a nn LONDRES — Un membre de la mission commerciale soviétique: a Londres, Mme Irina Teplyakova, agée de 31 ans, a obtenu I’asile politi- que en Grande-Bretagne, a annoncé le ministére britannique de I’Inté- rieur. On croit savoir qu’elle avait fait sa’ demande le méme jour que l’agent du K.G.B. Oleg Lialine, qui faisait égale- ment officiellement partie de la mis- sion commerciale soviétique. L’ambassade de l’URSS a Londres avait demandé au Foreign Office ’au- torisation de prendre contact avec Madame Irina Teplyakova, peu aprés la défection de cette derniere, ap- prend-on de source autorisée. Cette requéte avait été diment trans- mise &4 Mme Teplyakova, qui a refuse de rencontrer les émissaires de l'am- bassade, assure-t-on de méme source. Il avait éte révélé , que M. Oleg Lialine, l’officier du K.G.B. avait lui aussi regu — et rejeté — une de- mande analogue de l’ambassade. Selon 1’‘Evening News”, Mme Te- plyakova était la secrétaire d’Oleg Lialine 4 Ja mission commerciale d’U- nion soviétique. Le mari de la jeune femme. blonde et jolie, serait également en poste a Londres. D’aprés des témoignages re- cueillis par le journal britannique du soir, “un ami” de Mme Teplyakova aurait affirmé que M. Lialine “était extrémement épris de la jeune femme”. Mme Teplyakova réside dans la ca- pitale britannique depuis deux ans. Le Home Office, s'est refuse, pour le mo- ment, a indiquer si elle se trouvait aupres de M. Lialine. Diplomates espions Prés d’une cinquantaine des cent cinq officiels soviétiques inscrits sur la “liste noire” du Foreign Office, se- raient en fait des diplomates bénéfi- ciant de l’immunité et non des fonc- tionnaires de la mission commerciale, informés britanniques. La plupart au- raicnt rang de conseillers ou de secre- taires. La liste diplomatique officielle n’énumére pas moins a la rubrique “Union soviétique” onze conseillers et quarante-cinq secrétaires de grades différents: La mission commerciale emploie elle, plus de 400 personnes. Les diplomates 4 qui l’expulsion a été épargnée risquent fort néanmoins de devoir quitter Londres, a indiqué pour sa part le “Daily Express” qui avait révélé J’identité d’Oleg Lialine. Selon ce journal, Moscou se- rait trés mécontent du personnel de son ambassade pour ne pas s’étre in- quiété de la vie agitée que Lialine menait a Londres, et un certain nom- bre de tétes ‘“‘tomberaient”. Parmi elles celle du No 3 a |’ambassade, M. Victor Ivanov, le chef de la mission commerciale, supérieur direct d’Oleg Lialine. Le ‘Daily Express” a ajouté que quatre des onze conseillers seront de toute facon expulsés. Le KGB ‘‘doubie” \Intelligence Service _ Plus personne en tout cas ne doute a Londres que c’est volontairement que Jes Soviétiques ont donné au “Daily Express” les indices qui de- vaient permettre au journal d’identi- fier facilement le transfuge. Les rai- son d’agir ainsi, estime-t-on, sont clai- res: dans l’impossibilité d’avertir tous les contacts de Lialine qu’ils étaient désormais ‘‘brulés”, en raison du cloi- sonnement eétroit des services secrets soviétiques, le K.G.B. a “‘doublé” le contre-espionnage britannique qui gar- dait secréte Videntité du transfuge pour les raisons inverses. On voit mal sans cela, comment un diplomate so- viétique de rang important, commé M. Vladimir Pavlinov, aurait accepté de sentretenir avec les reporters ‘du croit-on savoir dans certains milieux journal 'ondonien. J En donnant ,le nom de leur “‘trai- tre’, les Soviétiques, en outre, ont pu commencer a mettre le doute dans les esprits sur les révélations de Lialine, en soulignant qu’il était un fonction- naire modeste, menant une vie disso- luc ct incapable donc de porter de lourdes