16— Le Soleil de Colombie, vendredi 16 mars 1984 : : Suite de la page 1 Pourtant, le probléme du Secrétariat d’Etat ne dort que d'un oeil : les rédacteurs du document ont pris bien soin de ne pas aborder le sujet de front. Cependant a travers leurs propositions, c’est bien toute la stratégie du subven- tionnement en Colombie britannique qu’ils remettent en cause. Dans l’esprit de ce texte, il n’est en effet plus question d'une fédération —trait d’union obligatoire entre les organismes subven- tionnés et le Secrétariat d’Etat subventionneur, mais d’une reprise en main de _ leurs affaires par les associations elles-mémes. Le «centralisme» de la fédé- ration actuelle, selon les propres termes du document, a ev des résultats que le groupe de réflexion dénonce : le faible rendement de la FFC par rapport aux sommes mises a sa disposition, le contréle financier difficile sur ses acti- vités, son parti pris pour certains organismes contre d'autres, le doublon entre son action et celle d’associations' La bande des six qu'elle est. censée représenter, son manque de disponibilité dans les prises de positions, et surtout son manque de repré- sentativité vis-a-vis la popula- tion francophone. Gio: En conséquence, le groupe s'est donné des objectifs sans concession : il faut selon lui limiter le coat de fonctionne- ment de l’organisme qui les représente pour permettre «l’€panouissement maximal de la francophonie en Colombie britannique» (Sic) Le projet prévoit d’abord de limiter le nombre d’employés permanents et d’encourager le semi- bénévolat(seuls les frais sont payés). De plus chaque asso- ciation devrait prendre la pleine et entiére responsa- bilité de son secteur d’activi- té, quitte a fournir et éven- tuellement 4 monnayer ses services aux autres organis- mes francophones. D’aprés le groupe de_ réflexion, il faudrait enfin, et c’est 1a une position trés nouvelle, mettre a contribution la population desservie. «L’avantage d’avoir accés a deux cultures et deux langues, indique le groupe de reflexion, ne devrait pas étre gratuit». Tous les éléments soulevés par le groupe de réflexion convergent vers la méme conclusion. Logiquement ils aboutissent a une redéfinition précise des objectifs de chaque organisme au sein de la fran- cophonie. Il s’agirait alors d’organiser une espéce de super OPEC (Opération, planification et concentra- tion), sous le contréle des associations cette fois, ow chaque association formulerait les limites de son champ d’activité. D’aprés le groupe, cette réflexion devrait aboutir de maniére naturelle a une redéfinition de |’orga- nisme central ( actuelleément la FFC ). Au lieu d’une FFC. tentaculaire et autonome, le nouveau centre serait limité a un petit secrétariat, financé ar une portion prélevée sur le udget de chaque association. de coordination , de soutien des élus auprés de diverses sources de finance- ment. Sans plus ! Pour com- prendre une formule du texte, la FFC nouvelle vague devrait plus ressembler au Secrétariat général de l'ONU qu’a son conseil de sécurité. A ouverture du conseil des 16 et 17 mars, un change- ment d’ordre du jour serz demandé et les présidents devront dire oui ou non a ce projet.en répondant par l'affirmative, ils s'engageaient dans un processus de longue haleine. Selon toute vraissem- blance, on leur demandera de transformer le mot Directeur général de la FFC en Secré- taire général. Une figure de style qui est en soi tout un programme. Mais rien n’est joué : il y aura 21 présidents ayant droit de vote au conseil et le groupe de réflexion ne peut étre sir pour le moment que de ses propres membres : 1’A.p.p.c. f., la paroisse St-Sacrement, la Maison d'accueil de North Vancouver, la Société audio- visuelle, la Société historique, le Soleil de Colombie (le Centre culturel n’est pas