2 - Le Solel, VENDREDI 7 ocToBRE 1994 Le Billet Mer meurtriere Il sera désormais impossible, chaque fois que nous prendrons un traversier, de ne pas penser aux 920 personnes qui ont trouvé la mort lorsque “l’Estonia” a chaviré en mer Baltique, le 27 septembre dernier. Ce navire, de conception allemande, était d’une taille comparable a ceux utilisés par BC Ferries. L’Estonia ¢tait réputé pour ses installations de luxe “a l’américaine” avec discothéque a bord, piscine intérieure, et restaurant-buffet a volonté. Voyagera son bord tenait plusdela croisiére que de la traversée. Les pays d’Europe du Nord, comme la République d’Estonie et les pays scandinaves, doni 'a Finlande, ont un relief et une configuration cétiére qui ressemble en bien des points a ceux de la Colombie-Britannique. Tout comme chez nous, le transport en traversiers gros porteurs est coutumier. A la longue, la routine s’installe et l’attention humaine finit par n’étre qu’une habitude. Le souvenir de la voiture qui s’est abimée dans le port de Nanaimo, décimant une famille tout entiére etla collision facheuse du traversier de BC Ferries et de la navette rapide Sealink Vancouver- Victoria, conséquence de défaillance humaine, est encore dans nos esprits. Ces catastrophes sont souvent l’occasion d’une partie de ping pong, chacun se renvoyant la responsabilité. Pour garder Vintégrité des employés intacte, les causes invoquées sont bien souvent mécaniques. Mais comment expliquer une passerelle mal verrouillée, ot une collision, méme dans le_ brouillard, connaissant la _ quantité d ordinateurs et de radars dont ces batiments sont équipés? Pour l’Estonia, il serait facile d’imaginer que l’immense porte d’embarquement arriére ait été mal fermée d’autant plus que, depuis des années, les architectes des chantiers navals s’élévent contre l’ utilisation de portes a joints étanches qui sont trés vulnérables 4 infiltration d’eau si l’assiette du bateau est modifiée 4 cause d’une répartition inadéquate des véhicules ou de vagues trop hautes. Bien heureusement, ce genre de portes ne sont pas installées sur les traversiers de BC Ferries. Les accidents ne sont pas des signes du destin. L’explication est bien plus simple. Par la force des choses, nous sommes obligés de faire confiance 4 nos transporteurs, que ce soit en mer, en!’air ousurterre, et ainsi, confier notre vie. Personnellement, je n’aimerais confier la mienne a personne, ni a un pilote de ligne, ni a un mécanicien d’entretien, ni 4 unmétéorologue chargé d’analyser les conditions atmosphériques des longs trajets. Mais quel choix avons-nous? Le proverbe bien Bi Nformation Chronique de la langue francaise Sur le bout de la langue Mieux vaut tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler, dit le proverbe. Sinon on pourrait bien s’en mordre la langue! C’estvrai que la prudence €vite de regretter d’ avoir trop parlé. Comme quoi il faut se retenir de parler et, mieux encore, savoirtenir sa langue. Difficile a faire pour les francophones. On compte tellement d’expressions avec le mot langue en frangais, qu’on pourrait traiter les francophones de...grand- langues! Les mauvaises langues aiment nous faire passer par les langues, une expression acadienne qui veut dire “faire parler en mal de soi”, de méme que étre dans les langues. Les gens qui aiment mémérer méchamment, on les appelle aussi des langues de vipéres et méme des langues raides (a cause de la fatigue?). Rien acraindre si vous n’avez pas la langue dans votre poche, vous saurez répondre aux mauvaises langues a temps et avec de l’esprit. En francais, on admire les gens qui ont Ia langue bien pendue, qui s’expriment facilement et beaucoup. Can’est pas donné a tout le monde. Mais nous avons tous connu la géne d’avoir la langue qui fourche, a ne pas confondre avec une langue fourchue. Quand la langue fourche, elle se trompe de mots, elle s’enfarge. La langue fourchue, elle, raconte des mensonges, comme la langue de serpent, dont elle se Tapproche par la forme. Si on vous demandait de quand date l’expression du titre, donneriez-vous votre langue au chat? Autrefois, c’est aux chiens qu’on donnait sa langue quand on renongait a trouver une solution ou qu’on avouait son ignorance. Aujourd’ hui, on la donne au chat, au Canada comme en France, ot on a pourtant des langues-de-chats bien différentes, car on les léche chez nous et on les croque Ia-bas. La langue-de-chat, ici, c’est la spatule en caoutchouc souple qui racle le plat de pate 4 gateau. En France, c’est un petit biscuit