6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 12 Aoftt 1977 Propagande diffu par les Anglais - Rencontrée au hasard de cette troisitme tournée en ' Acadie, au moment oi elle roulait la pate pour le repas du jour, elle raconte a grands traits toutes les difficultés de la survivance d'un groupe culturel minoritaire. —_ L’in- compréhesnion de la majorité anglophone. La lente et progressive assimilation de compatriotes. par Léonce Gaudreault Troisiéme d’une série d’ar- ticles parus dans ‘“‘ Le So- leil ” de Québec. Ces _re- portages sont le reflet d'une réalité francophone hors Québec, telle qu’elle apparait au journaliste Léonce Gaudreault, de Québec. (Le Soleil, 8 mars 1977) “CA NE PEUT PAS EMPI— RER, CA NE PEUT ETRE PIRE QUE C’EST AC— TUELLEMENT.” La personne qui parle ainsi est une Acadienne “pur Lin". Quatre-vingt-deux ans. Elle représente la longue et patiente résistance acadienne. Dans cette maison ov elle vit encore avec quelques-uns de ses enfants, on y lit beau- coup les journaux. L'Evan- géline et te Moncton Times. : On vibre 4 tout ce qui se passe au Québec. On n’est pas inquiet, au contraire. “La. peur suscitée ici par_l’é- lection du Parti québécois, c'est de la propagande diffu- sée par les Anglais”, lance d‘un trait Mme Dubocquet, de Néguac. Avant de quitter, elle dit, le regard inquiet: “J’espére qu'il. ne lui arrivera pas quelque chose”. Elle songe alors a I’accident dans lequel a été impliqué le premier ministre René Lé- vesque. Elle montre ainsi tout l’espoir qu’elle met en lui. Quelques heures plus tét, lors d’un bref arrét dans un snack-bar de Chatam, c’est un autre son de _ cloche. LE MEILLEUR... Aprés quelques hésitations, langlophone -qui est tout prés consent 4 engager la conver- sation pendant le petit dé- jeuner “Western style”. Ven- deur itinérant, il affirme bien connaitre le Québec pour y avoir vécu, 4 Montréal. “’Vous avez sans doute, au Québec, politiquement parlant, _le meilleur gouvernement du Ca- nada. L’élection du 15 no- vembre est sans doute une bonne chose pour vous a ce niveau... Mais.’ Car il y a un mais. Cet homme, qui ne veut deste ae ae aa ae ate ee ae ae 2h a ae ae ae ae a a ae ae a 2 ae 9 a a ae aaa ate aie ILE MOT DU JOUR: DRL SNCS RICO Se a BE AES NE Ne OE I Re fe of ae ae aha ae ae fe ake afcafe otc ake she eae ae POUR LA GALERIE Moi, 1’été, j’aime -m’asseoir sur ma galerie et regarder . passer le monde. Cette phrase, je l’ai souvent entendue. “Pour la galerie” signifie en outre aux yeux du monde (mais pas en réalité). Notre galerie au sens propre est une réalité bien québécoise.En tout cas, depuis trés , longtemps la galerie est un des endroits de leur maison qu’affectionnent les Québécois.En 1701, dans le diction- naire universel Furetiére , on décrit la galerie comme étant le lieu couvert d’une maison, “plus longue que large, qui est ordinairement sur les ailes, od I’on se proméne”. La galerie était donc, 4 cette époque-la, accrochée littéralement au pignon du logement et non,; comme c’est le cas aujourd’hui, devant ou derriére la maison.Revenons au sens figuré de galerie dans l’ex- pression “pour la galerie” dans l’exemple suivant: -parle pour la galerie. Galerie a signifié en effet I’empla- cemept réservé aux spectateurs d’un jeu ( de paume par exemple) ,puis par extension: le monde, I’audi- toire, le ic. Parler pour la galerie signifie aussi par- ler dans le but d’étre entendu par d’autres personnes que son interlocuteur. On dit parfois porche, au lieu de galerie, c’est un anglicisme s'il s’agit d’autre chose que d’un vestibule ou d’un hall. Notre galerie n’est pas un porche. (tiré de la publication “‘Le mot du jour”, éditée par l'Office de la langue francaise du Québec et pas dire son nom, parle de la nouvelle importante du matin provenant du Québec: la menace de Bell Canada de re- tirer son siége social de Montréal. Etc. ‘On ne vous laissera jamais quitter le Cana- da et, s‘il le faut, on utilisera l'armée! A quelques pas de la, juste en face du restau- rant, se trouve l’importante base militaire de Chatam, Nouveau-Brunswick. Ce sera le seul commentaire du genre pendant tout le voyage. Mais le ressentiment paralt tout de méme assez fort dans le sud anglophone, berceau des loyalistes, fidéles & la Couronne britannique. Il aurait peut-étre fallu piquer une pointe jusqu’a