membre de la fédération et n’aura pas de représentant) . | Coup d’oeil sur «Les voisins» Suite de la page 1 du livre. Le passé s’arréte la. En effet avec «Les voisins», la troupe innove carrément. D’abord elle n’a jamais monté une aussi grosse production en dix ans (huit comédiens, environ 6 000 dollars et un délégué du Conseil national des arts 4 sa disposition pendant trois semaines), mais surtout Nicole-Marie Rhéault a choisi un texte comique, par opposi- tion aux «Coup de sang» et «Effets des ' rayons Gamma ...» des deux années précédentes. Comique, c’est vite dit, comme le souligne elle-méme Nicole-Marie Rhéault : «Le texte nous a posé des problémes pour les’ répétitions car nous avions des fou-rires constamment. Cependant cette piéce est tra- gique, c’est le vide intérieur, c’est la solitude, c’est l’absurde qui tourne finalement au drame». Le drame soit, mais dans la bonne humeur tout de méme. Sans costumes et sans décor ni musique, on n’en entendait que plus distincte- ment les gloussements des ,trois ou quatre spectateurs qui ont assisté ce soir-la a ce deuxiéme enchainement. Cue! Bernard est agent d’assu- rance. Trés nerveux il passe son temps 4a tailler sereine- ment sa haie chérie et ban- lieusarde et a ... jeter un coup d’oeit par dessus pour les rapports de bon voisinage. Ses voisins ne sont guére plus reluisants. Il y a d’abord Georges, sa bonne humeur factice en boudouillére, et sa femme Laurette; en dépres- sion constante, qui ne supporte pas la complicité virile qui unit son mari et son fils Junior. Il y a aussi ensuite Fernand, vendeur de voitures, alcoolique, cardiaque et ama- teur de mauvais mots, et sa femme, l’insignifiante Luce. Enfin, il y a Laurette, l’€pouse de Bernard, femme d’inté- rieur posée et légérement mauvaise langue et leur fille, la terrible Suzy, qui en fait voir de toutes les couleurs a ses parents (le seul personnage sympathique de la piéce). Tout ce petit monde évolue tranquillement sur sa pelouse, se fait des courbettes en s‘épiant, se retrouve de temps a autres au centre d’achat du quartier et finit par s'inviter pour le soir méme a une soirée de diapositives. Intermission, ' Ouf ! On retourne 4 un monde 4a visage humain. Gabriel Gauthier s’effondre dans un fauteuil, Maurice Meloche met une cravate et lance deux ou trois plaisante- ries, Anne-Marie Rheault, toujours nerveuse, arpente la salle de long en large. Pour- tant, il’n’y a pas de quoi sinquiéter : les comédiens ont fait trés peu d’erreurs pour un deuxiéme enchaine- ment, ils ont trouvé leurs marques et le courant de la banalité est parfaitement passé. En route pour la deuxiéme partie et pour l’absurde. Cue ! Cette fois on est délire : au cours de cette fameuse soirée on a droit a la s€éance diapositives sur le voyage en Europe de Bernaid et Jeannine. Ecran et pro- jecteur dernier cri pour découvrir que «Les vaches suisses ne sont pas si différen-. tes que celles de chez-nous» et jeu «2 charades pour passer le temps. C'est au tour de Fernand de mimer. Il plein | s’écroule, victime du mot qu'il essayait de faire découvrir aux autres crise cardiaque. Petite séance d’hystérie collec- tive qui se termine en une partie de cartes. Il faut bien se remettre de ses émotions ! Finalement le mot de la fin revient au drame, un vrai celui-la : Junior, saoulé par la ’ perfide Suzi percute en voi- ture la haie de Bernard. Tout son univers banlieusard s€écroule d’un coup. Fin de la deuxiéme partie. «La banlieue, c’est l’illusion de l’intimité», indique Anne- Marie Rhéault en guise de conclusion. En tout cas, la premiére partie du spectacle est gringante, la deuxiéme: franchement hilarante. Pas mal pour un _ deuxiéme enchainement. Ajoutez a cela une musique New Waveaggré- mentée de rengaines d’ascen- seur, un décor surréaliste ou le ' centre d’achat