il dut convaincre ses hommes dont le moral était au plus bas; flattant leur orgueil et stimulant leur courage avec un peu de rhum: tous jurérent d’accompagner leur chef jusqu’au bout du monde. Aprés quelques jours de navigation moins pénible sur la rivere Tacoutche Tesse (aujourd'hui le fleuve Fraser), MacKenzie eut des LEXPEDITION D’ALEXANDRE MACKENZIE doutes sur la longueur a parcourir avant d’atteindre |’Océan, en raison des informations recues des Indiens et, craignant de se trouver pris au retour par le froid, il décida d’essayer d’atteindre |’Océan par voie de terre. Il fallut rebrousser chemin jusqu’a une riviére des- cendant de l'Ouest, qu'il nomma WEST ROAD RIVER. (Plus tard, le Fort Alexandria sur le bord du Fraser, fut bati a l’endroit méme ou MacKenzie commenga sa retraite, il fut nommé ainsi en son hon- neur.) (MASSON, Les Bourgeois. . ., p. 63, note 1). MacKenzie dut annoncer a tous sa décision de changer de route par une voie encore plus difficile, mais que sa décision était ir- révocable: “. . . Je n’abandonnerai pas mon but d’atteindre l’Océan Pacifique méme si je dois m’y rendre seul et j'ai grand espoir de revenir parmi les miens sain et sauf(. . . ) Ma proposition fut accueillie avec une ardeur sincére et ce fut a l’unanimité qu’ils m’assurérent leur volonté de m’accompagner et d’obéir aveuglément a toutes mes décisions quelles qu’elles fussent.” (Kaye LAMB, The Journals and Letters of Sir A. MacKenzie) Aprés des fatigues inouies et seize jours d’une marche pénible, l'expédition arrivait enfin sur les bords tant désirés de l’Océan Pacifique. Aprés avoir pris note de la position exacte de ce lieu historique, (52° 20° 48” latitude Nord), sous l’oeil inquisiteur des Indiens l’entourant, MacKenzie traga sur la face sud-est du rocher (au pied duquel avec ses hommes il campa), avec un mélange de vermillon et de graisse chaude, ces mots: Alexandre MacKenzie, par voie de terre, le 22 juillet mille sept cent quatre vingt treize. Le lendemain, il prit la route du retour. Il arriva le 24 aowit au Fort CHIPEWYAN. CONCLUSION L’expéditon a partir du Fort avancé des “FOURCHES” au con- fluent des riviéres La Paix et Smoky, jusqu’au rocher de Bella Coola, demanda 10 semaines et 4 jours d’efforts, le retour au Fort CHIPE- WYAN fut réalisé dans le temps record de 5 semaines et deux jours. MacKenzie aidé d'un commis, de six Voyageurs canadiens-francais et de deux chasseurs indiens avait réussi l'impossible: la traversée des Montagnes Rocheuses par la riviére La Paix et la percée vers le Pacifique par les riviére Parsnip, Tacoutche Tesse et la riviére Black water ou WEST ROAD.