Saint-Jean, la capitale industrielle de la province, pour avoir une meil- leure perception de fleur pensée. A Fredericton cependant, dans cette capitale qui est amenée graduellement a tou- cher de prés le fait francais par I'arrivée de fonction- naires francophones, la décep- tion de voir ainsi le Québec menacer le “réve canadien’’ est grande. On ne veut rien entendre d'un “Common Market” avec le Québec. En descendant a Frederic- ton, un jeune pére de famille anglophone permet |'utilisa- tion de son téléphone pour appeler un taxi. Aux ques- tions sur le Québec, il reste évasif, mais montre tout de méme le magazine ‘Week- End” dont la page-couverture et le reportage principal sont consacrés a René Lévesque. Vous pouvez le garder, dit-il Lévesque ou le magazine? Mais il faut comprendre que c’est le magazine. Dans la _ voiture-taxi, le chauffeur, jeune anglophone, confie qu'il n’est pas plus: inquiet qu'il ne le faut. Il retient cependant que lors de son dernier voyage. au Québec, peu de temps avant le 15 novembre, les défenseurs du fédéralisme lui étaient apparus en beaucoup plus grand nombre que les indé- pendantistes. Ca le rassure. Au passage, comme c'est habitude dans cette ville, ‘il prend un autre client. C’est une bonne vieille dame de langue anglaise qui se rend @ une soirée de bingo. “J'ai un fils 4 Montréal. C'est in- quiétant ce qui se passe 1a. Il va étre obligé de quitter le Québec”, dit-elle avec une certaine tristesse et une inquiétude évidente pour les années a venir. Chez la plupart des per- sonnes interrogées, on ressen- tait d’ailleurs un vif besoin: de préciser dans un pre- ‘mier temps qu’on avait soit un fils, soit un parent au préparée par Louis-Paul Béguin, linguiste). .\,i,-... Québec ou, sinon,-.qu'on -y BMiMe, ye yi - inquiets. avait déja séjourné, comme si on voulait donner plus . d’autorité 4 ses réactions. Comportement assez significa- tif d'une certaine gravité de perception des événements que le Canada et le Québec commencent a vivre. DE L’EGOCENTRISME Au gouvernement, un haut fonctionnaire francophone du ministére de |’Education re- connaftra que les anglophones, ici sont inquiets, voire méfiants. Les fonctionnaires francophones, eux, se sont: réjouis dans un premier temps de la victoire péquiste. On pense ainsi pouvoir décrocher, par cette menace de sépara- tion, plus de fonds des gouvernements de Fredericton et d’Ottawa pour la cause frangaise. Un autre franco- phone, travaillant au service des langues officielles, croit plutét que les Acadiens sont “Ca n‘aidera pas le gouvernement provincial dans sa volonté de franciser davantage ses services.” Fredericton, il y a quelque 2,000 Acadiens, dont la plupart ont quitté soit Moncton, soit le nord-est ou le nord-ouest, pour défen- dre le fait francais dans la Capitale, croyant profondé- ment dans la réforme des institutions. Un certain nombre d’en- tre eux croient que la situa- tion québécoise ne changera pas grand-chose a leur vie. Ils estiment que les droits acquis depuis une dizdine d’années ne pourront étre reti- rés. D’autres pensent qu'il y aura plutét régression si le Québec réalise l'indépendance. Ces derniers ont nettement impression que les Québé- cois les ont laissé tomber. L'interpréte acadienne Ma- rie-Paule Martin est de cette opinion. “Vous vous dites, je m‘occupe de moi et je me fous des autres, qu’ils dis- paraissent ou pas”. Elle ne fait aucune confiance a la po- litique et trouve que les Qué- bécois y investissent trop d’énergie. On perd notre sens de l’hospitalité. On rationalise trop. Elle préfére le langage du coeur. Ce méme soir, cette magni- fique voix de l’Acadie donnait son “Coeur Show” . au Play- house de Fredericton. La salle était comble. Ce fut. une grande soirée de rallie- ment, comme au Québec au début des années soixante. Une bonne partie de |’audi- toire était de langue anglaise. Cet auditoire anglophone, plut6t jeune, a applaudi tui le “Réveille’’ de I’Aca- die. Il y a de I'espoir, com- menta une Québécoise aca- 4 ? SEE | it vogue la galere! SUR LA COTE DU PACIFIQUE CROISIERE DANS LE PASSAGE INTERIEUR Aucun explorateur n‘a jamais eu la tache aussi facile! Les aventuriers espagnols et anglais qui ont dressé des cartes du “Passage Intérieur’’, spectacu- laire labyrinthe marin de fa Colombie-Britannique, se sont surtout