Le Moustique Volume 3 - 7° édition Juillet 2000 NOwUVehles Seen UEeS Curieux comment va la science. D’ordinaire, une science nouvelle débute par la taxonomie. C’est le stade préalable ow |’on fait le compte des différentes piéces du puzzle, ot on les classe, ou on les hiérarchise. Ensuite, on étudie les relations qui peuvent exister entre les différents éléments du classement et c’est alors qu’on voit apparaitre une certaine dynamique. Enfin (et en simplifiant énormément), on tire des lois globales qui permettent de comprendre le mécanisme général et, parfois, sa raison d’étre, méme sa justification. Il en a été ainsi en biologie ot von Linné a créé son fameux systéme d’ organisation des étres vivants, utilisant une classification binominale. Que je sois appelé Homo sapiens (et ma femme aussi) appartient a la phase 1 de |’évolution des sciences biologiques. Dés lors, on ne peut plus me confondre (ni davantage ma femme) avec un ane, un singe ou un chameau. Dans le stade suivant, Darwin établit une relation de continuité entre les différents genres, illustrant ainsi |’évolution (je ne suis pas un singe, mais j’en descends tout de méme, et ma femme aussi). Enfin, Mendel découvre |"hérédité qui explique |’évolution et la justifie dans une certaine maniére (la ma femme pensera qu’on aurait bien du mal a justifier quoi que ce soit en ce qui me conceme). Méme chose en astronomie, ow |’on a d’abord reconnu les différents corps célestes : nuages de poussieére, planétes, étoiles, naines blanches ou géantes rouges, et j’en passe. La phase 2 est souvent la plus difficile car elle nécessite l’introduction, dans le raisonnement, de nouvelles variables, élevant ainsi le systeme a une dimension supérieure. Le recours a la variable temps a permis de percevoir que le phénomene était évolutif. Ainsi, en faisant intervenir la gravité et dépendamment de la quantité de poussiére au départ, on peut prévoir quel corps céleste se formera. L’évolution d’un nuage de poussiére peut deboucher sur une terre ou une planéte géante. Avec plus de matiére au depart, on peut obtenir un soleil qui évoluera vers une géante rouge ou une étoile plus massive qui finira en naine blanche ou dieu sait quoi encore. La cosmogonie, elle, se charge d’expliquer le mécanisme de |’univers et peut-étre, un jour, sa justification. La chimie aussi a eu ses ‘’dénombreurs’’, puis le génial Mendéléev avec son tableau périodique qui combine classement et fonction, enfin la chimie nucléaire pour expliquer la cause. II en va ainsi pour toutes les sciences. Méme les médecins ont débuté avec le denombrement des maladies, a une époque pas tellement éloignée ot leurs tache et responsabilité résidait plus dans le diagnostic que dans la thérapeutique. Curieusement, dans le cas du génome, il semble que les choses se soient passées différemment. On a tout d’abord reconnu sa structure avec les travaux de Watson et Crick, au début des années cinquante. Des lors on a compris son fonctionnement et la maniére avec laquelle il participait a la fabrication du corps. Maintenant seulement, on a fait le compte de ses éléments constitutifs et on espére bientot les identifier précisément. En fait, le cycle est toujours le méme. Ce qui fait l’ importance du décryptage de la carte génétique de Vhomme c’est, en fait, qu’une nouvelle science est née. La mise au point de techniques de préparation et de séparation de séquences de génes et l’utilisation d’un instrument de plus en plus puissant tel que l’informatique permet une nouvelle approche dans |’étude du génome. On verra d’ailleurs trés vraisemblablement apparaitre de nouveau noms. On dira peut-étre qu’avec l’an 2000 est née la génomeétique. Jack Blacke