VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 5 mai 1989 - 13 Par Jean-Claude Boyer J’entre d’abord dans une sorte de coop$rative ol l’on me fait savourer un Saint-Emilion de 1982, méme si j’ai avoué que je n’achéterai rien. Le jeune commis qui me présente la coupe de précieux liquide rouge qualifie celui-ci de «nectar des dieux». Je me rends ensuite aux caves des domaines viticoles Jean-Blanc. Vin exquis. Des Américains «s’emparent» de mes services d’interpréte pour parvenir & comprendre |’essen- tiel de ce que débite notre héte. Ecriteau au-dessus d’uneporte: «Dieu n’avait fait que | ‘eau mais l'homme a fait le vin». En quittant les lieux, je mentionne «Expo 86» aux Américains qui se montrent exagérément inté- ressés; ils n’en sont pas, cela se voit et s’entend, a leur premiére dégustation. Je me retrouve finalement chez Pierre Riviére, propriétaire des fameuses caves monolithes - creusées a la main au XVe siécle. Mon héte, Frédéric Poli, se présehte comme «/e beau- frére de Philippe Riviére, fils de Pierre». || est fort volubile. «J’aime beaucoup les Québé- cois!» déclare-t-il avec empha- se. Je le laisse me verser une bonne dose de vin capiteux de 1974, bien quejesois déjaon ne peut plus joyeux (trois gouttes _ me suffisent!). «Nos. caves..de “grandes dimensions, souligne- t-il, sont uniques au monde. La température y est toujours constante: 120 celsius, 70% d‘humidité... Nous gagnons des premiers prix...» || me parle de leurs cing chateaux, des plus grands crus, de leur millésime 1921 et méme de saint Valérie, patron des vignerons. Il me raconte mille choses que jignorais sur les terrains calcaires, les vins exceptionnel- lement «corsés» ou «francs», etc. Puis je descends, seul, au royaume de la dive bouteille: des centaines de milliers! De retour al’étage, Frédéric m’offre Vue magnifique f MARTINIQUE : tal CL C’est nouveau, c’est beau : Récit d’un tour du monde ~ Bordeaux et Saint-Emilion une autre coupe, que je me dois de refuser, et des macarons roses (gateaux secs a base d’amandes) que je ne peux pas ne pas accepter: il faut étre poli! Il insiste pour que j’ajoute a mon bagage des documents divers, une petite pile d’étiquet- tes et un tire-bouchon dont le mancheest fait d’un morceau de cep. Vachement sympa! Il regrette que je n’aie pas visité leurs «caves de vieillissement» face a la poste. Adieux chaleureux. Je retourne maintenant vers la petite gare, la téte et le coeur moins légers. J’aime ces vieilles rues pittoresques, puis cette longue promenade entre d’im- menses vignobles. Magnifique coucher de soleil aux teintes... vineuses. Et me voila a attendre, seul, patiemment, le dernier train pour Bordeaux. Tout est calme. Un chien se met soudain a aboyer. Un train apparait au loin, s’approche rapidement, ralentit, s’arréte. Dés quill repart, je me rends compte qu'il ne s'est arrété que pour moi. (Une autre «premiére» dans ma vie). J’ai t6t fait de passer en revue la petite collection de cartes postales-souvenirs que je me suis procurée. Derriére l'une d’elles (représentant le puits et la «chambre de refuge» des. Girondins), je lis cette «@mouvante réponse de Guadet a celui qui lui demandait son nom: Je suis Guadet, dit-il, Bourreau, fais ton office; va, matétealamain, demander ton salaire aux Tyrans de ma patrie. lls nela virent jamais sans péalir, en /avoyant abattue, ils paliront encore». De retour a l’auberge, je retrouve avec plaisir mes quatre amis anglophones a qui je raconte les petits faits et gestes de cette journée bien remplie. lls se disent «delighted» des documents et étiquettes que je leur distribue. Je m’abstiens, tout de méme, de faire tirer au ENGLISH BAY Musique et danse sort le tire-bouchon au manche-. cep. C'est décidé: demain, ils iront a Saint-Emilion, alors que je partirai pour |’Espagne. Ils moffrent a partager, une seconde fois, leur repas tardif. Photo, échange d’adresses, blagues..., et, enfin, bonne nuit et adieu. Le lendemain, le soleil montre a nouveau tout son éclat. Longue promenade matinale dans les vieilles rues de Bordeaux, dans ses _ artéres rajeunies ou modernes. Rue piétonne Ste-Catherine jolie- ment pavée et place Saint-Projet (!).... Portes de