eve eee Nord et l'Europe. Il est vrai aussi que ces voyages ont influencé le développement des idées littéraires, tel le mouvement romantique par exemple, qui vit son apogée en France au cours du 19e siécle (51). 3. Textes des missionnaires: Les missionnaires catholiques francophones furent présents dans la région du Pacifique Nord Ouest dés la premiére moitié du 19e siécle et furent, avec les navigateurs et les voyageurs, parmi les premiers 4 donner des descriptions a la fois des langues et des sociétés amérindiennes. Ils eurent aussi beaucoup de contacts avec les autres Francophones. Leurs écrits sont donc d’une particuliére importance pour l’historien et le spécialiste des sciences humaines. J’ai publié ailleurs une liste des principales sources documentaires concernant les travaux des missionnaires sur les langues et sociétés amérindiennes de la région (52). Parmi les travaux les plus importants signalons encore une fois ceux des péres Petitot et Morice (53). Le pére Oblat Le Jeune publie, avec le pére Durieu, des dictionnaires et des pamphlets religieux écrits en langues amérindiennes (54). Le Jeune met au point une méthode de transcription des langues amérin- diennes, le Wawa (mot d’origine Chinook, signifiant “parler”, “com- muniquer”) dans lesquel il transcrit la Bible (55). Signalons également les travaux du pére Brabant sur les langues Nootka (56) ainsi que ceux de Blanchet (57) dont le dictionnaire de la langue Chinook est l'un des premiers du genre. Comme on sait, le Chinook était la langue vernaculaire de la région et ceci presque jusque vers le milieu de la deuxiéme moitié du 19e siécle. 4. Textes francophones d origines diverses. Les textes auxquels nous nous référons ici sont en rapport avec les arts des Indiens du Pacifique Nord Ouest et l’impact de ceux-ci sur l’imaginaire occidental. On pense tout particuli¢érement aux écrivains et artistes surréalistes dont la rencontre avec l’univers mythologgiue et “magique” des Indiens a donné lieu a des manifes- tations artistiques et littéraires extraordinaires—dont j’ai souligné l'importance ailleurs (58). Dés les années 1920, André Breton et Paul Eluard se rendaient au Musée Ethnographique de Paris et au British Museum. L’exposition surréaliste de Paris (1936) expose des objets et des photos d’objets indiens de la céte du Pacifique. Cet intérét des Surréalistes pour les civilisations amérindiennes de la région ne devait jamais se démentir et se réflétera autant dans les écrits d’André Breton (59), de Vincent Bounoure (60), de Philippe Audouin (61) que dans les peintures et écrits de Max Ernst, de W. Paalen (62), de K. Seligmann (63), pour ne nommer qu’eux. En littérature, l’ouvrage de Michel Butor, “Boomerang”, met en scéne la mythologie, les chefs et les chamans amérindiens de la céte au travers du traitement et de la réécriture de textes d’anthropologues (ceux de Franz Boas surtout). Dans le domaine des média (radio), la piéce dramatique “Le Voyageur et Masque” de Buchholtzer (64), décrit 4 sa fagon la rencontre avec l’univers poétique des Indiens parmi les innombrables iles de la céte du Pacifique Nord Ouest. Alors que les Surréalistes ont imprimé une orientation et une perception nouvelles a l’art et a la littérature occidentale et mondiale, il est remarquable que des peuples relativement peu connus, les 30 LA CONNAISSANCE DE L’AUTRE... Amérindiens du Pacifique Nord Ouest, aient une part si importante et si enrichissante dans le développement culturel contemporain du Canada. D. CONCLUSION GENERALE De ce bref apercu de la contribution francophone a la connaissance des peuples amérindiens du Pacifique Nord Ouest, on peut constater que celle-ci se répartit selon quatre sources principales: les travaux des spécialistes, la littérature des voyages, les écrits des missionnaires et, enfin, les publications et les oeuvres contemporaines qui entre- tiennent un rapport idéologique ou artistique avec le monde amér- indien. Alors que la littérature des voyages s’évanouit lentement (au profit, malheureusement, d’une production de textes a usage touris- tique), les contributions des missionnaires marquent le pas également, du fait sans doute des changements historiques et politiques qui ont eu lieu depuis leur arrivée dans ces regions. aa Mais aujourd'hui, on voit lentement émerger tout un ensemble de productions textuelles, taht dans le domaine du savoir anthropo- logique ou linguistique que dans celui d’une littérature encore balbutiante. Ceci démontre, a sa maniére, la richesse de |’incursion de l’univers mythique et culturel amérindien dans nos propres catégories de pensée. La langue francaise marque actuellement d’impressionnants progrés dans l’enseignement public de la Colombie Britannique; les “voyageurs” que nous sommes plus ou moins encore dans ce Van- couver d'un siécle d’age ne peuvent qu’attendre avec impatience les fruits de cet intérét pour la francophonie. A cet égard, la rencontre de cette derniére avec les premiers habitants du Pacifique Nord de l’Amérique reste d’une fécondité pleine de promesses. “KNOWING OTHERS: FRANCOPHONES AND PACIFIC NORTHWEST COAST INDIAN SOCIETIES AND LANGUAGES 1786-1986” by Guy P. Buchholtzer U.A. 1026 A. GENERAL CONSIDERATIONS. The discovery of America—its inhabitants, its savageness and its immensity-is at the origin of many texts in history, politics, Le chronographe Volume III no. 1-2, Printemps-Eté 1986