14—. Le Soleil de Colombie, vendredi 8 juin 1984 Explorateurs du passé Par “See Spagnolo Troisiéme aventure Une curieuse urgence, l’or- dre a Cartier d’appareiller immédiatement et de prendre le large, de Roberval devait le rejoindre deux mois plus, tard avec ses trois navires au Cap Bonavista (Terre-Neuve) . Départ donc de Cartier de Saint-Malo, le 23 mai 1541, = trés mauvais temps. A erre-Neuve, Cartier remar- qua qu'un navire-espion espa- gnol, qui l’avait suivi a tra- vers tout 1’Atlantique, fit demi-tour, car hors de la zone de l’Espagne. Quatre-vingt-douze _ jours aprés son départ initial, Cartier se trouva au pied du rocher de Stadacona (Québec) . Chaque année, les Indiens surveillaient les rives du fleuve, attendant la ren- trée de leur Chef Donnacona et les hommes enlevés, et ce, chaque été. Ils furent décus de ne pas le voir avec le navigateur, tandis que dAgona, le chef que Taignoagny voulut faire enle- ver par Cartier, ne ]’aimant pas, mit au courant de la mort de Donnacona en France, eut une attitude hypocrite mais heureux dans son for inté- rieur, il devenait le Roi du Kanata (Canada), mais, éga- lement avec _ hypocrisie, Cartier mentit en disant a Agona que les autres Indiens s‘étaient. mariés 4 des Fran- caises, ne désiraient par reve- nir 4 leur pays ... La con- fiance envers les blancs s'ébranla. Cartier fit mouiller ces cing navires 4 un point éloigné de dix kilométres au-dessus de Stadacona, au Cap Rouge. Le 2 septembre 1541, Cartier renvoya a Saint-Malo un navi- re afin de porter au Roi, un message, signalant qu'il comptait passer l’hiver la, que de Roberval n’a pas donné ‘signe de vie et qu'il avait besoin de renfort. Charlesbourg-Royal Jacques Cartier fit batir deux forts, l’un sur les bords, du Cap Rouge, l’autre au sommet de la colline. Il fit planter des choux, laitues, navets et divers) légumes sur une terre trés fertile : ce fut le début de la colonie de Charlesbourg-Royal. Lors d’une journée ensoleil- lée, quelques hommes du camp grimpérent au sommet de la colline et découvrirent une source d’eau potable, prés de laquelle ils virent des pierres scintillantes, ils crié- rent c'est du diamant; le jour suivant, c’était de l’or et de r t, ils remplirent des barils de leurs trouvailles ... on verra la suite. Cartier, de son cdété, avait son idée, atteindre les terres du Saguenay et leurs riches- ses. Avec quelques hommes, il voyagea, rencontra des tri- bus, peu amicales d’ailleurs, il dut revenir 4 Charlesbourg- Royal, inquiet. Rien dans son journal de l’hiver 1541-42, il devait étre las d’écrire, de sera ou bien la narration ut égarée : le fait est que cet hiver-l4 fut plus rigoureux que celui d'il y a six ans: le scorbut se déclara, fut jugulé a aye par le fameux breu- vage des sauvages. Il eut des ennuis avec les hommes tirés hors des prisons, ils lo ient trop du cété des barils rem- plis de richesses ... s'ils savaient? Pour Cartier, l’expérience Canada devenait chose du passé, il avait 52 ans, il était prét a oublier son réve de constituer une, Nouvelle France au-dela des mers. Depuis le début de son entre- prise, il fut tiraillé par les Jacques Cartier indécisions de la Cour Royale, ar les armateurs cherchant a débaucher les hommes de ses équipages, par une popula- tion peu impliquée a vouloir implanter des colonies a l’étranger. Il pensa, €puisé, d’avoir, somme toute, peu fait, pour- tant beaucoup pour les géné- rations futures, par ses décou- vertes, ses récits, ses cartes, sa ’ pénétration assez profonde dans un monde inconnu, a vu des richesses, des terres trés fertiles, d’immenses foréts, des fleuves et des