12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 25 Novembre 1977 «Remembrance» par Roger DUFRANE Remembrance! Ce mot du douziéme siécle, que les Anglais nous ont pris, je veux le reprendre pour sa résonance nostalgique. Re- membrance! “Remembrance Day”, “Jour du Souvenir”. On sait que la date du 11 novembre commémore la si- gnature de l’armistice de 1918, qui consacrait la défai- te de l’Allemagne. A cet égard, le Larousse Univer- sel, édition 1922, donne une définifion 4 la fois exacte et surprenante. Surprenante, puisque la plupart des es- prits d’alors croyaient |’ar- mistice le signal d’une paix permanente. Exacte, puis- que la définition se lit ainsi: “Armistice, interruption mo- mentanée des hostilités par accord mutuel”. Et en effet, la guerre avec |’Allemagne reprenait vingt ans plus tard et laissait sur l'Europe et le monde des séquelles non encore guéries. On célébre l’armistice en souvenir de cette double catastrophe. L’armistice est un jour solennel ot on se remémore ceux qui sont tombés sur les champs de bataille. Vancouver, comme d’autres cités d’Amérique et d'Europe, se souvient. A Victory Square, les priéres montent dans le jour gris ou - - tournoient les mouettes, les cloches sonnent et les trom- pettes se lamentent. Des fleurs se déposent sur la - dalle du-cénotaphe. Puis se met en marche le défilé des anciens combattants et des différents corps d’armée, di- gne, sans allégresse, et qui attristerait les spectateurs si les cuivres des fanfares et les uniformes rutilants n’ajoutaient au cortége |’at- trait des revues militaires. Elevé en Belgique et en France, 4 une époque ot les armées raffermies par la victoire aimaient le panache et le clairon, les parades de soldats m’ont de bonne heu- re enthousiasmé. Elles mon- trent le beau cété de cette machine a tuer qu’on appelle Varmée. Les fantassins défi- lant aux sons des braban- connes ou des marseillai- ses m’ont fait descendre dans les rues, de méme que les feux d’artifice des fétes nationales. Aujourd’hui, les plaintes pastorales des cor- nemuses, tenues par des hommes en tartan, m’émeu- vent, surtout lorsque je pen- se que dans les déserts de Lybie de tels hommes tom- baient en revoyant dans un - éclair les prés et les monta- gnes de leur pays. Il faut stationner sur Has- tings Street le jour de |’ar- mistice pour redécouvrir le patriotisme canadien. Ce jour-la j’observais, aux abords du cénotaphe, dont la pierre grise se dressait par- mi les verdures humides, la foule attentive. A mon cété, deux civils de cinquante-cing ans environ, le coquelicot des Flandes piqué a leur bérét, saluaient martiale- ment durant les deux minu- tes de silence, puis repre- naient |'évocation de leurs souvenirs. Sans bien enten- dre ce quiils se disaient, je me plaisais 4 l'imaginer. Nul doute qu'ils n’aient libéré. Mons en Belgique, qu’ils n’aient recu une gerbe de fleurs de quelque jolie Mon- toise, qu’ils n’aient goité aux savoureuses recettes lo- eales. Quelles images défi- lent dans les mémoires des anciens combattants? Des images viriles et tendres, héroiques et amicales, bruta- les et douces, en somme des | Etes-vous Ala recherche : ide suggestions { de Noel? pour vos cadeaux Avez-vous pensé d offrir des livres en frangais? | La librairie «Le Soleil» vient de recevoir | 500 livres pour enfants et adultes. Venez faire votre choix parmi la variété de volumes | que nous vous offrons G des prix trés réduits. Librairie «Le Soleil» 3213 rue Cambie, Vancouver, C.-B. | é .gostire sf $ taoee > images humaines. Elles dif- férent selon les origines. Les uns se voient monter a Yassaut sous le drapeau bri- tannique. Les autres. se voient libérant le sol de leurs aieux, la Normandie aux gras paturages. Tous éprou- vent la fierté d’avoir servi leur pays et ce qu'il repré- sente a leurs yeux: un idéal de liberté né sur un demi- continent de plaines, de montagnes, de foréts, de lacs, le Canada! Enfant, je passais parfois mes vacances dans la Bori- nage, a quelques kilométres de la frontiére frangaise. Dans ce pays de maisons de briques, de bosquets, de riviéres jaseuses, attristé alors par les charbonnages mais redevenu vert depuis qu’on ne les exploite plus, mon grand-pére, féru d’his- toire locale, me parlait de Dumouriez. I] me montrait Vescarpement de Jemmapes ot les Francais de 1792 “yeux, battirent les Autrichiens, | avant d’étre recus a bras * ouverts par une population francaise de coeur et de langage. Je me rappelle aussi les propos de deux vieilles