L i TELEVISION ERNATIONALE (nformation, culture, spectacles, s\ sans frontiere | Voir horaire complet page 11. | A NT Courrier 28me classe/Second Class Mai ne 0046 Vendredi 8 mars 1996 vd 28 n °44 1645, 5éme Ave, 0., Vancouver, (604) 730-9575. Fax : (604) 730-9576. adresse électronique : 102627.2172@compusarve.com 60 cents TPS incse de Colombie-Britannique Festival du bois: Un succés malgré la pluie! PAR JEAN-SYLVAIN BROCHU Le Festival du bois, qui s’est déroulé 4 Maillardville les 8, 9 et 10 mars demier, a attiré environ 7 000 personnes. La performance €poustou- flante de la “Bottine souriante” a sans contredit été le clou des festivi- tés. Ce groupe de musiciens québécois, bien connu pourses airs folkloriques, afaitchanter, taperdu pied etswinguer plus de 1000 “bticherons et bicheronnes”, C’est justement pourcélébrer la vaillance des nombreux Canadiens- frangais qui sont allés bicherdans les foréts de|’arriére-pays que 1’on pré- sente ce festival pour une septiéme année de file. “Notre festival est le dernier de |’hiver et le premier du printemps. I] correspond aussi a la premiére coulée de la séve d’érable. C’est pour ga qu’il se déroule a ce temps-ci de |’année...” nous dit Ginette Denis, la directrice du Festi- valdubois. Malgré la pluie abon- dante, une armée de bénévoles veillaienta ce quetoutse déroule pour le mieux. Pierrette Roy, la soeur de Ginette Denis, est venue expressé- ment d’Edmonton pour venir préter ( suite en page 2 ) Al’accordéon, Gilbert Parent, du groupe «Les bacherons» d’ Edmonton était le maitre de cérémonie attitré du Festival du bois cette année. La peau de chagrin linguistique mondiale PAR PATRICE LANOY (MFI) Dansles affaires, les communi- cations internationales, l’anglais do- mine deplusenplus. Lamondialisation del’économie etde laculture, quis’ef- fectue aujourd’huia trés grande vites- se, accentue ce phénoméne. Dialecteset langues nationales, encore nombreux atraversle monde, ont désormaisten- dance a disparaitre. Un phénoméne inquiétant, contre lequelil serait bonde réagir. Combien de langues parleront les hommes demain? Sur les 7000 qui existent aujourd’ hui, officiellement, a tra- vers le monde(lerecensementest diffici- le, carla frontiére entre dialecte et langue est délicate a établir; reste que le dialecte est, en principe, une variante, une évolu- tion locale d’une langue) on pense que prés des 2/3 pourraient avoir disparud ici lemilieudusiécle prochain. Etd’icila fin du XXléme siécle, 90% des langues aujourd’ hui pratiquées pourraient étre éteintes. Quelles sont les raisons de ces disparitions? Essentiellementla modifi- cation des structures économiques et culturelles 4 ]’échelle du monde. Les Etats centralisent]’€conomie, et!’ensei- gnement des langues en subit le contre- coup. Surtout, le langage de |’admi- nistration, des médias, devienttrés vite l’outil de référence, qui fait basculerles autres langues traditionnelles dans le folk- lore. Carles populations qui les utilisent se sentent exclues, marginalisées. Ainsi, en France, presque tous les patois et dialectes ont disparuousont entraindesombrer. Souventdu fait des populations elles-mémes, qui ontrefusé d’enseigner a leurs enfants des mots et une syntaxequ’elles considéraientcom- me «archaiques». En Afrique, c’est sou- ventla langue del ’ethniedominante, sur le plan administratif ou économique, qui devient! ’outil de communicationle plus utilisé, a c6té del’ancienne langue colo- niale, devenue outil culturel etadminis- tratif. En fait, la oles langues résistent ennombre, c’est qu’il existe des obsta- cles géographiques 4 la centralisationde laculture; oualors, une farouche volonté de conserver les traditions, 4 cété de la langue économique etadministrative. Toutefois, il faut bien reconnai- tre que la peau de chagrin linguistique mondiale a aussi quelques avantages. Dontcelui de faciliterla communication. Ce quel’on perd en diversité culturelle, pourrait-on dire, onle gagneenaisance decommunication. Ce qui nesignifie pas qu’il faille rayer de nos mémoires les langues peu usitées de nos parents... VIEILLE HISTOIRE QUE CEL- LE D’UNE LANGUE INTERNA- TIONALE DOMINANTE Au niveau international, faut-il doncavoir peurdel’anglais? En fait, si l’onregarde|’histoire des civilisations qui se sont interpénétrées 4 travers les Ages - ce quia toujours constitué, a long terme, un avantage - on constate que la domination par une langue internationale est une vieille histoire. Quand Rome tenait, avecses Légions, le monde occi- dental, le grecétaitla langue de référence des gens d’esprit. Et elle résistait bien, cette langue, puisqu’elle était aussi le moyen de communiquer dans bon nom- brede pays del’est méditerranéen. Puis vintle moyen-dge, avecle latin, alors que partout fleurissaient des dialectes locaux. Au X Villémesiécle, dans toutel’Europe,c’étaitle francais qui prenait le rdle de langue d’expression ~ internationale. Désormais, dans notre monde moderne, c’est! ’anglais qui joue le rdle, puisque cette langue est | outil international le plus parlé dans le monde, juste avantle frangais. Mais la principale menace ne vient pas de ces langues «dominantes». L’expérience montre qu’elles peuvent parfaitement cohabiteravecdes dialectes oudes langues locales. La menace vient surtout des médias électroniques, qui “nivellentle monde culturel 4l’échellede la planéte, et, surtout, des ordinateurs, dontla plupart des logiciels n’acceptent de commandes qu’en anglais technique. Laestl’enjeu: amenerlamachineas’adap- teral’Homme, eta utiliserson langage... plutét que le contraire. Et ceux qui devront, demain, accéder aux réseaux de communication internationaux, comme Internet enanglais, aurontde fortes chan- ces de perdre un peu de leur identité linguistique... D’ailleurs,encemoment,lepro- cessus d’extinction des langues subitne forte acoélération. Bien plus qu’al’épo- queoll’onenseignaitsystématiquement la langue coloniale. Alors, comment éviter que, demain, iln’y aitplus qu’une seule langueparléesurla planéte? Com- ment faire pour que se mette plutét en place une cohabitation intelligente etpa- cifique, entre des centaines de moyens d’expression? Pour Gilbert Puech, professeur au Laboratoire delangage del’ Université de Lyon, lasolutionestdanslesentiment de fierté que peut ressentir un groupe 4 utiliser la languetraditionnelledesacul- ture. C’est 1a le réle des parents, que d’apprendre cette langue aux générations suivantes. Touten maitrisantla languede grande diffusion, quel’on apprend plus généralemental’école. L’unenedoit pas exclure |’autre, et |’une doit aller avec l’autre. Nousavons tous un ami quia fait l’effortd’ apprendre, surle tard, la langue de notre région, de nos parents, et qui nous a donné tort d’avoir voulu trop souvent, oublier cet héritage de notre identité. C’est4ce prix que nos enfants, demain, ne parleront pas seulement «Mickey» ou «Nintendo»... “ ee