riviéres, en somme de belles perspec-' tives pour l’avenir. I] n’eut pas tort. Fin d’un réve Mi-juin 1542, Cartier de retour, atteignit Saint-Jean sur la céte-est de Terre-Neuve ov il jeta l’ancre et trouva 17 navires de péche, des Espagnols, des Portugais. Au mouillage, au loin, il vit trois grands voiliers hérissés de gros canons, de suite, Cartier devi- na, c’était le Lieutenant géné- ral et gouverneur du Canada, du Saguenay et d’Hochelaga, son Chef d’expédition. «Il est: donc venu ce gouverneur du Canada», cria-t-il. Noblesse oblige, il monta a bord, voir le retardataire Sieur de Roberval, étonné de le voir 14 avec ses navires. Un dialogue sec eut lieu : «pour- quoi étes-vous ici, Cartier?» Et Cartier de dire : «Vous n’étes pas venu fidélement suivant votre promesse : entretemps j'ai établi deux fortifications a Charlesbourg-Royal, je ne pouvais plus faire face a certaines inimitiés. des tribus Indiennes, de l’attitude des — repris de justice que vous m’avez donnés, |’ impossibili- té de passer un autre hiver, je rentre en France.» De Roberval se révolta et dit : «Je suis ici maintenant et nous retournerons ensemble; Cartier, notre expédition a été fixée A deux ans, nous ne sommes pas des déserteurs : nous avons passé un an au Canada, sans votre aide pro- mise, maintenant nous ne sommes plus en mesure phy- siquement et moralement de retourner pour une année encore, nous retournons et ferons un rapport a Sa Majesté>. «Ainsi, Cartier, vous voulez retourner en France, avoir tous les honneurs, offrir les richesses trouvées au _ Roi, débiter toutes vos histoires de vos découvertes. Ces richesses, que sont-elles?» Cartier de répondre : «Nous avons dans les soutes des barils pleins, pleins.» De Roberval fit fon- dre dans ses fournaises du minerai et trouva qu'il s’agis- sait bien d’or et argent, quant aux diamants, pas moyen de sen assurer. I] informa son interlocuteur sec et dur, que la terre du Canada est riche et trés fertile, avec une plani- fication bien menée, une colo- nie auto-suffisante était du domaine du possible. Menace De Roberval hautain et furieux ajouta : «Cartier vous oubliez que je suis a la téte de cette expédition, en outre, Lieutenant-général et gouver- neur de toutes ces terres découvertes et 4 découvrir.. Le Roi Francois ler m’en a donné la charge, je vous ordonne de me suivre, sinon, je vous avertis’ Capitaine Jacques Cartier, que mes navires sont bien armés, des canons puis- sants, beaucoup d’hommes et de soldats 4 bord, je puis vous' forcer a m’obéir.» | Les menaces du Sieur de Roberval eurent peu d’effet sur ce marin blindé, il demeu- ta impassible, mais sa matié-. re grise travaillait. Par une nuit sans lune, il fit sortir ses navires 4 la cloche de - bois (excusez l’expression ...) du port de Saint-Jean et gagna la haute mer, vent plein les voi- les. Le lendemain, le Sieur de Roberval se trouva mal, il avait été largement berné : impossible de rejoindre les fuyards, ils avaient déja une belle avance. De Roberval n’eut plus qu’a se rendre le plus rapidement possible a -Charlesbourg- Royal afin d’hiverner avec ses hommes, soldats, ouvriers qualifiés, nobles, femmes et enfants, des colons et ses gibiers de potence ... Horrible cruauté Parmi les futurs colon’, se trouvait a bord une jeune fille de 19 ans, cherchant |’aven- ture, Marguerite de la Roque, niéce du Sieur de Roberval. On s’imagine bien qu’a bord de ces navires de jadis, |’oi- siveté devait régner, |’amour aussi, une idylle prit nais- sance entre cette Marguerite et un jeune homme, noble sur les bords, dit-on, de Roberval n’aima pas ce que Cupidon fit, il intima a sa niéce de mettre fin immédiatement a cette idylle. On n’a jamais connu les raisons de cette action. Marguerite plaida sa cause, sans succés, se rebiffa avec vigueur. De Roberval, tel qu'on le connaissait a !’