eae a ee NEnrenaeT J’suis tannée, tannée, tan- née. J’suis ‘‘tannée’’ des anglais qui me demandent depuis quinze ans si je parle ‘‘le Parisien French’? ou ‘‘le French Canadien’? et A qui je n’arrive pas 4 faire en- tendre qu’il m’arrive de ba- varder avec de bons amis originaires de Chicoutimiou Ste Agathe des Monts sans la moindre difficulté. Si je leur affirme que les bonnes gens de la Seine et ‘‘OQuaise”’ ou du pays Berrichon sont pourvus d’un accent qui sent le terroir ils ne sont qu’a demi convaincus. Ce qui prouve que les légendes et les vieilles idées sont plus fortes que la simple réalité. Je suis ‘‘tannée”’ et il n’ya pas de meilleur mot pour exprimer la lassitude et le découragement qui m’as- saillent devant tous ces pe- tits compartiments bourrés de préjugés et d’idées toutes faites que les humains savent si bien se construire. Car enfin, entre les Frangais de France, ceux d’Afrique du Nord et ceux de Montréal qui prétendent n’étre pas prairies ou les autres de Maillardville, il y a de quoi y perdre son latin pour ne pas dire son frangais. Je finirai par croire que la belle et douce langue de nos péres les Gaulois n’est sQrement pas celle de la communica- tion et de la bonne entente. Si encore cela s’arrétait 1a! Mais non ! Non contents de aprés l’accent ou la tournure de phrases, nous prenons ‘ffégalemeat en considération > le costume. C’est ainsi que s’il vous arrive de philoso- pher sur les grands sujets de l’amour, la vie, ou la mort, vous vous apercevrez qu’il est plus facile d’échan- ger des idées avec vos fré- res humains selon que vous portez un‘‘blue-jean’’ ou que vous arborez un col ami- donné. On en est donc réduit 4 changer de costumes, de [style de coiffure et presque de peau si l’on est vraiment, ‘‘mordu’? de faire passer son message. C’est ainsi que les bourgeois montrent du mépris envers les hippies et ces derniers le leur ren-- les mémes que ceux des. nous ‘‘entrecataloguer’’ d’_ dent bien !| Les entichées du ‘*Women’s Lib’’ vous jet- tent des regards furibonds lorsque .vous leur avouez le plus franchement du mon- de que vous vous sentez trés bien dans votre peau de femme... et que votre am- bition ne dépasse pas celle de soigner vos enfanis, de rester chez vous, dans votre foyer parce que vous ytrou- vez le bonheur, parce qu’il vous semble qu’il est aussi ‘beau et combien plus agréa- ble de réussir un gateau ou pomponner votre maison que de gagner de petits dollars derriére un comptoir. Enfin, j’suis tannée, tannée de toutes ces modes, modes dans les costumes, dans les mots, dans les idées, tan- née des ‘‘in’’ et des ‘‘squa- res’’... tannée des gens rai- sonnables qui veulent tout régler par des mesures de sécurité et de ceux qui ne veulent rien savoir... tan- née de notre civilisation quia fait du vol de l’argent le plus grand des crimes et qui ou- blie que nous sommes res- ponsables les uns. des autres... tannée des murs de pierres et de préjugés qui encerclent les prisonniers, des murs qu’on éléve entre les hommes, tannée des ta- bles rondes ou carrées ou se discute J’avenir d’un pays pendant que de jeunes hommes s’y battent et meu- rent depuis plus de vingt ans. Je suis triste parce que nous avons fait du ‘‘Pére Noél”? le ‘*Pére dollars’’... é parce que nous avons fait de cette féte de famille une féte ‘A crédit’’... parce que nous oublions si facilement en ce temps de partage et d’affection nos petits vieux dans leur ‘*Home’’ confor- table et stérile... parce que nous ignorons nos jeunes é- linquants au fond de leurs institutions bien gardées, si bien gardées qu’elles sont imperméables 4 la_ ten- dresse. Je suis tannée & cause de tous les autres, les ‘‘tout seul’’, les ‘‘enragés du bon- heur qui confondent amour et plaisir’’, les désespérés qui font face A leur mur de l’absurde... J’suis tellement tannée et je cherche tel- LITANIES POUR NOEL lement la petite lumiére de l’espérance si lointaine dans mes souvenirs que j’en ar- rive une fois encore 4 me pencher sur une promesse. Une toute petite promesse qui s’annonce 4 la toute fin de décembre et qui va peut- étre illuminer nos sentiers battus par le decouragement. Rien qu’une promesse en- core, un enfant né de pa- rents pauvres, né d’une fa- mille unie et qui va vivre sa- vie, pleine du ‘‘soucis des autres’’, jusqu’au bout sans se tanner. Un enfant qui est né un 25 décembre et que méme ga a fait tel- lement de ‘‘barrouf’? que deux mille ans aprés on s’en souvient, on en parle encore. Alors, je me prends 4 espérer, peut-étre au-des- sus du dénuement de la cré- che vais-je voir briller 1’ étoile de l’espoir. Si c’était vrai? Emanuelle Photo Jean-Marc Thomas EXCUSES DES DIFFICULTES NOUS ONT MIS DANS L’IMPOS- SIBILITE DE PUBLIER LE . NUMERO DU VENDREDI ler DECEMBRE NOUS PRIONS NOS LEC- NOUS EN EXCUSER. JOYEUX NOEL ! BONNE ET HEUREUSE ANNEE 1973 ! (RESET — LA CAISSE POPULAIRE SAINT-SACREMENT _ yous procure un moyen pratique d’economiser assure une parfaite sécurité 4 vos épargnes Raymond BOULIANNE, prés. ; Harry BEAUREGARD, trés. Bureau : Mardi A Vendredi : 9h. AM 4 5h. PM, Samedi : 9 h. 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