lls tournent se dressent tentent une arabesque pour prendre une image Ces deux strophes du poéme qui ouvrent le recueil intitulé Jardin des vestiges sont révélatrices, une fois la mise en scéne faite dans la premiere strophe : Jours par semaine par dessus I’épaule penchés sur la page Les mots deviennent des étres autonomes qui s’agitent et vibrent, vivants, musicaux, imagés et s’affirment teméraires et déterminés a voler de leurs propres ailes. Ce recueil s’ouvre sur une citation de Diderot, l’encyclopédiste du XVIII® siécle qui s'interroge sur les besoins du poéte et arrive a la conclusion que «La poésie veut quelque chose d’énorme, de bar- bare et de sauvage». Ce méme recueil se referme sur une autre citation, encore du XVIII® siécle, celle de Rousseau, aux antipodes du premier par sa conception méme de I’existence humaine : «Je naissais, disait-il, dans cet instant a la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légére existence tous les objets que j’aperce- vais». . A la premiére lecture des poémes, on constate l’importance de la vie telle qu’elle se présente, drapée dans sa tunique naturelle faite de sensualité et gouvernée par les sensations corporelles - son, regard, toucher, godt et odorat - par «un soleil (qui) luit jour et nuit», le paysage alpin exerce un pouvoir d’attraction a la vie, a l'amour. L’étre révolté au début du recueil pourquoi rien pourquoi quelque chose dans un style prosaique retrouve peu a peu la joie de vivre tra- duite par des images riches en couleurs, animées et pleines de musique : 17