épo- ue, brutal, dur, sans coeur, onna ordre de la mettre dans un canot et de la déposer sur une ile déserte qui était en vue (Ile de Fogo), on lui donna une gouvernante nommée Bastienne et pour leur pro- tection, quatre mousquets et des munitions, et adieu ... quelle horrible cruauté? L’amoureux, a l’insu de - tout le monde, se faufila a larriére du navire; se jeta dans l'eau et a la nage rejoignit sa bien-aimée, tandis que de Roberval, probable- ment satisfait, continua sa route. Les trois malheureux vécu- rent sous un abri de for- tune, souvent balayé par les vents et les tempétes, mangé- rent du poisson, des oiseaux, de la chair d’ours. Un enfant naquit dans de pénibles conditions, mourut par la suite, la gouvernante Bastienne aussi, puis l’amou- reux. Marguerite: seule se défendit avec un courage indescriptible, luttant pour survivre. Deux ans plus tard, un navire de péche passant aux abords de I’ile, les maris virent un grand feu de bois, elle fut sauvée. Rentrée en France, quel- ques années aprés, elle aurait raconté son odyssée 42 un écrivain francais. - Harold Horwood cite que c'est Marguerite d’Angoulet, Reine de Navarre, aidée par André Thevet, géographe. humour Un petit garcgon _accompagne sa ma- man a& un diner chez des amis. Au dessert, la maitresse de maison se croit obligée d’exécuter un morceau de vio- lon. Le petit gargon ‘n’est pas tellement séduit et chuchote a sa mére: : — Dis, maman, tu crois qu’elle va arri- ver a la scier, sa petite caisse, la da- me? Roberval a Charlesbourg Fin juillet, de Roberval ren- forga les deux forts de Cartier. A la mi-septembre, il envoya deux navires en France afin d’informer son Souverain qu'il avait établi une colonie et s'il avait recu les barils d’or et de diamants. La vie, dans cette colonie a l'abri des deux forts, fut dure, Vhiver tenace, trés peu de nourriture, le rationnement, puis le scorbut se déclara, il perdit une cinquantaine d’hommes, femmes et enfants. Le noble de Roberval devint de plus en plus brutal, pen- daison pour des larcins, dans les fers pour d'autres rai- sons, flagellations 4 tour de bras, tous y passaient, hom- mes ou femmes. Des rumeurs circulérent au sujet de ses cruautés, six de ses favo- ris ... furent fusillés. Des colons (anciens convicts) tués a la suite de rixes avec les Indiens. La moitié du groupe sur- vécut a l’hiver et 4 la mala- die. Au printemps suivant, le Sieur de Roberval décida d’aller plus loin vers les fabu- leuses terres du Saguenay, en huit grands canots et 70 hommes, dont huit se noyé- rent. Mi-juillet, retour, aucun récit ne fut connu, succés ou échec. Revenons a Jacques Cartier. (A suivre) Dans le silence et la soli- tude, on n’entend plus que — Vessentiel. Camille Belguise, «Echos du Silence». SS ARR a nn en ithe Re ~ an Un francophone. en voyage L’aventure mexicaine Par Roger Dufrane Samedi 17 mars, (Suite) Deux heures de !’aprés- midi. Dans la salle 4 manger a la haute toiture en partie vitrée, le soleil .