responsabilites. ‘Ces boftes de carton se ressentaient peut-étre des effets de l’alcool en bouteilles qu’elles contenaient auparavant. Toujours est-il que John Savereux, qui les transportait A un supermarché de Windsor, en Ontario, pour la livraison 4 domicile, a eu toutes les difficultés du monde 4 les empécher de caracoler. Schumann a Québec Le ministre franeais des Affaires étrangéres, M. Maurice Schumann quis sétait arrété a4 Ottawa avant de se rendre a Assemblée générale des Nations Unies, est revenu au Canada avant de retourner en France. Cette fois, c’est & Quebec qu'il a effectué sa visite a caractere offi- ciel. 1] consacrait ainsi la reconnais- sance de liens speciaux entre la France et le Québec, liens qui né- cessitent des relations directes. Ces relations, selon lui, ne vont pas en contradiction avec celles qui peu- vent exister entre Ottawa et Paris. La surtaxe Malgré le mécontentement des pays non-communistes a lendroit de la surtaxe américaine de 10 p. 100 sur les produits etrangers im- poriés aux Etats-Unis, il semble bien que Washington gardera celle mesure en vigueur tant el aussi longtemps que la balance ameri- caine des paiements resiera deéfici- faire. C'est ce qui ressort des pro- pos tenus, par le secretaire au Tresor, M. John B. Connally. Le ministre canadien des Finan- ces, M. Edgar Benson, qui se trou- vait, cette semaine, a Washington pour présider une reunion speciale des dix principaux pays membres du Fonds monétaire international, a donné aux Etats-Unis lavertisse- ment que la surtaxe risquait. si elle n’étail pas bientot abandonnée, de provoquer une guerre tarifaire internationale. Entre-temps, a Ottawa, les Com- munes ont adopté en derniere lec- ture le projet de loi visant a mel- tre la sonmme de $80 millions a fa disposition des industries canadien- nes touchées par la surfaxe. Espionnage La Grande-Bretagne, dans un geste sans précédent dans les an- nales de la diplomatie, a ordonné expulsion de 105 diplomates sovie- tiques stationnés a Londres. fille les accuse de s’étre livrés a lespionnage. Les noms de ces di- plomates étaient conlenus dans une Jiste fournie par un commis de la mission commerciale sovietique a Londres, Oleg Lialine, qui a de- mandé et obtenu asile politique en Grande-Bretagne, de meme qu'une -collégue, Mme Irina Tepliakova. Le Synode Le Synode des évéques catholi- ques qui a débuté, cette semaine, a Rome, a commence a s’attaquer a une question fort controversée, de nos jours: le célibat des prétres. On prévoit des discussions assez fermes sur le sujet. L'un des participants au Synodel est. le- cardinal Josef Mindszenty, primat de Hongrie, qui a eté am- nistié par le gouvernement de Bu- dapest a la condition qu'il quitte le pays et n'y remette jamais plus ted pieds. Le prélat s’était refugié a la le- gation américaine de Budapest el y vivait, depuis quinze ans. La Chine Les célébrations du ler octobre, féte de l’accession des communis- tes au pouvoir, en Chine, ont ete modestes, cette année. Pas de deéfilé, pas de discours. La semaine ‘derniére, les sinolo- gues étaient portés a croire qu'un événement sensationnel avait di se produire, a Pékin, pour motiver Vannulation du defilé traditionnel du ler octobre. Rien d’officiel n’a encore trans- piré jusqu’a ce jour et on en reste toujours aux hypotheses. Les évéques canadiens etledroita — lautodétermination Si on avait demandé aux évéques de Grande-Bretagne et d'Irlande il y a cing ans. quel était le pro- bleéme fondamental auquel ils de- vraient accorder la priorité. peut- étre s’en serait-il trouvé plusieurs ur affirmer que c’était le pro- léme du clergé: ou des écoles con- fessionnelles: ou de la justice dans le monde. Ils