efforcés de trouver la légendaire mer du Nord- Ouest qui s‘étendait entre L’Europe et la Chine... et de survivre. : Grice 4 ces marins intrépi- des, ainsi qu’au capitaine et 4 I’équipage du “Queen of of Prince Rupert offre gratui- tement des pilules contre le mal de mer aux passagers qui en éprouvent le besoin. Le succulent saumon de Co- lombie-Britannique figure tou- jours au menu de fa salle a manger ( dotée d’un bar com- plet) ,tout comme di’ailleurs des mets plus consistants tels le bifteck et le rosbif. Si vous préférez manger en toute sim- plicité, une vaste cafétéria li- bre-service est 4 votre disposi- tion. Aprés un bon repas et une Prince Rupert” de B.C.Ferries, promenade sur le pont, la les vacanciers d’aujourd’ hui plupart des passagers se reti- peuvent se détendre et admi- rent dans leurs cabines pour rer tout a leur aise de leur la nuit; mais, aux. jours les hétel flottant, le fantastique plus longs de |’été, attardez- paysage qui défile devant eux. vous un peu pour contempler la lune succéder majestueuse- Le Queen of Prince Rupert ment au soleil, a la lueur d’une qui assure une navette toute l'année , couvre en 20 heures les 528 km ( 330 milles) qui séparent Kelsey Bay, dans le nord de I’fle Vancouver, de Prince Rupert, en Colombie- Britannique septentrionale. En plus d‘offrir une agréable croi- siére nocturne, ce bateau est un maillon important du “to- tem circle’ jun réseau de grandes routes qui sillonnent l‘intérieur’ de fa province, de Vancouver a4 Prince Rupert, _ et qui longent la céte intérieu- re de I’fle Vancouver, de Kel- sey Bay a Victoria. Que vous fassiez le tour complet ou une simple traversée, votre randon- née sera des plus agréables. L'endroit le plus étroit du parcours est le chenal Gren- ville, avec ses 480 a 600 meé- tres de large et ses 24 4 25,6 km (15 @ 16 mi) de long. Le bateau se glisse dans |’ombre paisible des. sommets ennei- gés et des chutes d’eau verti- gineuses. Au passage vous verrez des villages de pécheurs indiens et des bassins de grumes, sou- venirs du passé et symboles du présent de ta Colombie- Britannique cétiére. De temps en temps, le haut-parleur an- nonce des localités aux noms exotiques comme Bella Bella, Namu et Albert Bay ol se trouve le plus haut mat toté- mique du monde .II n’est pas rare d’apercevoir un chaland chargs de bois qui descend vers Vancouver ou des cargos en route pour |’Alaska. En pénétrant dans le bas- sin Reine-Charlotte, les Mes s‘estompent et on débouche sur la haute mer, ov il fait bon naviguer sur un batesu muni de stabilisateurs qui nous épargnent du roulis; toutefois, le kiosque & journaux du Queep aurore boréale. L‘air salin et le doux bercement des eaux du “Passage intérieur”’ vous fe- ront bientét tomber dans les bras de Morphée. Le Queen of Prince Rupert peut accueillir 430 passagers dans des cabines qui- vont de celles de luxe a deux cou- chettes a celles standard a quatre couchettes, toutes é- quipées d’un bain privé ou situées prés d'une salle de bain. Un petit déjeuner léger ou un “brunch” copieux préparent le passager 4 continuer son périple vers le nord et |’Alas- ka, vers l’intérieur de fa Co- lombie Britannique ou vers L’ile Vancouver. Des autocars se rendent a Kelsey Bay et a, Prince Ru- pert qui est le terminus sud des traversiers de l|’Alaska et qui est relié par Alaska Air- lines ~aux communautés du sud-est de L’Etat. Le Queen of Prince Rupert peut transporter 90 automobi- les, ainsi que des fourgon- nettes et des camionnettes de camping. La hauteur libre du pont -est de 5,20 m (l4’8”) mais, au moment de réserver, il est bon d’indiquer 1a hau- teur du véhicule si elle excéde 1,90 m (6'5"). Pendant toute la saison esti- vale, du début mai 4a la fin septembre, des départs alterna- tifs sont organisés de Prince Rupert et de Kelsey Bay .II est recemmandé de réserver sa cabine ou une place pour son véhicule en écrivant a British Colombia Ferries,1945 Howe Street, Vancouver (C.-B.) V6Z 1P6 Pour tout renseignement tou- ristique sur le Canada, pridre de s'adresser 4 L'Office de tourisme du Canada, !50 ,rue Kent,Ottawa,Canada.KIA OH6. Cet espace est acheté par le Secrétariat d’Etat. Les textes qui s’y trouvent sont publiés dans les 14 journaux mem- bres de l’Association de la presse francophone hors Québec,, APFHQ.) th dann ik PPB PPM EOLT St ,