éclaire la nappe éclatante de blan- cheur. Des cartes de la Saint- Patrick, timbrées d’Irlande,: recouvrent le dressoir. Nous attendons notre invité, un missionnnaire originaire de Dublin, une sorte de saint, dévoué corps et ame aux pauvres Indiens de la monta- gne. Le voici, un peu rous- seau et la figure rosée. Il offre a notre hétesse, Irlandaise comme lui, un disque de musique irlandaise, et a notre héte une bouteille de vin rosé d’Anjou. C’est un agréa- ble convive. Parmi d'autres sujets, il évoque la vie de Johann- August Suter, que je connais- sais vaguement, d’abord par le livre «L’Orm de _ Blaise ' Cendrars et aussi pour avoir rencontré a Vancouver un vieux médecin descendant du pionnier. ‘ Né en Allemagne de parents Suisses, en 1808, venu au Nouveau-Monde en 1834, Suter avait fondé, dans la Californie alors entiérement mexicaine, une immense et riche colonie. Vient la ruée vers l'or. On ravagea_ ses terres, on tua son bétail. On le ruina. Jusqu’a la fin de ses jours il lutta en vain auprés du Congrés américain pour une indemnité. La seule récom- pense de ce fondateur de Sacramento : une rue Suter a San-Francisco Voila trois fois que je trouve, en imagination, Suter sur mon chemin. Mais le missionnaire Irlandais est loin de se douter qu'une autre destinée m’intrigue : celle de Donna Marina, la Malinche, princesse Indienne, interpréte: et maitresse de Herman Cortes, la plus belle conquéte du Conquistador. Dimanche 18 mars, Le soleil, ici, brile assez. vite les gazons et les feuilles, qui se recroquevillent. dans le jardin. On se croirait dans une arriére-saison perpétuelle ou les arbres portent un feul- lage vert sur un tapis roux. Et tout au long de I’an les feuilles tombent une a une, poussées par les nouvelles, sous un soleil tét levé et tét cou- ché. Dans le jardin miris- sent des péches délicieuses, et des oranges, plus juteuses que celles de Californie, quoique moins belles. Le fils de mon héte m’em- méne en ville dans sa Renault, quelque chose cloche au démarrage. Voitures, camions et autobus souffrent des heurts de ce pays aux mille bosses. Nous arrétons 4 un garage de la rue Allende. Il s'agissait d'un léger ajuste- ment qui n’a rien coité. . Pourquoi? «Oh, m’apprend le fils de mon héte, le patron est le parrain de ma soeur. Il est ainsi devenu le compére de mon pére et tenu par la tradition a l’aider, tout com- me mon pére l’assiste a l’oc- casion. Les Mexicains main- tiennent des coutumes indien- nes et espagnoles. A l’anni- versaire d'un enfant, la «Piniata» ot les gosses invités tapent sur un sac pour faire tomber bonbons et jouets a la nubilité d'une fille, une «fiesta» oi on dépense 4 tout casser. (A suivre) L’histoire du Vatican A la demande spéciale du Pape Jean-Paul II, «American Masters Foundation»présente avec fierté «Sharing the Faith», une édition spéciale limitée par l’artiste réputé Larry Dyke. Larry Dyke a accepté de peindre «Sharing the Faith» lors d’une audience privée avec le Pape Jean-Paul II en 1982. La peinture a été présentée au Pontife lors de cérémonies spéciales au Vatican le 29. . février 1984. _ «La peinture est trés belle ... que Dieu bénisse votre travail», a dit le Pape aprés avoir recu le tableau, présenté devant plus de 15 000 _ personnes. Aprés la cérémonie, M. Dyke a été accompagné dans les appartements du Pape oi le tableau a été remis 4 la demande du Pontife. «Sharing the Faith» montre deux prétres, l’un d’entre eux ressemblant au Pa devant une des premiéres missions espagnoles aux Etats-Unis. Ces missions ont été les premiéres implantations de l’église dans le — Nouveau-Monde et ont influencé les Amérindiens américains et les pionniers qui s’y sont établis.. : Une médaille spéciale a été frappée pour commémorer l’événement. On y lit le nom de I’artiste et I’empreinte de la Basilique Saint-Pierre de Rome. Elle sera donnée avec chaque impression signée et numérotée. Une édition spéciale illimitée de «Sharing the Faith» de taille plus petite sera aussi mise en vente dans le monde entier. LA GALERIE En exclusivité a : 4 BARR 732-5613 I _