sec. Lecours del’histoire change le sens de certaines expressions. Autrefois, par exemple, tirer la langue voulait dire avoir trés soif. Vous pouvez toujours essayer de Staten linguistique au Canada Ca va pour les anglophones Lesanglophones unilingues, particuliérement ceux de 1’Ouest, quiestiment que le bilinguisme met un frein a leur carriére au sein de la fonction publique fédérale, s’énervent pour rien. Les plus récentes statistiques de la Commission de la fonction publique du Canada indiquent que sur un total de 110,370 nominations en 1992, seulement une nomination sur quatre (27 pour cent) visait 4 combler un poste bilingue. Dans les provinces de l’Ouest, 14 ot on accuse le bilinguisme institutionnel de priver les anglophones d’emplois intéressants .au sein du gouvernement fédéral, le nombre de postes bilingues comblés par nomination en 1992 était microscopique. Seulement 2 pour cent de tous les postes comblés par nomination en 1992 au sein de la fonction publique fédérale en Colombie-Britannique exigeait une connaissance des deux langues officielles. Ce pourcentage était de 4 pour cent en Alberta, 3 pour cent en Saskatchewan, et 6 pour cent au Manitoba. Au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, seulement 1 pour cent de toutes les nominations visait 4 combler un poste bilingue. Les anglophones unilingues ont eu accés 4 76,9 pour cent des postes comblés par recrutement de l’extérieur en 1992 et les francophones unilingues, a seulement 17,1 pour cent. Abstraction faite du Québec, les anglophones unilingues avaient en fait accés 4 85,2 pour cent de tous ces postes et les francophones, 4 10,7 pour cent. Dans 1’Ouest et dans le Nord, les anglophones unilingues ont eu accés 4 97,3 pour cent des postes comblés par recrutement, alors que les francophones unilingues n’ont eu accés qu’a 0,7 pour cent des postes. L’unilinguisme n’est pas toujours unobstaclea une promotion. Ainsi, les anglophones unilingues ont eu accés 4 73,6 pour cent des 24,000 promotions accordées en 1992 et les francophones unilingues 4 24,4 pour cent des promotions (19 pour cent si on exclut le Québec). Dans l’Ouest, les francophones unilingues n’ont eu droit qu’a 1,4 pour cent des promotions en 1992 alors que les anglophones unilingues ont comblé 96,8 pour cent des promotions. Selon les chiffres de la députée bloquiste Suzanne Tremblay, le nombre de postes ou le francais est considéré comme essentiel est passé de 19,000 en. 19744 13,000 en 1993, alors que le nombre de postes oi l’anglais est considéré essentiel a augmenté durant la méme période, passant de 110,000 a4 127,000. Finalement selon la Commission de la fonction publique, 860 des 1,000 fonctionnaires qui ont obtenu un poste a la condition d’améliorer leurs connaissances linguistiques étaient des anglophones, comparativement 4 140 chez les francophones. tirer la langue aujourd’hui, mais vous aurez peu de succés car les gens n’aiment pas les grimaces. Durant les années 1850, on disait 0 a avalé sa langue quand quelqu’un mourait. De nos jours, ga désigne quelqu’un qui se tait, par timidité ou parce qu’on lui a coupé le sifflet. Pour en revenir a sur le bout de la langue, |’expression ne date pas d’hier: on a eu des mots sur le bout de la langue depuis I’an 1549 au moins. Plus tard, l’expression a désigné tout souvenir vague qu’on voudrait bien retrouver. Aucune parenté avec parler sur le bout de la langue, qui n’existe que depuis le 20e siécle, pour les gens qui ont un “seveu” sur la langue. A tant parler, je commence aavoirlalangue commeunbardeau, tellement j’ai soif. Je le savais que jaurais di me tourner la langue sept fois dans la bouche.. (APF) Annie Bourret Clin d'oeil JE VOUS EN PRIE: ma VOUS... BOUCHARD REFERENDUM POUEBECOIS JINSISTE/ NON, APRES VOUS., Lie Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Pierre Longnus Infographisme : Suzanne Bélanger Yvan Brunet, Louis Anctil, Christian Héno. Ltée. No 0046. - TPS No R 103242624 Impression : Horizon Publications OPSCo AM Membre de [Association de la presse francophone olet de Colombie-Britannique Le seul journal en frangais 4 I‘ouest des Rocheuses “SANS PEUR NI FAVEUR" Administration et gestion : Sandrine Lejeune Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft, Catherine Lannoy. Collaborateurs Arts et spectacles : Sara Léa, Nigel Barbour, Marie Michaud, Ouverture du Journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil. 1645, Seme avenue Quest, Vancouver, C.-B., V6} 1N5. 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