La toponymie francophone en Colombie-Britannique Lorsque !’on examine avec attention une carte détaillée de la Colombie-Britannique, on fait des découvertes toujours intéressantes et parfois savoureuses. Il est évident qu'un bon nombre d’expressions géographiques ont été simplement traduites en anglais, d’aprés des cartes primitives. D’autres sont restées dans leur premier état. Ainsi la Téte Jaune, le lac Azure, France Ways, la crique Risquée (Riske), les Priest Rapids, la Porte d’Enfer, le lac La Hache, le lac de la Brigade, le lac de l’Alouette, le Pouce Coupé, la riviére Eauclaire, le lac Trembleur, le lac Nez, la riviére aux Vents, la French River, le lac a la Butte, Cachalot sur I'tle de Vancouver, et cette crique Prassepatou qui est sirement la pronon- ciation fautive de Passe-partout, et surtout ces rapides au nom charmant de Ne-parle-pas. Dans le parc Jasper, a cheval semble- t-il sur l’Alberta et la Colombie, on compte bon nombre de noms frangais. C’est ici que l’on trouve la Téte-Jaune, la Roche- Noire, la Roche-Bonhomme, le pic du Caniche, le mont Grisette, le mont du Marmot, le mont du Chevron, le lac Maligne, le mont de l’Aréte. Ici aussi un nom historique, celui de Tonquin (le navire tragique d’Astor) donné a une crique, a une colline, a une passe; de méme celui de Franchére, qui rappelle le célébre traitant et auteur de Mémoires; enfin le mont de Smet, ainsi appelé par les Indiens en l’honneur de leur plus grand missionnaire. Au sud-ouest de la province, le lac et la rivire Blanchet rappellent deux des premiers évéques de l’extréme ouest ; dans I’est, Durieu, le nom de l’évéque de New- Westminster et West Demars, évidemment une déformation orthographique de Demers, le nom du premier évéque de Victoria et de la Nouvelle-Calédonie. Au nord, la riviére Petitot est le mémorial d’un missionnaire francais du XIXe siécle, écrivain ethnologue. Une intention du méme genre fit donner a une montagne le nom de Deville, hydrographe francais, arpenteur général du Canada, qui appliqua la photogrammétrie dans les Rocheuses, dés 1885. On sera peut-étre étonné de rencontrer un lac Bonaparte, on le sera moins de voir un mont Cartier, encore moins un mont Wilfrid Laurier et un mont Lady Laurier, et pas davantage un mont Joffre et un lac Foch. Des chercheurs d’or ont laissé leurs noms aux endroits oi ils ont trouvé le précieux métal: la crique Trépanier, la crique Thibert, les criques Bourgeaux, Blanchard, Boucher, LaPrise, Brenot, Lagarde, Beaudette, Tremblay, Vigné. Bref, tout le territoire est émaillé de noms francais: Labouchére, Paul, Lizette, Michel, Porcher, Blanchard, Boyer, Racine, Lemieux, Josephte, Derome, Quentin, Belourdet, Cété, Bayard, Flameau, Patry, Fontas, Boudreau, Le Hudette, Le Moray, Bessette, Carrier, Martel, Pavillon, Tranquille, Mamette, Bouleau, Barriére, DesRoches, Leblanc, Alexis, LeBour- dais, Antoine, Basque, Lampriére, Brazeau, Isle Pierre, Legrand; et Bastille, Cayenne, Bayonne, Valencienne, Arras; et, chose curieuse en un pays ou ont passé tant de Canadiens fran¢ais, un seul nom de saint, celui de saint Joseph... source: Au Berceau de la Colombie-Britannique, Olivier Maurault, Les Editions des Dix, Montréal, 1948.