Bourgogne, d’Aquitaine, de la Grosse Cloche. Prés du monument aux Girondins, surlafameuse place des Quinconces, je circule lentement autour de superbes fontaines; leurs nombreuses piéces de bronze, dont 35 personnages, peéseraient 52 tonnes! Nouveau quartier Mé- riadeck, Centre André-Malraux, jardin Gambetta, Grand Théatre surlaplace de la Comédie, pont de pierre sur la Garonne... (Je ne prends pas le temps de visiter le palais Gallien, amphithéatre romain qui pou- vait recevoir 15000 specta- teurs.) Apres «m’avoir posté» deux petits colis en un temps record, je visite la vénérable église Sainte-Croix. _ J’entends un grand boum. Je me précipite vers la sortie: collision de ‘voitures. Marché aux puces fort animé pres de |’église Saint- Michel. Son clocher, une: tour hexagonale de t09 m, est, dit-on, le point le plus élevé du sud delaFrance. J’entre dans la belle cachédrale Saint-André (j’apprendrai que la nef est du Xlle siécle alors que le transept et le choeur sont du Xl!Ve siécle!) au moment ou s’achéve un service funébre devant une assistance imposante. Que de gerbes et de _ couronnes! J’aimerais bien savoir a quel personnage important !’on rend Cuisine variée : Terrasse (du Jeudi au Samedi) Ouvert de 11h00 a minuit (du Dimanche au Mardi) de 11h00 a 1h00 (du Mercredi au Samedi) SPECIAL PREMIERE HEURE 16h00 a 18h00 tous les jours _ New York Steak ou Poulet Teriyaki $6 95 Réceptions et menus spéclaux de groupé.. 1122 Denman, Vancouver, Réservations 688-6773 Karaté | traditionnel Centre communautaire de Mount Pleasant,| _ Vancouver. Tel.: 874-8165 ces derniers hommages. Une longue file se forme a partir du transept. Les grandes orgues prolongent leurs échos funé- bres. J'observe discrétement une dame éplorée aqui |’on offre ses sympathies a tour de rdle. Scéne émouvante. Je suis de plus en plus intrigué. Je me décide enfin a demander a un jeune homme de qui il s’agit. «C était un copain de classe, me répona-il, les yeux rougis. Il n’avait que 16 ans. Tout le monde |aimait. Il était asthma- tique... Il est décédé en revenant d'un match de rugby.» Je me sens tout a coup bouleversé. Nous échangeons encore quelques mots en nous dirigeant vers la sortie. Le ciel est d’un bleu clair; pas le moindrenuage. J’aime observer et écouter ces gens qui m’entourent. lls sont tous, jeunes et moins jeunes, d'une politesse exquiseles uns envers les autres. La foule se disperse peu a peu... dans la rue, puisque le long trottoir est encombré de voitures en stationnement! J’en prends méme une photo. Coup d’oeil a ma montre. Il est grand temps que je retourne a l’auberge. Une heure plus tard, me voila installé dans un train qui partira vers la frontiére espagnole. Je m’étonne de voir tant d’amou- reux sur les quais. Je ne suis pas sans en envier... Que d’adieux brilants! Que de Bordelais passionnés! Le train se met en branle. Bordeaux s'éloigne. J’y pense! c'est la patrie d'Anouilh et de Mauriac. Mon séjour dans cette métropole économique du sud-ouest de la France (dont la richesse est basée depuis des siécles sur l’exportation de ses fameux vins) a été franchement trop bref. Tant pis. Tiens! le «Bar du rail». Quel nom pour un débit de boisson longeant la voie ferrée! Un autre grand cimetiére fleuri. Puis, bientét, 'immensité bleue qui se perd a l’horizon jusqu’aux rivages du Nouveau-Monde. Blorist FLEURS EN TOUTES OCCASION SPECIALISTES DES MARIAGES En face du Centre Metrotown "| La Coopérative des publications fransaskoises est a la recherche d’un(e) Adjoint(e) a l’'administration L’employé(e) sera responsable: - de la comptabilité; _ - des contacts avec les agences publicitaires et les clients; - de la préparation des bilans financiers mensuels; - de la facturation; - de la correspondance reliée a !’administration. Exigences: - expérience en tenue de livre et en comptabilite; - excellent francais écrit et parle; - bonne connaissance de l'anglais; - familiarité avec les ordinateurs (Word Perfect, Bedford, Dbase III); - esprit d’initiative. Salaire: a négocier selon |’expeérience Date d’entrée en fonction: a la mi-mai. Veuillez faire parvenir votre curriculum vitae a: Roland Pinsonneault 2606 rue Central Régina, Sk S4N 2N9 (306) 347-0481 -