Le Soleil de Colombie, vendredi 10 juin 1983 — 15 Lettres, arts et spectacles Un auteur par semaine Julien Green GREEN [Julien]. Parts, 1900. Tl naft en France de parents américains venus s’établir au Havre en 1893. Il fait ses études au lycée Janson de Sailly. Anglican d'origine, il abjure en 1916 pour devenir catholique et l’année suivante s‘engage comme ambulancier dans le Corps expéditionnaire américain, puis, l’age venu, dans l’armée francaise. De 1919 a 1922 il réside aux Etats-Unis pour y poursuivre ses études a l'Université de Virginie. Il écrit alors, sous le pseudonyme de Théophile Delaporte, son Pamphlet contre les catholiques de France (1924) et publie son premier roman Mont-Cinére (1926). En 1927, son pére meurt; il habite désormais avec sa soeur Anne, a Paris. Tl se sent une vocation de romancier: Adrienne Mesurat (1927), Léviathan (1929) ; l’'unité de ces romans réside dans la peinture d’un univers angoissé et horrible; aux 4mes violentes. En 1929 il aban- donne toute pratique religieu- se pour plusieurs années. _ Epaves (1932) marque un tournant: maintenant il s’at- tache aux médiocres. Il sé- journe 4 nouveau aux Etats- Unis, revient a Paris en 1934 et publie Le Vistonnatre (1934), Menuzt (1936) . Il fait encore deux voyages outre- Atlantique (1937, 1939). Sa crise religieuse est terminée. Parti de nouveau en 1940, il reste aux Etats-Unis jusqu’a la fin de la guerre. A Varouna (1940) succéde un livre en anglais Mémories of Happy Days (1942). ~ Aprés la guerre, il écrit Si j états vous (1947) et connatt encore une grave crise reli- gieuse: écrire un roman n’em- péche-t-il pas tout progrés spirituel? Ne convient-il pas de garder le silence? Il revient néanmoins a la littérature avec des romans fortement autobiographiques: Mozra (1950), Le Malfaiteur (1956), Chaque homme dans sa nutt (1960), L’Autre (1971) ; mais, sur l'invitation de Jouvet, il devient auteur dramatique: Sud (1953), qui, dans le cadre de la guerre de Sécession, peint un amour sans espoir, connait un beau succés. Il donne encore L’En- nemit (1954) et L’Ombre (1956). Depuis l’age de dix- huit ans il rédige son Journal (IX, 1938-1972): avec une sincérité totale, il décrit ses tourments intérieurs, sans né- gliger de noter ses lectures, ses. rencontres, ses voyages. Il re- cherche avec ferveur l’amour de Dieu mais est sans cesse séduit par les prestiges du monde, Le journal devient pour lui une ascése et un | exercice de sanctification. I] éprouve, en 1961, le besoin d’écrire son autobiographie: Partir avant le jour (1963), Mille chemins ouverts (1964), Terre lotntaine (1966), Jeu- nesse (1974). Il y retrace sa jeunesse, transfigurée par la mémoire, avec un ravissement a peine teinté de mélanco- lie. Aprés avoir recu le grand prix national des Lettres (1966), il est élu a l’Académie francaise en 1971. Avec sim- plicité, dans un style en demi- teinte et d'une discréte musi- calité, il sait rendre compte du monde spirituel. Troupe de la 16@me De nouveaux visages La Troupe de la 16@me était présente lors de la rencontre Franco-Ouest qui s'est tenue, la semaine derniére, 4 Winni- Peg: La seule compagnie profes- sionnelle de théatre de notre province présentait, pour y étre vendue en tournée, “t’his- toire de Julie qui avait une ombre de garcon”. Bien que les décors de la piéces n’aient pu atteindre — par camion - a temps cette manifestation qu’est Franco-Ouest, les pro- fesseurs du Manitoba, de la Saskatchewan et de ]’Alberta ont été emballés par “Julie qui avait une ombre de garcon”. “Nous espérons signer trés bientét une tournée aux pro- vinces de l’ouest et qui s’éche- lonnera entre le 15 avril et le 81 mai” explique Solange Bertrand, directrice adminis- trive de la Troupe, avant de revenir vers la céte ouest. Mais la Colombie Britan- nique n’est pas oubliée dans le programme de la Troupe, puisqu’en novembre et dé- cembre prochains, une piéce écrite par l’ancien directeur artistique, Denis Chouinard, sera présentée dans les écoles. “Catou est-elle différente ou l'enfance Spina bifida” sera cette nouvelle piéce qui est une réflexion sur les handica- _ ~pés. _ Cété direction, les délégués de la 38eme assemblée