So El Paso. La chaleur brdle et la lumiére foudroie. Dans la gare des autobus, asile de frafcheur, attendent des Mexicains, des Indiens, des blancs, des noirs, d’autres gens de race indécise. Un gamin de huit ans, tout blond, bien vétu, a quitté ses pa- rents, et il volte et vire- volte avec un chariot a ba- gages. Soudain, spontané- ment, il s’arréte devant un groupe de jeunes noirs 4 qui il propose une ballade en voiture. Ceux-ci acceptent en battant des mains. Et notre conducteur improvisé proméne 4 tour de role les J’ai trop observé de gens et de choses. J’aspire aux visages familiers et auxhal- | tes de la vie quotidienne. Au contact consécutif de deux peuples, l’Américain et le Mexicain, je me dis que rien n’est parfait sur la terre. | Toute qualité entrafne son défaut comme l’objet lumi- neux son ombre. II faudrait pouvoir concilier dans le coin of l’on vit la quintes- sence de chaque pays connu, proposition impossible. Le Mexique offre une vie plus pimentée mais moins con- fortable que celle de nos | pays. Le pittoresque s’y ac- négrillons. Des Sudistes de | race blanche, rongeant leur frein, jettent aux parents des regards comme des coups de pistolet. Une grand-mére, habillée tout de mauve, de race blanche elle aussi, sourit en dodelinant de la téte. Los Angeles. La porte brune est fermée devant moi, pareille A une porte d’as- censeur. Cette sésame au visage clos recéle pour moi seul de secrets prestiges. C’est la porte qui va ou- vrir sur le quai ot jem’em- barquerai pour la derniére étape de mon voyage. C’est la sesame d’or de la Cali- fornie, de l’Orégon, du pa- radis d’eaux et de verdures connu sous le nom un peu saugrenu de Colombie-Bri- tannique ( textuellement pays anglais de Christophe Colomb ! ). Mais halte 1a ! Ce jeu de mots &4 bon mar- ché indique la fatigue du vo- yage. compagne de pauvreté. D’ ailleurs, l’exubérance des | Mexicains, leur loquacité, finit par assourdir 1’étran- | ger de passage. Alors vient l’heure de repartir. Aux Etats-Unis, l’existence des classes moyennes, grace 4 la production en masse et au travail 4 la chafne, est plus facile. Mais poésie et truculence se perdent dans le processus. Les Mexicains des Etats- | Unis, (on les rencontre jus- | qu’a Sacramento vers le Nord), n’ont pas la gaieté des Mexicains authentiques, (ou peut-étre la réservent- ils pour leur vie en famille?). Ils se sont résignés aux in- convénients moraux du pro- gres matériel. En tout cas, de retour A Vancouver, je me promets de garder en mémoire la vérité acquise dans ce vo- | yage. La dirai-je? Le pa- | | | radis n’existe nulle part au monde, bien qu’il soit lou- able d’en poursuivre le mi- rage. Or, s’il existe quel- ques coins de la terre ot de ttels reflets jouent sous les branches, je demeure persuadé que Vancouver, lI’ eté, avec ses montagnes bleuatres, ses jardins, ses eaux vives, compte parmide |tels endroits. FIN Renseignements pratiques. | Les Canadiens désireux de | se rendre au Mexique doivent | sé munir d’un passeport (dé- | livré par le gouvernement | fédéral) et d’une carte de | touriste ( valide pour six | mois et délivrée gratis par | le Consulat du Mexique A | Vancouver). | Le voyage le plus rapide | par la route se fait en au- tobus (Greyhound). Voici un horaire approximatif : | Départ le vendredi soir de | Vancouver. Arrivée A Los Angeles le dimanche matin. Depart de Los Angeles le méme soir pour arriver 4 El Paso le lundi midi. Hal- ; te de quatre ou cing heu- | res. Départ de Ciudad Jua- | rez vers cing heures aprés- | midi le méme jour. Arrivée A Mexico le mardi | soir. | Les restaurants des sta- tions américaines offrent, ' 4 des prix moyens, des re- | pas ‘‘standard’?’ comme on |en trouve partout sur le | continent (N’est-ce pas une |merveille de notre société |hautement civilisée qu’ |un ‘*hamburger”’ ait le mé- | Me godt A New-York qu’A | Seattle ). Au Mexique, les restau- rants des stations (Autobus | Chihuahenses) offrent des | repas mieux cuisinés, mais, ;comme il va de soi, plus |exotiques. De Hollywood DARRYL F. ZANUCK — DFZ, comme Vappelle affec- tueusement la presse holly- woodienne — vaut a lui seul tout un chapitre du Septieme art. Tl a produit plus de films, beneficié de budgets plus gros et gagné plus d’Oscars que ses ri- vaux. Il a eté aime par de belles femmes, il a eté dé- core par trois gouverne- nents et a ressuscité la 20th Century Fox par deux fois. Récemment, ‘Time’ enterrait DFZ, disant que te producteur, a 63 ans, etait en train de mettre en scene son dernier film. N’en croyen rien: le der- nier des Mohicans ressusci- tera dans quelques semai- nes. Les technocraies ont, plus que jamais, besoin du vieux magicien. Comme on s’y attendaif, Ja direction de la Fox a gagne, contre les acticenai- res dissidents, une des plus dures batailles de contréle dentreprise de UVhistoire in- dustrielle americaine. Le resultat definitif du vote a ete rendu public mardi (8 Juin): 3,900,087 votes en fa- veur de la direction et 2,428,139 seulement pour les rebelles. La victoire est en meme temps reelle et illu- soire puisque les rebeiles ont reussi a limoger Za- nuck pere. Mais pour com- bien de temps? Courrouces par la perte de plus de cent millions de dollars pendant les deux dernieres annees, un groupe d’actionnaires es- Sayaient de prendre le con- trole de la compagnie, ga- gnant meme a leur cause Virginia Zanuck, ta femme separee de DIZ et, parait- il, le poids des actions ap- partenant au fils, Richard Zanuck, que le pére sacri- fia en decembre dernier pour tenter de garder le controle de la Fox. Au plus fort de la bataille, c’est-a- | dire a la veille de la réu- | nion des actionnaires du 18 mai, DFZ donnait sa dé mission de la presidence du conseil, tout en restant di- recteur de la production. 'Les technocrates | s‘installent Haut en couleur, dans la meilleure tradition du ‘showbiz’, le regne Zanuck (qui devait produire “Sound of Music’’. le film qui a le plus rapporte d’ar- gent dans toute histoire du cinéma), est done suivi par le régime de l’anonyme | technocratie de Wall Street: William F. Gos- | sett, installé a la preési- dence du conseil, et de Dennis Stanfill. On sait peu de chose sur ces messieurs et pour cause. Gossett est un avoeat texan, ancien | president de l’Association des magistrats et conserller juridique de Ford Motor, et autres entreprises géantes: Stanfill est un financier, ancien trésorier de journal. De retour au studio aprés la lutte contre les action- naires, Stanfill a essaye de remonter le moral des quelques 500 derniers em- ployes en Californie de la Fox (plus de 2,000 ont ete | licenciés depuis un an). Il a déclare que les opera- | tions seront concentrées a | Hollywood. La Fox pro- ' duira 20 films cette année, a-til dit, dont la moitie est deja en chantier. Le 28 mai, la direction | de la Fox a déclaré que | des 8.6 millions d’actions, quelque 4,000,000 avaient voté en faveur de Ja direc- tion et 2,500,000 en faveur des insurgés. Les actions votaient en grands blocs; David Merrick, le produc- teur de Broadway, par | exemple, votait avec ses 202,700 actions, Zanuck fils a voté avec 100,000 actions, etc. Stanfill, nommé au con- seil en 1969, est le choix des principaux créanciers de la Fox, principalement la Chase Manhattan Bank; il represente le glissement du controle des gens du metier vers les avocats et les conseillers financiers. Il est trop tot pour dire, comme la fait ‘Time’, que cest la fin de la carriére de Zanuck pere, tout au moins a Ja Fox. Maintenant que la lutte contre les in- surges est terminée, Gos- seft et Stanfill ont plus que jamais besoin d’experts, de gens qui savent faire des films, et c’est ici que DFZ refait surface. Des projets _olein la féte Tl est toujours a salaire ($52,000 par an, plus frais | de deéplacements) et plus | dispose que jamais a plon- ger avec énergie dans la production et devenir le vé- ritable cerveau derriére Gossett et Stanfill. Le pa- | tron du studio hoolywoo- dien, Elmo Willimas, est deja un “homme de Za- | nuck”. Vill, LE SOLEIL, 18 JUIN 1971 bie Lada kev the + ‘yal LE OE ate] sath Wiest Vis Asari vid in decile