Le Soleil de Colombie, vendredi 8 juin 1990 - 13 ARTS ET SPECTACLES’ «Moi, c’est Clémence que j’aime Voila un titre qui promet! Et c'est signé Renée Claude. Un rendez-vous ane pas manquer a la Maison de la Francophonie, le 24 juin. Accompagnée du_ pianiste Francois Dubé, Renée Claude nous arrive avec un spectacle en hommage a Clémence Desro- chers. Ce sera une rétrospective des meilleures chansons et monologues de cette derniére. Qui est Renée Claude? Une interpréte vibrante, sen- suelle, une artiste qui sait comprendre une chanson et en extraire l’essence, une amou- reuse. Au début de sa carriére, on l'entendait chanter Brassens, Ferré, Jean-Pierre Ferland. En 1969, deux compositions de Stéphane Venne la langaient en premiére place du Palmares: «C'est notre féte aujourd'hui» et «Letourdelaterre». Elle devient. alors une des artistes de la scéne des plus recherchée au Québec, puis en France. Cela dure plusieurs années. Puis sa rencontre avec Luc Plamondon donne des succés que l'on fredonne encore aujourd’hui: «Nelligan», «Le monde est fou», «Comme tous les matins», «Ce soir je fais l’amotr avec toi», le mieux» etc. En 1980, Renée Claude entame une troisieme décade dans sa carriére avec deux spectacles qui bouleversent son public. Le premier, «Georges Brassens, j'ai rendez-vous avec vous» est consacré aux chan- sons dece grand artiste frangais qu’elle admire depuis toujours. Le deuxiéme nous sera présenté bientét a Vancouver, «Moi, c’est Clemence que j'aime le mieux». Claire Caron du Journal de Montréal, le 28 février 1980, écrit: «On /a redécouvre, tout autant que l’auteur qu'elle chante. Et on découvre surtout les capacités * comiques de Renée Claude... Elle est superbement drdle, le. ton est juste, la caricature a point et l‘esprit d’a propos trés vif», Pour Francois Dubé, Vancou- ver n'est pas une expérience nouvelle, il venait |’an dernier avec Zamphire. «Moi, c'est Clémence que j'aime le mieux» avec Renée Claude, accompagnée de Fran- cois Dubé, pour nous, le 24 juin a 20h00. Souhaitons leur la bienvenue. __Inforrnations: 736-9806. | Marie-Louise Bussiéres Galerie Smash Zilon fait un «ravage» Du 9 au 6 juillet, Zilon expose a la galerie Smash de Vancouver. Il y a cing ans, ses «graffitisn percaient sur la scéne artistique montréalaise. Aujourd’hui, le pinceau a remplacé la bombe mais univers de Zilon demeure la. cité modeme, broyeuse d’humanité. ; «Ravage»: le titre de |’exposi- tion claque comme coup de pistolet. Il claque comme la peinture de Zilon vous explose a la figure. Teintes électriques, visages angulaires, coups de pinceaux jetés avec rage sur la toile, les personnages de Zilon ont la violence de leur univers. La férocité, la modernité de la ville: «Mon inspiration, c’est le malaise, |’étouffement de | ‘hu- main dans le monde urbain, le cri de Munch. Lorsque je vais a New-York et que je vois des gens qui dorment dans Ia rue, je ne peux pas rester indifférent». On est un peu surpris lorsque lon rencontre Zilon. Point. de look hyper-branché et de discours pseudo post-moderne, mais un homme timide redou- tant l'interview — inquisiteur. Pudeur d’un écorché vif qui jette ses émotions, ses révoltes sur la toile: «Ma peinture n'est pas facile 4 placer dans un salon. Aujourd‘hui, on vit dans une période safe-sex. Tout devient aseptisé». S’il ne réfute pas avoir fait certains compromis dans sa carriére, Zilon distille les concessions au compte- goutte: «J ai déja travaillé avec deux agents. Mais chaque fois, je ntais pas satisfait. Je n'aime pas le coté business qui tente toujours dorienter votre peinture dans une _ certaine direction». Son intransigeance, Zilon en. est la premiére victime, en refusant de signer des oeuvres comme on colle une étiquette sur une boite de paté pour chat: «Je suis trés anxieux vis-a-vis de mon travail a Vancouver. Cette premiére exposition en Colombie-Britannique, il l’a prise comme un défi: «Je nai amené aucune peinture. Je vais acheter les toiles ici. Daniel Guimond va réaliser les fonds et moi les personnages. Je vais ‘travailler avec l’espace de la galerie. Ce seradelapeintureen direct . Les gens pourront nous voir depuis la rue. J’aime cet aspect brut et instantané». Toutes les oeuvres seront réalisées au pinceau: «Jai délaissélabombe pour revenir a mes premiers amours. Cela me permet de peindre avec des couleurs différentes». Et puis Zilon n’a pas été épargné par la psychose verte: «Méme_ si jutilisais des bombes_ sans CFC, cela reste une peinture toxique. C'est macontribution a la défense de fa couche d ozone». Mais cette transition demeure avant tout la réaction d'un claustrophobe: «Je ne voulais pas me laisser enfermer dans cette image de graffitiste qui me collait a la peau. C’était une période de ma vie mais on ne peut pas toujours rester a |’age de | adolescence». Zilon fuit comme la peste les situations établies. Remise en question permanente qui |’éloi- gne de toute prédiction sur l'avenir: «Peut-étre que ma peinture va vieillir, peut-étre que jeferais des dessins de modeou de la vidéo. Ravage sonne comme un titre de film». Frangois Limoge 1-800-268-3770 «Chocolat» au Royal Centre Brdlures africaines Plus qu’un film, «Chocolat» est une chronique, chronique de Mendif, village du Nord Cameroun ow flotte le drapeau frangais. Sous un soleil de plomb, France vit |’enfance d'une fille de chef de subdivision.’ Son pére, Marc (Frangois Cluzet) est un jeune militaire, amoureux des paysa- ges de|’Afrique, sa mére Aimée (Giulia Boschi) est la femme du commandant tout simplement. _ Depuis quelques années, les Allemands ont perdu la guerre et le Cameroun. Mais le temps s’étire toujours aussi lente- ment. Journées sans fin ot la chaleur accable les corps et les esprits. «Chocolat» a le rythme de l'Afrique, continent ances- trale ol la nature a imposé sa loi. L’homme blanc croyait pouvoir déroger ala régle. Miné par les fiévres, il y a laissé sa peau et parfois sa raison. A Mendif, le pasteur danois voulait évangéliser les foules. Les “hyénes terrasseront son bétail et ses convictions. On ne s’enracine jamais en Afrique. Tout juste y reste-t-on quelques centaines d’années.* Déja les herbes folles envahissent les tombes de ces soldats alle- mands tombés en terre africaine pour la grandeur-du III Reich. Suite page 14