géné- rale de la FFC ont découvert un nouveau visage a la téte du Conseil d’administration de la _ Troupe. Jean-Robert Faure _ vient de remplacer Nina Léis, A AS BE BT EE qui, aprés trois ans de fidéles services comme présidente, a décidé de se retirer. “Cela est trés dur, car vous savez que ma vocation premiére est le théatre. Si je suis actuellement dans la télévision (Nina est secrétaire de production, a CBUFT), c'est que le théatre ne peut me faire vivre.” a expliqué Nina. Jean- Robert Faure connait trés bien le milieu culturel et artistique de la région, puis- que pendant quatorze mois, il a été attaché culturel auprés du consulat francais de Van- couver. Le nouveau bureau de direc- tion se lit ainsi: Jean-Robert Faure, président, Toni Agostini, vice-président, Claude Bergevin, trésorier et responsable du dossier écono- mique, Eléonore Tremblay, secrétaire, Fred Ardtel, con- seiller, Héléne Brassard, con- seillére légale et responsable du dossier politique, Thérése Champagne, conseillére et. responsable du dossier artisti- que, Fabienne Goulet, con- seillére, Mary Wong, conseil- lére et responsable du dossier publicité. Nous rappelons aux lecteurs que la direction artiis- tique est assurée par Nicole- Marie Rhéault, la direction administrative, depuis: janvier 88, par Solange Bertrand et la secrétaire-relations publiques est Genevieve Boutry. la nouvelle saison artistique de la Troupe de la 16éme _Youvrira en septembre pro-. ‘chain et la programmation a lintention des écoles en aoit 83. Au musée de Vancouver Réves d’Empire Cette exposition présente un apercu de V’histoire dw Canada des débuts jusqu’a 1700. Deux cent cinquante reproductions de piéces d’ar- chives, provenant de cinquan- te-deux institutions canadien- nes, américaines et européen- nes, et comprenant des cartes, des gravures, des peintures, des sceaux, des médailles, des manuscrits et des imprimés, servent a illustrer les huit thémes étudiés. Une légende accompagne chaque piéce exposée;, elle en donne une description techni- que, la situe dans son contex- ' te, en reproduit parfois des extraits importants et en indi- que la provenance. Réves d’empire est la pre- miére exposition d’une série intitulée Les documents de notre histoire. A la fois mémo- rial et illustration de lhis- toire du Canada, elle montre des documents souvent inédits et peu connus que les cher- cheurs consultent pour écrire histoire du pays. Ce choix de piéces d’archives permettra au visiteur d’enrichir singuliére- ment sa vision du passé et a l’étudiant de rendre son pre- mier contact avec les sources originales plus agréables. C’est I’historien, archiviste et éditeur bien connu, André Vachon, membre de la Socié- té royale du Canada, qui est le principal responsable de cette exposition, pour en avoir décidé les thémes et fait le choix final des piéces. L’Amérique entre dans l’Histoire avec les grandes ex- plorations. Les hardis naviga- teurs cherchent la route de l’Asie, d’ow leurs navires ren- treront lourdement chargés des riches produits dont ]’Eu- rope, depuis les Croisades, ne sait plus se passer, Mais la barriére continen- tale, que constitue le Nou- veau-Monde, est un immense domaine a conquérir qui pro- voque les rivalités des Portu- gais, des Espagnols, des An- glais et des Francais désireux de:s'y découper un empire. L’Amérique septentrionale sera le lieu de contestations des Francais et des Anglais. Aux espoirs de Cartier, aux projets de Champlain, succé- dent les entreprises de Talon une et un nouveau pays, aouvelle France, le Canada, ‘merge dans la plaine du Saint-Laurent, déployant ses antennes aux quatre points sardinaux. THEME I Les origines THEME II Exploration et occupation du continent THEME III Population et peuplement THEME IV Gouvernement THEME V Guerres THEME VI Economie THEME VII Société et culture THEMEVII Religion L’exposition “Réves d’em- pire” ou le Canada avant 1700 est ouverte deputs le 4 juin au Musée de Vancouver, rue Chestnut. Le prix d’entrée est de $2.00 par adultes; et 50 cents par étudiant et par personne de l’Age d’Or. Les heures d’ouverture, du lund. au dimanche. inclus, sont de 10h00 a 17h00. LES