4, TELE—SOLEIL, Vendredi 13 Mai 1977 SON ET IMAGES A |l’émission Son et images du dimanche 15 mai 4 11 heures, lorganiste Mireille Lagacé et le claveciniste Kenneth Gilbert in- terpréteront les 3e Concerto en sol majeur, 4e Concerto en fa majeur et 6e Concerto en ré ma- jeur pour. deux instruments a clavier de Padre Antonio Soler. Le Padre Antonio Soler, com- positeur et théoricien espagnol, est l'une des personnalités les, plus marquantes de la musique espagnole du XVIlle siécle. Ad- mis dés |’aAge de six ans dans la Maitrise du monastére de Mont- serrat, il y étudie avec l’excel- lent organiste et. compositeur Jose Elias, luiméme formé a l'école de Joan Cabanilles, or- ganiste de la cathédrale de Va- lence. Ainsi, Padre Antonio Soler, tout jeune encore, hérite-t-il de la plus pure tradition musicale espagnole et c’est pourquoi on le nomme maitre de chapelle de la cathédrale de Lerida. En 1752, il entre dans l’ordre des Hiéronymites et devient presque aussitét organiste et chef de choeur du monastére de 'Escurial, prés de Madrid, ot il demeurera en activité jusqu’a la fin de sa vie. Entre temps, il prend des lecons avec Domeni- co Scarlatti. Il subit certes |'in- fluence de celui-ci mais ne de- vient jamais son épigone. Soler, en effet, est attaché par de pro- fondes racines a la tradition de la musique instrumentale ibé- rique. A !’Escurial d’ailleurs, So- ler, en contact avec les musi- ciens de la famille royale, pro- fite des lecons de Jose de Ne- bra, organiste et vice-maitre de la chapelle de la cour. Padre Antonio Soler profite également de ces occasions pour ensei- gner le clavecin et l’orgue a infant Gabriel de Bourbon, fils du roi Charles Ill. Ce sont ces rencontres qui donnent a Soler Vidée d’écrire les six concertos pour deux instruments a clavier, destinés a divertir agréablement ~ le prince. Rappelons que le claveciniste et musicologue Kenneth Gilbert est considéré comme l'un des plus grands et des plus brillants virtuoses de sa génération et que ses succés auprés des mé- lomanes aussi bien. européens qu’américains ne se comptent plus. Né d'un pére francais et d’'u- ne mére anglaise, Kenneth Gil- bert recherche sans cesse,.dans son interprétation, «la synthése entre la rigueur organiste de I'école nordique et la vivacité et la fantaisie des latins». A par- tir de ses vastes connaissances, Kenneth Gilbert vise toujours d’ailleurs 4 présenter les oeu- vres dans leur plus grande au- thenticité avec les couleurs ma- gnifiques des instruments an- ciens. II publiait chez Heugel, il y a quelques années, une édi- tion. intégrale de l’oeuvre de clavecin de Francois Couperin considérée comme définitive par les spécialistes’ et il termine maintenant une édition intégra- le des sonates pour clavecin de Domenico Scarlatti. Quant a Mireille Lagacé, c'est également une musicienne ac- complie que les auditeurs de Ra- dio-Canada ont maintes fois eu l'occasion d'entendre, tantdt comme organiste, tant6t comme claveciniste. Elle a étudié |’or- gue avec Bernard Lagacé a Montréal et Anton Heiller a Vienne. De retour d'Europe en 1957, elle devient membre fon- dateur d’Ars Organi,’ lequel a été particuligrement actif dans le mouvement de renaissance de l’orgue en Amérique du Nord. Elle fait également partie de Ensemble de chambre Coupe- rin-le-Grand, et assume la direc- tion’ musicale .de_ l'ensemble Claude-Gervaise qui interprete la musique de la Renaissace sur d’authentiques instruments an- _ciens. Professeur d’orgue et de cla- vecin, Mireille Lagacé prodigue son enseignement au New En- gland Conservatory de Boston, au Conservatoire de musique © du Québec a Montréal ainsi qu’a la faculté de musique de |'Uni- versité de Montréal. Réalisation: Denys Gagnon. Le prix Louis-Philippe 1977: Moi. . . exillée La deuxiéme dramatique qui sera proposée dans le cadre du Concours Louis-Philippe-Kam- mans 1977, le vendredi 20 mai a 20 h 30, est écrite par Pierre Koralnik et s'intitule Moi... exi- lée.. Cette production de la Socié- té suisse de radiodiffusion et télévision a pour théme le sui- cide et le mystére de |'étre. L'intrigue a Pourquoi Claire Bernard, jeu- ne femme admirée des siens et qui avait tout, comme on dit, pour 6tre heureuse, s’est-elle donné Ja mort par un bel aprés- midi d'été? Un journaliste humain, intelli- gent, sincére