cousines. Elles étaient montées sur la route EN 40 ANS: de Mons en 1918 pour voir passer les soldats Cana- diens. “C’étaient de beaux hommes en kaki et qui conversaient dans notre dia- lecte!” disait, les larmes. aux Vainée des deux soeurs. Et je pensais a part moi qu’un de ces beaux horhmes I’avait peut-étre sé- duite. Ma cousine ajoutait: “Ils venaient du pays des sapins et ils chantaient “A la claire fontaine...” Mes deux cousines ne pouvaient se figurer le Cana- da dans son entier. Aujour- d’hui encore, lorsqu’on évo- que le Canada devant des Belges ou des Frangais, leur vision ne dépasse pas |’Onta- tio. Mes cousines ne connais- saient ni les Canadiens- Ukrainiens de |’Alberta, ni les Canadiens-Chinois de Vancouver. Nées dans‘un pays bien arpenté et mesu- ré, elles ne concevaient pas la démesure canadienne. _E]- les s'en tenaient a ce qu’on leur avait dit, un pays mi-an- glais, mi-fran¢ais, et francais du cdté qui regarde vers l'Europe. Cette vue simplis- te reste vraie. Les deux peu- ples fondateurs demeurent. le francais et l'anglais. Voila pourquoi je souhaite que ces deux larges groupes, aprés des concessions mutuelles, et moins d’ignorance voulue, continuent a vivre sous un méme drapeau, en se ten- dant la main d’un océan a Vautre. PPLPLELLLLEEED DP BEB Sp dp : Le coin du traducteur ¢ RERBLEL DEB pf pcp pos “MOULIN A PAPIER” (pop.) L’emploi de “moulin” au sens d’usine est un archaisme entretenu par l’anglais mill. “Moulin a papier” apparait comme un canadianisme inutile puisqu’il fait double emploi avec les termes recus en francais universel. A DECONSEILLER: MOULIN A PAPIER MIEUX: PAPETERIE — FABRIQUE DE PAPIER HEAD TRACKING [TV] Définition: Mise en position des pistes par rapport aux tétes du magnétoscope. Traduction: CENTRAGE DES TETES. LANGUAGE BARRIER ((ling.) Définition: Obstacle 4 la communication provenant de labsence d’une langue commune. Traduction: MUR, BARRIERE, OBSTACLE DES LANGUES SPARE PART SURGERY (méd.) Définition: Chirurgie de la greffe des organes. Traduction: CHIRURGIE DE GREFFAGE. WALKWAY (constr.) Définition: Passage praticable aménagé entre deux ~ étages pour faire passer les canalisations (eau, électricité, gaz, ete.) et dans lequel les techniciens d’entretien peuvent circuler pour faire des travaux. Traduction: GALERIE (des canalisations). PLUG [FREE] (publ.) Définition: Publicité clandestine faite a |l’occasion d'une émission de télévision. Traductions: PUBLICITE DISSIMULEE, DEGUI- - SEE, LARVEE, PUBLICITE NON AUTORISEE. 4 L’épargne des particuliers est passée , 4 de 2 a 37.2% dans les caisses d’épargne et de crédit du Quebec Les caisses d'épargne et de crédit, au Québec, ont ‘vu leur part de marché augmenter de 2 a 37.2% au niveau de la collecte de |l’épargne des particuliers sur une période de 40 ans. Telle est l'une des constatations d'une étude ré- cente de M. Jean Labrecque, du Centre de gestion des coopératives de |'école des H.E.C. Cette croissance de "importance des caisses dans le domaine de la collecte de l'épargne s'est effec- tuée surtout aux dépens des banques et en particu- lier des banques a charte opérant a |’extérieur du Québec. L'étude én question sera publiée en entier dans le prochain numéro de la revue Desjardins. Le tableau ci-dessous illustre !'évolution de 1|’é- pargne des particuliers: : we © ete Se VV SS ee PHCED Epa hv ceeyess “SLEW om 2. & i jae tet | - QUEBEC — EPARGNE DES PARTICULIERS | Pourcentages détenus par chaque institution ay Caissesd’Epargne’ 1935 1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 et de Crédit : ; : | -Féd. Québec 2.0 3.9 11.8 14.2 19:2 23.9 27.4 27.8 344 ‘Autres ee zo 0.5 0.7 1] 17 2.7 Sad cables 2.0 3.9 12.3 14.9 20.3 25.6 30.1 32.9 Seroty : ne Banques d'‘Epargne* 14.9 15.3 13.3 12.8 12.5 10.5 9.6 73 5.9 Banques a charte Québécoises f : -B.C.N. 19.5 20.0 20.3 19.4 18.0) 15.0 11.9 «118 11.2 -Provinciale 6.3 6.4 7.6 7.0 6.8 6.0 5.3 5.6 5.6 25.8 26.4 279 26.4 24.8. 21.0 17.2 17:4 16.8 Canadiennes ; ; -Bk of Mtl. 22.1 21.6 18.4 16 Al. 46 \ 1237, 11.5 9.8 9.3 Bay -Royal Bk. 11.6 10.3 8.7 9.6 8.3 8.0 8.1 8.2 7.5 -C.1. Bk of Comm. 9.2 8.9 8.6 8.3 8.2 8.4 7.8 7a 6.6 T.D. Bk 2.6 “27 2.9 2.8 3.2 3.4 2.8 2:01.45 Digs -Bk. N.S. 3.1 d27 D2x 2.4 2.4 2.4 2.5 2.5 2.5 48.6 46.2 40.8 39.2 34.8 33.7 31.0 S00. 27-0 ‘Cies de Fiducie : a et de Préts Hypoth. 8.7 8.2 5.7 6.7 We 9.2 12.1 12.4 13.1 TOTAL 100.0", 100.0%, 100.0% 100.0% 100.0% 100.0%, 100.0% 100.0” 100.0% _ "En 1969, une banque d’épargne a été absorbée par Ia Banque Provinciale 2 (