FILMS DE LA SEMAINE Peri VUS PAR GASTON. «The Story of Terry Fox» Interprétes: Robert Duval, Chris Makepeace, Eric Fryer Ralisation: Ralph Thomas [Ticket to Heaven] The Story of Terry Fox est d’apparence un film fait pour la télévision, ni pire, ni meil- leur qu’un film moyen réalisé pour le petit écran. On nous raconte d’événe- ment en événement et d’une manieére assez simple l'histoire de Terry Fox a partir du moment od il découvre qu'il a le cancer jusqu’au bout de sa ‘course & Thunder Bay en Ontario. Nous voyons donc Fox au court de basketball, Fox chez lui parmi sa famille, Fox découvrant sa maladie, Fox planifiant son marathon, 31 SRP iwTSAOY > SW STISGUE Fox exécutant sa course et ainsi de suite. Les événements sont si connus que le film ne contient point de surprises mais que de scénes super-émotives pen- dant tout le temps de la pré- sentation. Cependant retenons une relation intéressante, celle en- tre Terry et Bill Vigars (Ro- bert Duvall, Apocalypse ‘Now), le représentant de la Société Canadienne du Cancer qui organisa le triom- phe de Terry en Ontario. Duvall saura donner une in- terprétation convaincante d’un homme ne comprenant pas Terry Fox mais saura quand méme |’admirer voire Paimer. MuVOTG f3S. SS3Su0F shsh “La Nef des Sorciéres”’ Voix de femmes “La Nef des Sorciéres” n'est pas du théatre traditionnel. Certes, des acteurs, plutét des actrices, parlent. Mais elles ne se parlent pas. Il n'y a pas d’échanges, mais de longs monologues, qui racontent la vie de ces femmes qui s’avan- cent vers nous, le coeur et les mains nus dans un décor nu. Il _y a lactrice, puis la ménopausée: “j'ai 55 ans mais jsuis préte a repasser l'amour.” L'occasion d'une longue réflexion sur les mens- truations, désormais _inter- rompues, sur ce sang “qu’on guette, qu’on espére ou qu’on essaie d’endiguer”. Arrive ensuite Lucie 1’ou- vriére, une banlieusarde pri-. mesautiére et lucide. Céliba- taire a 40 ans, elle s'écrie a I'ntention de ses cadettes: “Mariez-vous, méme si vous vous séparez le lendemain: on vous appellera toujours madame.” Face 4 sa solitude: “Jai peur d'avoir parlé pour rien”... Autre moment fort, le dis- cours de “la fille”, obsédée par “les gars”, et pour la premié- re fois seule un samedi soir. Amertume d’étre la femme pomponnée en permanence, méme pendant les courses, “des fois que... tu rencon- sd le gars qui... que... le seul, le tien, celui qui pourrait changer toute ta ve.” La lesbienne, elle, a “honte de faire partie d’un troupeau d’esclaves” et se réjouit de son “acte de subversion”: “le monde des hommes s'est arré- té de tourner.” Par que “jamais un homme ne m’a touchée comme ¢a...” L’écrivain réfléchit sur l'aventure actuelle de la fem- me, sur ses difficultés: “C'est dréle comme ¢a rend hysté- rique, les empéchements.” Mais cela ne peut durer. Avec dans la téte la volonté de faire “craquer, grincer, grincher l'histoire”, “la rupture sera inaugurale...” Suite page 16 Andrée Boudreau dans le réle de la fille. «La nef des sorciéres» “Six femmes prennent la parole” 2-3-4-9-10-11-16-17 -18-23-24 et 25 juin a 20h30 Centre Culturel Colombien 795, 16iéme Avenue Ouest Info: 874-9105 Une production du Centre Culturel Colombien | | | Suite page 16 ] ante, paar) | Festival de Granby Des auditions en vue de participer a la 15i¢me Edition du Festival de la Chanson de Granby se tiendront dans les provinces de l'Ouest pour tous les interprétes et les. auteurs-compositeurs-interprétes non-professionnels de langue francaise. Les frais de participation des. artistes acceptés au Festival de la Chanson de Granby, seront défrayés grace a la collaboration du Secrétariat d’Etat du Canada. Offrez-vous la chance de gagner le prix le plus prestigieux a l'égard de la composition et de |’inter- prétation de la chanson populaire francaise. Auditions (En collaboration avec la F.C.C.F.) Vancouver: 28-24 juin Inf.: Suzanne Charest (604) 669-5264 Des formulaires d'inscription sont disponibles dans toutes les stations francaises de la Radio de Radio-Canada et dans les bureaux de la F.C.C.F. wi Ri Vail ne en tlm A Tilsen pe le A tr ltl yl i TR Re I a NN No a RR SERA Sk a ins a pi ot. ae ee oe a ee eee