et honnéte vou- drait percer ce mystére. I] n‘ac- cepte pas cette sorte de. scan- dale, cet échec a la raison. En effet, Claire Bernard, saine, 6- quilibrée et forte, n'avait pas de problémes d'argent et sa réus- site professionnelle était évi- dente. Elle ne souffrait d’aucune frustration sentimentale ou sex- uelle et on ne parlait que de son élégance naturelle et de son charme... Le journaliste décide donc de reconstituer les deux derniéres journées qui ont précédé la mort de Claire, en accumulant le plus possible de témoignages recueillis auprés des familiers de la jeune femme. Malgré sa compétence profes- sionnelle et la sincérité des té- moins, le journaliste s'apercoit bient6t combien_ |’observation objective et la raison son insuf- fisantes pour tracer-un portrait authentique, complet et profond de quelque étre humain que ce soit. . La vérité de Claire Bernard se révéle a la fois fragile, relative et extraordinairement multiple et complexe. Elle oscille, s‘éti- re, se concentre ou se perd se- lon les fluctuations du temps ou de la mémoire. , Ce fil que le journaliste es- saye de dérouler jusqu’au bout se casse parfois, se refait a l'image peut-étre de notre li- berté... Il apparait alors au jour- naliste qu'il ne saurait décem- ment écrire: «Claire est morte parce qué...»; car comment sai- sir la vérité de |’ame, rendre compte de l'ineffable? Il ne pourrait conclure son enquéte que par cette phrase a la fois banale et insatisfaisante: «les suicides sans cause apparente sont plus fréquents que...» Pierre Koralnik nous dit |lui- méme qu’avec Moi... exilée, il a voulu peindre «le combat des exilés de |'intérieur pour leur liberté, pour échapper a |’op- pression née de I'homme». Mais. l’auteur _propose aux spectateurs de chercher en eux- mémes les réponses aux ques- tions que pose le geste de Claire et d'apporter leur propre conclusion a son mystére qui, au fond, «est porteur de toutes nos virtualités». Pierre Koralnik, avec ce film, a voulu montrer qu'il est une part ineffable de |'étre qui €- chappera toujours a toute rela- tion cataloguée et a toute en- quéte. L’exil de Claire, si subjectif ‘qu'il soit, est aussi le nétre et il est normal que chacun en fournisse une explication diffé- rente. L’auteur Pierre Koralnik, en plus d’é- tre l’'auteur de trois excellents courts métrages, Francis Bacon (peintre anglais), Un étranger dans le village (avec James Baldwin) et Peggy Guggenheim, © a donné de nombreux reporta- ges a différents magazines d’in- formation. || est également |’au- teur de variétés comme Ni fi- Kammans gues ni raisins et Happy End (Rose d'or de Montreux) et Ich Bin (Rose de bronze de Montreux). Mais c'est surtout comme auteur de longs métra- ges qu'il est le plus connu. Si- gnalons, entre autres, sa comé- die musicale Anna, sur une mu- sique de Serge Gainsbourg, a- vec Anna Karina, Jean-Claude Brialy et Marianne Faithful; Sa- lomé, d'aprés Oscar Wilde, sur une musique de Jean Pro- domides et une chorégraphie de Maurice Béjart, avec Ludmil- la Tcherina, Michel Auclair et Madeleine Sologne; un film po- licier, Cannabis, écrit avec F.-A. Burguet, interprété par. Jane Bir- kin, Serge Gainsbourg, Gabriele Ferzetti et Curd Jurgens; /a Chasse au diable, également en collaboration avec F.-A. Burguet et interprété par Ingrid Thulin et Michel Bouquet; /a Reine de Saba, écrit avec Maurice Clavel et interprété par Ludmilla Tche- rina et Frederic de Pasquale. Moi... exilée, de Pierre Koral- nik, présenté au Concours Louis- Philippe-Kammans 1977, est une production de la Société suisse de radiodiffusion et télévision. - Directeur de la photographie: Simon Edelstein. Caméraman: Willy Rohbrach. Son: Michel Gremion. Improvisation. au_pia- no: Guy Bovet. Distribution: Eléonore Hirt, Claire Dominique, Camille Fournier, Gérard Carrat, Jean Bruno, Nancy Goux et Jean- Philippe Rapp. Signalons aux téléspectateurs qu’ils peuvent participer, tout comme les trois membres du jury, au choix de la meilleure dramatique. Aprés chaque diffu- sion, ils n'ont qu’éa accorder a la piéce qu’ils viennent de voir un nombre de points entre 1 et 10 et a le communiquer a Ra- dio-Canada en appelant: 285; 3333. René Houle A la télévision de Radio-Cana-. da, le dimanche 15 mai a 22 heu- res, On nous présentera un do- cumentaire de Renaud