savent aujourd’hui, alors que chaque jour enterre ses morts, quel était le probleme fonda- mental du pays. : Peut-tre, avant l'éclatement de la violence, une prise de position de la part de la hiérarchie aurait-elle eu peu d’écho. Peut-€tre au con- traire aurait-elle stimulé bien des consciences et facilité la recherche d’une juste solution politique. Au- jourd’hui, ils assistent —_ impuis- sants au glissement terrifiant de tout l’Ulster vers la guerre civile. Le probleme fondamental au Ca- nada, celui qui a causé le plus de tensions et de violence, depuis tou- jours et particuligrement depuis dix ans, ce n’est pas celui du céli- bat des prétres, ni des écoles ca- tholiques, ni de la justice ‘dans le monde’, mais la justice ici méme dans les rapports entre Canadiens francais et Canadiens anglais, et particulierement la situation du Québec au sein de la Confédeération. Les évéques canadiens réunis a Edmonton ont paru cette semaine décontenancés par un projet de ré- solution sur le droit du Québec 4 l’autodétermination. On aurait par exemple concu une formule de com- romis reconnaissant le droit 4a ‘autodétermination dans le cadre canadien. Plutét que de voter des formules semblables qui disent oui dans la premiere ligne pour dire non dans la deuxieme, mieux valait reporter le débat a plus tard. La question ne saurait cependant étre éludée indéfiniment. Les éve- ues catholiques, spécialement les evéques canadiens-francais, —_ ont joué un rdle important dans l’ins- — tauration, voire l’imposition des régimes de l'Union et de la Confeé- dération. Ils furent vivement atta- qués a l’époque pour avoir choisi la collaboration avec Londres et le pouvoir colonial en place. A cha- que époque de juger le comporte- ment de ses institutions et de ses hommes publics. Il ne s’agit plus de nos jours de faire grief au clergé d’avoir joué un role politi- que et constitutionnel majeur. Les évéques voudraient-ils au- jourd’hui privilégier une formule constitutionnelle particuliere = — confédération, union moneétaire, indépendance — quiils pourraient difficilement s’entendre entre eux et: avec leur clergé. Ils risque- raient du reste, en tentant de favori- ser une option particuliere, de se- mer la division parmi les fideles, naturellement partagés entre les op- tions qui s’offrent a eux. La n’est plus leur réle. En contrepartie, ils sont plus ~ libres de guider le comportement moral de leur Eglise. Or, il n’est pas indifférent qu’une question aus- si fondamentale que le droit d'un peuple a disposer de lui-meme et de ses institutions politiques soit reconnu ou non par ses voisins. Par- tout ou ce droit est nié, les crises et les crimes politiques et sociaux sont plus nombreux, plus cruels, et les solutions encore plus désespe- rément difficiles a trouver. Il n’est pas demandé aux évéques, tant anglophones que francophones, de prendre parti pour la Confédera- tion canadienne ou pour | ’indépen- dance du Québec. Aux fideles et aux hommes de bonne volonté qui s’interrogent 4 ce chapitre, et qui les interrogent, il est demandé une opinion morale et spirituelle: Si_les Québécois veulent former un Etat indépendant, le reste du Canada peut-il s’opposer a leur décision, ou les autres citoyens du Canada doivent-ils favoriser un réglement pacifique de la séparation? C’est cela le droit a |’autodéter- mination. On peut le proclamer avant que se fasse le choix des ci- toyens, et, quel que soit ce choix, privilégier les moyens pacifiques de réglement politique. On peut se taire et, les moyens non pacifi- ques prévalant, sortir le catafal- ue et attendre les morts. C’est ‘un autre prophétisme que les vivants ont besoin. Jean-Claude LECLERC} — 8 OCTOBRE 1971