. * ce res Sp eee ceee me on, ae he deux hommes, si ditférents pa 4. TELE-SOLEIL, Vendredi 18 aoat 1978 Le Manitoba ne répond plus Au Manitoba, les francopho- nes auront-ils la chance de sur- vivre? C’est a cette question pri- mordiale et & quelques autres trés importantes que tente de répondre le remarquable film de Raymond Gauthier: Le Mani- toba ne répond plus, qu'on verra en premiére, le vendredi 25 aodt a 21 h 30. Etant fortement mi- noritaire, et de plus en plus, la collectivité franco-manitobai- ne, noyée dans une forte majori- té anglophone, a-t-elle des chan- ces de survie? Que doit-elle faire? S'assimiler 4 la majorité ou s’exiler? Quant a Raymond Gauthier, réalisateur de Le Manitoba ne - répond plus, une production de l'Office national du film dans le cadre de son programme Régio- nalisation-Ouest, cette situation alarmante |'inquiéte. Grace au film, on vivra la cou- rageuse expérience d'Henri Mar- coux et de sa femme Monique qui, a Saint-Boniface, sont aux prises quotidiennement avec ces problémes de survie. C'est a cette bataille pratiquement per- due d'avance que livrent les Marcoux qu'on assiste. Créer une commission scolaire, assis- ter a des réunions de parents, s'intéresser aux loisirs, recueil- lir des fonds, etc. Dans le film, Monique décla- rera tristement, faisant allusion a l'infiltration de la langue de la majorité: «Y a des soirs, on se dévoue pour la. franco, grosse réunion, et, entre-temps, on laisse nos enfants avec une | gardienne anglaise». Le Manitoba ne répond plus favorise une prise de conscien- ce qui forcera le téléspecta- teur a réfléchir sur l'avenir des minorités frangaises. Un peu d'histoire fera comprendre da- vantage la tragique situation des Franco-manitobains: «Au. début du XVille siécle, les fourrures de l'est du Canada ne suffisent plus. On se tourne vers |’Quest ou les voyageurs, 4 cause des distances, doivent passer I'hiver parmi les indigénes, ce qui don- ne naissance a la nation métis- se. A la fin de 1860, il y a 10,000 -personnes a la Riviére-Rouge dont la moitié sont des franco- phones. La nouvelle confédéra- tion canadienne, qui craint les Etats-Unis, obtient le territoire de la Baie-d'Hudson; celui qu’occupent les Métis de la Riviere-Rouge. On ne les a pas consultés. Leur orgueil national est vivement offensé. «L'arrivée des arpenteurs du gouvernement du Canada seme Le Match - Renault La palpitante série Des autos et des hommes qui raconte, a l'aide de documents de cinéma- théque, de tournage et d’inter- views, !a grande aventure de lautomobile, se poursuivra aux Beaux Dimanches, le 20 aodt a 20 h 30 a la télévision de Radio- Canada, alors que nous verrons le cinquiéme et avant-dernier é- pisode intitulé /e Match Citroén- Renault. Dans un article qu'il a signé dans Té/é 7 jours du 6 novembre 1976 sous le titre «Construc- teurs de génie, Louis Renault et André Citroén moururent seuls et déshonorés», Eric de Goutel écrit: «lls se détestaient. C'est certain. Ils s'admiraient mutuel- lement. C'est probable. Pendant vingt ans, ils se livrérent une lutte sans merci, parfois pitto- resque, parfois cruelle {...) Des- tin étonnant que celui de ces Sa Pon “3 5 l'appréhension chez les Métis. Ceux-ci organisent un comité de résistance. Louis Riel et 120 des siens occupent le fort Garry en novembre de 1869. Ils forment un gouvernement pro- visoire. Il y a violence @ la Ri- viere-Rouge. Le Canada envoie une expédition armée et promet une amnistie si les Métis col- laborent. Ottawa ne tient pas promesse. Riel sera exilé. «Le gouvernement d'Ottawa se voit forcé, par l'intervention mé- tisse, a créer une nouvelle pro- vince en mai 1870. Le Manitoba sera bilingue et bi-confession- nel. Les francophones occupent 12.des 24 siéges de |’Assem- blée législative. Georges-Etien- ne Cartier dira qu'il a calqué cette province sur celle du Qué- bec. Trés tot, cependant, le con- texte devient anti-frangais. «Une guerre de colonisation a lieu. Les anglophones l’empor- tent. Vingt-cing ans aprés la créa- tion de la province, les franco- phones passent de 50 a 11% de la population globale. «Le francais perd son statut de langue officielle. On abolit le - systeme des écoles publiques confessionnelles, ce qui noie les francophones dans la masse. Ceux-ci protestent, et Wilfrid Laurier propose un ‘compromis fédéral-provincial permettant l'enseignement de _ n‘importe quelle langue autre que l'an- glais, la ot 10 éléves le justi- fient. Dans le contexte d’an- glomanie et d'impérialisme de l’époque, le gouvernement du Manitoba céde aux pressions et abroge, en 1916, la loi sco- laire. L'enseignement en fran- cais devient illégal. «Les Franco-manitobains op- tent pour la résistance pacifi- que. Ils créent l’Association d’é- ducation qui organise la déso- béissance. La lutte est longue et codteuse. Le gouvernement entretient, par sa passivité, |’é- tat de crise de cette minorité. Il transforme ses droits en pri- viléges en les lui rendant, petit & petit, sous forme de conces- sions. Les Franco-manitobains se résignent & demander poli- ment ce qu’autrefois ils exi- geaient ardemment. «En 1970, une loi de permis- sion dépourvue de