Delour- se sur la cité des Doges: Tha- _lassa: la mer, ennemie ou amie de Venise. Cette production francaise terminera des Beaux Dimanches. la soirée. Aprés . Concert _ populaire, nous verrons en effet divers aspects de Venise, qui s’est dé- veloppée et a connu sous les doges, grace a la mer, une puis- sance formidable. Les galéasses de la Sérénissime, sillonnant l'Adriatique, la Méditerranée et I'Hellespont, cinglaient vers 1'O- rient, chargées de précieuses marchandises 4 destination de Tyr, de Sidon, de la Crimée ou de Trébizonde. On échangeait ces cargaisons contre de |’or, . James Guitet, peintre C'est une réflexion sur la peinture et la métaphysique que nous proposera |’émission télé- visée Rencontres, le mardi 17 mai 4 23 h 05, a la chaine fran- caise de Radio-Canada. Dans une conversation avec Wilfrid Lemoi- ne, le peintre James Guitet nous fera connaitre sa pensée sur l'art, au fur et @ mesure qu'il définira les étapes de son évolution esthétique et philoso- phique. D’origine bretonne, James Gui- tet peint a Paris. Il est passé du réalisme socialiste 4 l'abs- traction lyrique. Mais ce chemi- nement suppose bien des inter- rogations, bien des recherches. Le point de départ de l’oeuvre qui nous occupe ici fut un empi- risme au centre duquel trénait l'objet. Le peintre, avec le temps, en est arrivé a une sorte de contemplation de l’essence des choses. Faut-il s’en éton- ner? Nullement, puisque Ja pein- ture et la sagesse voisinent de- puis toujours, comme |‘atteste, par exemple, Ihistoire des beaux-arts en Extréme-Orient ou, plus qu’ailleurs peut-é6tre, |’ar- tiste «par le dessin découvre un au-dela des choses» (l'expres- sion est de James Guitet, qui l'applique a sa propre démarche, a sa tentative d'«appropriation des objets par le dessin»). Au début, James Guitet pei- — gnait des paysages et des por- traits. Puis il voulut témoigner de ce qu'il appelle les «dimen- sions sociologiques» de la réali- té, par suite d'un engagement politique et social: «Je croyais, a une époque, que l'art devait étre au service d’une idéologie concréte.» Il en vint ensuite a la création de formes inédites, et'ce fut le passage de la pein- ture figurative a la peinture abstraite. |] avait déja découvert tout le sens de la legon de Léo- nard, savoir qu'une esthétique ne procéde pas d'un postulat mais résulte d'un contact avec les choses. ; Cet entretien de James Gui- tet avec Wilfrid Lemoine crépite _de formules éclairantes, de pen- séos hardies, de paradoxes qui alimenteront vos discussions Rencontres . des laques, du cinabre, des soi- ries ou des vases venus de Gi- pango ou du Cathay. Aprés la perte de Chypre et de la Créte du XvVile siécle, l"empire maritime de la Répu- blique rivale de Génes s'affai- blit rapidement. Venise avait perdu sa puissance et non sa beauté, Combien de millions de touristes, cédant 4 sa séduction, ont courtisée depuis deux sié- cles? Mais l’enfoncement du sol de la lagune sur laquelle la ville’ est établie, l'importance des marées, la pollution indus- trielle et urbaine, menacent au- jourd'hui ses palais et ses au- tres monuments. Venise et la mer peuvent-elles coexister au XXe siécle? La question est de nouveau posée dans le docu- mentaire de Renaud Delourse, que nous verrons le 15 mai a 22 heures, a la télévision de Radio-Canada. e D’hier 4 demain présente, le dimanche 15 mai a 13 heures, un court métrage d’origine ger- manique intitulé Bauhaus. II s’a- git d'une célébre école d’archi- tecture et d'art (littéralement «la maison de la construction»), - fondée en 1919 a Weimar par Cropius. Le Bauhaus se carac- sur l’art-et sur la vie: «Avant d'étre une esthétique, l'art est une éthique.» — «Un tableau est ‘un. systéme énergétique.» — «Bachelard est allé au-dela des mots comme je vais au-dela des apparences.» — «Toute création aboutit a la question métaphy- sique: Qui suis-je? Ou vais-je?» L'influence de Lupasco et de Teilhard de Chardin sur James Guitet a été capitale, au point qu'il. a le sentiment que «la créa- tion artistique est une montée vers un état spirituel de |'étre par le dépassement du quoti- dien», N’oubliez donc pas I’émission télévisée Rencontres, le mardi 17 mai a 23 h 05, a la chaine francaise de Radio-Canada. Réalisation: Raymond Beau- grand-Champagne. =a esl James, Guitet » Wilfrid Lemoine