et la haie sont en carton peint a la maniére des affiches publicitaires, et vous avez une idée de ce qui vous attend au Firehall entre le 15 et le 25 mars (rela- che le 19, 20h30, 280 rue Cordova est). Rideau ! ‘méthodiquement Suite de la page 1 scolaire de Vancouver, Jim Carter, sous-ministre provin- cial de léducation, Bob Robertson représentant le Secrétariat d’Etat et Dante Lupini, directeur général des écoles; deux télégrammes ont été lus : celui du premier ministre du Canada et celui du Secrétaire d’Etat. Trois spectacles ont ensuite été donnés par les éléves de l’école Anne Hebert; la classe des petits de Jacqueline Favre, celles de Pierre Benoit et de Denise Comtois et enfin celle d’Annie Cassells se sont suc- cédées sur l'esdtrade. En finale tous les éléves ont en- tonné leur chanson, celle de leur école, €crite par un des institutrices . Situé dans l’est de la ville, l'école Anne Hebert compté cette année cent deux éléves inscrits dans les cing classes. Trente-quatre nouveaux — dont vingt-quatre en mater- Anne Hébert inaugurée nelle — ‘iront s'asseoir a la rentrée prochaine sur les banes de la seule école fran- caise de la Colombie britannique. «Nous avons en ce mois-ci, trente-quatre nou- velles inscriptions. Mais nous . " perdons avant le mois de juin, cing de nos éléves actuels; nous verrons plus clair en septembre prochain, car les inscriptions se déclarent ndant l'été», —_explique arbara gauthier-Hayes, directrice de l’école. Instituteurs, - orthopéda- gogue, bibliothécaire, secré- taire, orthophoniste et méme concierge —encadrent —en francais ces éléves qui se qua- lifient selon la section 28 de la Charte canadienne des Droits et Libertés; l'enfant d’un parent ou tuteur francais; lenfant d’un parent ou tuteur qui a recu son éducation primaire en francais; l’enfant qui a suivi: un programme _ semblable ailleurs. ‘ La cérémonie de l’inauguration’ — i Le coup de patte Suite de la page 1 appris. C’était en 1948, René avait 17 ans, i] entamait son apprentis- sage. Trois années pour savoir progressivement «mettre en planche» (c’est-a- dire amener la pate du pétrin mécanique vers un trou ow elle «pousse») , peser, pétrir et cuire. Eh oui, on ne brile pas les étapes dans un métier ou lon ignore souvent que, par exemple, le pain chaud au four casse comme du verre. A-t-on jamais vendu du pain cassé? «Et puis finalement, ajoute René, l’apprenti apprend a devenir son propre patron, pour gagner décemment sa vie». Une régle un peu trop bien observée qui fait qu’en 1963, il y a 4 200 boulangers rien qu’a Paris ! René Reverchon travaille chez. les uns et les autres mais partout, cest la méme charge de travail que ne justifient pas toujours les salaires. 1963, c’est donc l’année ot notre jeune boulanger — toujours célibataire — décide que le pain ne se léve pas toujours a lest et que l’Amérique a toujours su accueillir .ceux qui ont du coeur au ventre. Et le ventre, lui, il connait ... Commence alors une lon- gue carriére dans l’hétellerie de luxe, ow il passera en tout onze ans. Six ans dans le plus ’ grand hdétel (PGH) du Canada, le Royal York Canada de Toronto; 2 ans dans le PGH des Bahamas; quatorze mois dans le PGH de Floride. Entre temps, il a découvert trois choses : que la boulange, effectivement, n’a pas de patrie; que lui, par contre, s'en est trouvée une seconde (il devient Canadien, en 1969); ‘qu’enfin sans amour la vie est un fichu tre, il est heureux pétrin : il épouse Linda, une charmante Américaine, 4 Miami. Avant «Bon Ton» et ses viennoiseries, il y a encore Venise Bakery. Venise Bakery, c’est l’usine a pain. René est en bout de chaine : il pétrit tout la journée. Pour un homme de son exp€rience, habitué a tout réaliser de bout en bout, dans le souci du plus petit détail — fruit d’une longue observation des plus «tocards» — méme. Chez «Bon Ton», par coir- il a retrouvé, au sous-sol de la vieille maison italo- vancouvéroise, uneautonomie compléte et la maitrise de ses produits. Seule la pate a été, si l’on peut dire, maché pour lui. -Et a lui les viennoiseries! Croissants, petits pains bien sir, mais aussi tartes aux pommes, chaussons aux pommes ou aux abricots, pains aux raisins, petites sau- cisses_ enveloppées de pate feuilletée, «figure eight» ... Pour les invités, avec tout le matériel 4 la maison, il y a méme de délicieuses brioches croustillantes et fondantes. Mais il faut étre invité! Alors 4 ce moment, dans la chaleur de l'instant, René Reverchon parle du passé et de ses anciens camarades boulangers. Il les revoit réguliérement, retournant en France. Mais bon sang, ce qu'il ne regrette pas d’avoir fait le grand saut au-dessus de l’Atlantique il y a 20 ans ! Jamais, dit-il, i n’aurait connu la situation confortable dont il jouit aujourd’hui s'il était resté en France. La boulange est restée ‘la-bas un métier dévorant.” Or lui, René, c'est la vie-qu’il prend 4a pleines dents. Son appétit pour elle est resté le méme ! La SFM change de stratégie Suite de la page 1 cer l'indifférence des autorités provinciales et municipales. Au cours du congrés annuel de la SFM (10 et 11. mars), le président Léo Robert, recon- duit. dans ses fonctions, a annoncé un changement de stratégiede la société. Désor- mais, la SFM mettra le gros de ses disponibilités financiéres au service d’attaques juridi- ques systématiques contre les lois manitobaines unilingues. «Nous ne cesserons pas de fournir des services 4 notre communauté, a dit Léo Robert, mais nous ferons pression sur les gouverne- ments fédéral, provincial et municipal pour qu’ils les financent eux-mémes. Trop souvent dans le passé nous avons essayé de boucher les trous, et c’était une erreur.» A partir de cette année, la SFM ne financera plus les prématernelles francophones ni les programmes de forma- tion d’éducateurs en francais proposés dans les écoles secondaires. De méme au lieu d’envoyer elle-méme des infir- miéres francophones dans les écoles francgaises, comme cela était prévu, elle va faire en sorte que le gouvernement provincial s’en charge. La SFM va d’autre part essayer d’obtenir que les officiers de développement économique et rural employés dans les localités francophones soient. désormais payés par le gou- vernement provincial. Cependant, la société conti- nuera A subventionner les. groupes culturels Franco- Manitobains chorales, troupes de danse, compagnies de théatre, sociétés litté- raires ... Léo Robert a prévenu que cette nouvelle — stratégie demandera aux Franco- Manitobains encore plus de force pour obliger le gouver- nement manitobain a fournir les services qu'il leur doit. «Les autorités municipales, a- t-il ajouté, seront graduelle- ment sollicitées pour engager les employés francophones des piscines, des stades et des camps dété qui étaient auparavant payés par la SFM». Enfin, il a annoncé que la Société Franco-Manitobaine prévoit une large campagne de financement pour accroitre ses ressources. Les détails de cette campagne seront rendus public sous peu. Sourire Un pére va inscrire son fils 4 |’école: Est-ce que je pourrais inscrire mon fils en seconde, s'il vous plait? — Vous vous y pre- nez un peu tard, nous. sommes au complet. — Ecoutez, mettez- le en premiére, je paierai ie supplé- ment! Rectificatif Dans une publicité pour la campagne de Jonathan Baker qui se présente aux élections de la commission scolaire du ‘14 mars, nous avons fait une erreur : nous avons prété a Kim Campbell le visage de Bryan Hannay et au-dessus du nom de ce dernier, nous avons mis la photo de Neil Kornfeld. Avec toutes nos excuses, en espérant que les électeurs ne s'y sont pas trompé ...