mécanisme de mise en application autorise l'enseignement en frangais. Les leaders ont du mal a convaincre la population d’en profiter. C’est le constat d'une érosion. «Entre-temps, le gouvernement fédéral adopte la loi sur les lan- Citroen leur caractére et leur formation, qui ont connu une réussite paral- léle, dominé l'industrie automo- bile en Europe, influencé celle-ci dans le monde entier et fini leur vie tragiquement apres avoir été injustement bafoués et abandon- nés. Renault est né en 1877, a Boulogne, Citroén en 1878, a Pa- ris. «Tous deux viennent de la bourgeoisie. Pas la méme. Les Renault sont catholiques, réalis- tes et drapiers, ils possédent un magasin place des Victoires. Le pére de Citroén est juif, réveur et diamantaire. Grugé par des es- crocs, il se suicide un jour en se jetant par la fenétre de son ap- partement, rue Lafitte. Le jeune André, brillant éléve, fort en the- me, entre sans peine a |'Ecole Polytechnique et en sort officier. Louis laisse~‘le souvenir d'un gues officielles et proclame le pays bilingue. Comme cette, no- tion n'a de sens que s'il existe des francophones 4a l|’extérieur du Québec, Ottawa décide de sen occuper. Les chefs de file franco-manitobains rencontrent les politiciens du fédéral. On leur promet mer et monde. Ils se croient la raison d’étre du pays. La Société ffanco-manito- baine (SFM) sonne le rassem- blement et accéde 4 des fonds fédéraux. Les anglophones, d’ac- cord en principe avec le bilin- guisme, rejettent sa mise en ap- délaisse la.classe et ne se pas- sionne que pour !a mécanique (...) A vingt ans, un soir de ré- veillon, il présente a des amis une voiturette qu'il a construite lui-méme dans un appentis, au fond du jardin paternel. La pre- miére Renault. «A la méme époque, André Citroén rend visite en Pologne a la famille de sa mére. Un jour a Lodz, chez un vieil artisan, il dée- couvre un modéle d’engrenage étonnant, révolutionnaire, un en- grenage @ chevrons — les fa- meux chevrons Citroén — qui va bouleverser |'industrie. Il achéte le brevet et, dans une petite usi- ne d'Essonnes, va fabriquer des ~ engrenages. Le soir, il se trans- forme en dandy, et fréquente un cabaret de la rue Caumartin, le «Bleu pale», tenu par son frére Bernard (...) «Louis Renault, les traits durs, le visage barré d'une grosse ~ _moustache, les épaules larges, n'a pas eu le temps d'apprendre l'orthographe et ne songe jamais plication. Les subventions_ dimi- nuent, et puisqu’on n'a réveillé que les besoins, la subvention devient objet de lutte. «ll reste au Manitoba moins de 40,000 personnes dont le fran- cais est langue d’usage; soit 4% de la population.» Raymond Gauthier, réalisa- teur de Le Manitoba ne répond plus, est né en 1950 a Saint- Jean-Baptiste, au Manitoba. Ba- chelier és arts de l'Université du Manitoba, il a réalisé notam- simé dans des boites de nuit ni a risquer un Centime sur un tapis ‘vert. Il préfére construire des voitures et participer a de gran- des épreuves sportives: Paris- Bordeaux, Paris-Toulouse,- Paris- Vienne, Paris-Madrid...» C'est ainsi que tout a com- — mencé pour ces deux hommes extraordinaires. Un peu plus tard, chacun de son coté fait la découverte de |'Amérique. Ils dé- couvrent, chez Ford, l'efficacité du travail a la chaine. On les retrouve tous deux sous |'unifor- me: c'est la guerre de 1914. Mais ils ne sont pas longtemps sol- -dats. Louis Renault est récupeé- ré par le ministére de la Guerre qui lui demande de construire: ‘moteurs d’avions, obus, autos mitrailleuses, chars d’assaut, etc. : Quant a Citroén, il fabrique en quatre ans plus de cent millions d'obus pour l'armée francaise. Aprés la guerre, en 1919, Re- nault produit de nouvelles voitu- res;une 6 CV, une 10 CV. Il aa ment certaines émissions de Carnet des arts & Radio-Canada. : De 1971 4 1973, il est successi- vement assistant a la produc- tion, réalisateur associé puis réalisateur-pigiste a la télévi- sion de Radio-Canada a Winni- peg. En 1974 et 1975, il est pro- ducteur délégué de la Régiona- lisation-Ouest de la production francaise de l'Office national du film & Winnipeg. Enfin, c'est en 1976 qu'il réalise Le Manitoba ne répond plus. Citroén produit également des | milliers de voitures de différents modéles. Il bat des records, no- tamment celui des 24 Heures, avec sa 40 CV. Il crée des lignes d'autocars en Afrique. Aupara- vant, il avait fait franchir l'Afri- que avec l'envoi de sa fameuse Croisiére Noire. et l'Asie, avec sa non moins célébre Croisiére Jaune. Il est célébre. II regoit Lingbergh, Clemenceau, le prin- ce de Galles, Henry Ford... Mais, langant sa fameuse traction a- vant, pas encore au point mais qui un jour fera sa gloire, il est: ruiné et meurt seul, déshonoré cans une clinique du 16e arron- dissement, en 1935. Ironie du sort, son corps est transporté dans un fourgon de marque Re- nault. Produite par |’Alliance de pro- duction cinématographique et la Société Nouvelle Pathé Cinéma, Des autos et des hommes est une série de Henri de Turenne et André Barret, réalisée par “ecancre aux mains nolvess" quiv~ ~~ralter beire-du-champagne-millé -~soh emploi 25,000 ouvriers. \* ''''’ Claude Savarit.