Rubrique Littéraire «Le petit garcon» de Philippe Labro, Editions Gallimard, 1990 Né a Mautauban en France, Philippe Labro est bien connu en tant que journaliste, écrivain et cinéaste. Dans ce livre, il raconte l'histoire d'un petit garcon qui grandit dans le sud-ouest de la France dans les an- nées quarante, le plus jeune d'une nombreuse famille: sept enfants, dominés par la haute stature imposante du pére, réchauffés par la tendresse d'une mére de dix-huit ans plus jeune que son mari. Un peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le péte, pressentant que les choses allaient mal toumer, a quitté Pa- nis pour venir installer toute sa famille en province. Sur un vaste terrain, sur une hauteur, un peu en dehors de la petite ville, il a fait construire une belle demeure que la famille appelle la Villa. Les enfants s'y épa- nouissent en toute liberté au contact de la nature bienfaisante et dans une atmosphére provinciale tran- quille. Lenfant raconte leur vie heureuse et protégée. Chaque matin, les sept enfants dévalent la pente a bicyclette afin de se rendre 4 I'école ou au lycée et ils se retrouvent le soir pour la remonter en sens inverse. Is tien- nent un Album familial ot ils consignent les faits marquants de chaque journée. La guerre se fait bientOt présente car la Villa sert de lieu de passage ou de refuge 4 de nombreux étrangers, surtout des juifs fuyant les persécutions des nazis. Mais le petit garcon ne comprend vraiment la menace de la guerre que le jour ot les Allemands envahis- sent la ville et ou le SS Brigadefiihrer s'installe avec son ordonnance 4 l'étage de la Villa, violant leur para- dis. Aprés la guerre, le pére décide d'abandonner sa retraite en province pour remonter 4 Paris et reprendre du trdvail car il juge que le milieu de la capitale sera plus bénéfique 4 l'épanouissement intellectuel de ses en- fants. C'est la transplantation brutale dans un lycée parisien oti les éléves se moquent de l'accent du midi et des maniéres un peu frustes du petit garcon. Ce roman est le premier d'un cycle qui met en scéne le méme personnage; il est suivi de Quine ans en 1992 dans lequel le petit garcon, devenu adolescent, découvre la solitude, l'amitié et les premiéres amours. Dans Un début a Paris 1994, qui se passe 4 la veille des années soixante, le jeune homme de vingt ans fait ses débuts de journaliste sur fond de guerre d'Algérie. On retrouve encore le méme personnage dans Uz été dans [Ouest, 1988, ot le jeune Francais fait un voyage diinitiation 4 I'Amérique alors qu'il passe un été comme €tudiant et planteur d'arbres au Colorado. oat Ecrits dans un style vif, alerte, sans prétention, les romans de Labro se lisent facilement et avec plaisir. Par ses accents de vérité, d'authenticité et grace 4 ses talents de conteur, le romancier sait capter et garder l'in- = ™ térét de ses lecteurs. — Monique Genuist