de ‘Vancouver sur, ‘Ja: bene 26 UHF canal 7 a Vancouver et canaux 3 et 8 a Victoria Programme de la télévision frangaise de Radio-Canada VOL.3 NO.4 Vendredi 20 octobre 1978 “Britannicus”:une superbe dramatique de Jean Racine Le 22 octobre a 20 h 30, dans le cadre des Beaux Dimanches, la télévision de Radio-Canada présentera Britannicus de Jean Racine dans une mise en scéne et une réalisation de Paul Blouin. Une superproduction qui met en vedette Pascal Rollin (Néron), Daniel Gadouas (Britannicus), ‘Monique Lepage (Agrippine), Denyse Chartier (Junie), Gilles Pelletier (Burrhus), Gérard Poi- rier (Narcisse) et Nicole Filion (Albine), dans un décor de Ga- briel Contant et des costumes de Gilles-André Vaillancourt. Musique d'Emmanuel Charpen- tier. Prise de son de Gabriel Loranger. Eclairages de Jean- Guy Corbeil. Direction technique de Normand Blier. Britannicus est une tragédie psychologique en cing actes qui dépeint l’ambition insatiable d'Agrippine, mére de Néron, ainsi que le caractére mons- trueux de ce dernier. C'est la lutte d'une grande famille pour le pouvoir. Ce drame va précipiter les personnages les uns contre les autres. «La lutte qui va s’en- gager, écrit Léonce Girard, dans sa notice sur Britannicus, fait apparaitre trois «couples». Ce sont les deux monstres: Agrip- pine et Néron; les deux con- seillers: Burrhus et Narcisse, et les deux amants: Britannicus et Junie. Mais, si les deux jeunes amants unissent leurs efforts” pour défendre leur bonheur me- nacé, chacun des membres des deux premiers couples, en re- vanche, entre en rivalité avec l'autre. La piéce va révéler gra- duellement cet antagonisme.» Le jeune empereur, jaloux de l'amour de Junie pour son demi- frére Britannicus, a fait séques- trer la jeune fille dans son pa- lais. Par ailleurs Agrippine, qui sent que Néron veut échapper a son emprise, essaie de favo- riser maintenant Britannicus. Né- ron, qui fait espionner les deux jeunes amants par Narcisse, ap- prend que Junie repousse son amour et que sa mére intrigue contre lui. Constamment harce- lé par les conseils insidieux de Narcisse, il se sent encouragé et ne lutte aucunement contre sa folie naissante et ses ins- tincts cruels. II fait donc empri- sonner les deux amoureux, mal- gré les protestations d’Agrippi- ne qui lui rappelle les crimes qu'elle a commis afin qu'il de- vienne empereur. Au cours d'un banquet qui devait les réconci- lier, il fait empoisonner Britan- nicus, et Junie, désespérée, va s’enfermer chez les Vestales. Si Jean Racine se devait d’ob- server scrupuleusement la régle des trois unités — unité de temps, de lieu -et d'action — pour se conformer a la volonté d’Aristote afin de satisfaire «a la densité de l’action dramati- que», comme le précisait - Paul Valéry, le réalisateur Paul Blouin a également voulu qu'une méme rigueur préside, oriente sa con- ception du chef-d'oeuvre du. grand dramaturge du XVile sié- 2 ae Rg cle. Il a concu son Britannicus comme «un réglement de comp- tes entre un fils et sa mere... dans une atmosphére de révolu- tion de palais». «Néron, écrit Racine, est ici dans son parti- culier et dans sa famille». Et le réalisateur Paul Blouin a voulu recréer cet univers de |'Empire finissant. On pourrait qualifier sa conception de Britannicus de vision baroque du classicisme. Tout, dans ce spectacle, évoque cette grandeur romaine sur le point de sombrer. Décors, costumes et coiffu- res, éclairages, musique et am- biance sonore, tout a été concu pour évoquer ce climat d’intri- gue d'une aréne_ impériale. Le décor somptueux de Ga- briel Contant est tendu de fi- «J’embrasse mon rival, mais c'est pour |'étouffer» of / eget asus «Et savez-vous pour moi tout ce que vous quittez?» lets et de chaines dorées qui rappellent ceux que les gladia- teurs trainaient dans les cirques et que les intrigants du pouvoir vont prendre un plaisir sadique a enrouler autour de leurs victi- mes. Dans ce décor, qui recrée une aire du palais de Néron, les acteurs portent des costumes qui non seulement leur laissent » leur pleine liberté de mouve- ments mais les aident a déployer leurs gestes. Costumes fas: tueux ou dépouillés qii s'identi- fient parfaitement aux caracté- res des personnages et leur donnent ce style commandé par leur naissance et leur réle. Des costumes de Gilles-André Vail- lancourt. : ll faut également parler de la musique ‘originale d’Emmanuel Charpentier qui situe bien |’ac- oa ee _ Classicisme a t Wik ids ay - ae nur «Mais Rome veut «Allez donc, et portez cette joi tion dans une ambiance tragique, et des éclairages de Jean-Guy Corbeil qui accentuent, qui pro- longent, qui définissent le jeu des personnages. II faut aussi di- re un mot de la prise -de son qui colle au découpage précis, rigou- reux et dynamique du réalisateur Paul Blouin. Un découpage en- tiérement pensé selon la tragé- die classique qui, comme le lui-méme, écrivait André Gide, «tend tout entier vers la litote». Disons enfin un mot de la brillante distribution de ce Bri- tannicus. Tous les comédiens, Pascal Rollin, Daniel Gadouas, Monique Lepage, Denyse Char- tier, Gilles Pelletier, Gérard Poi- rier et Nicole Filion jouent avec conviction, intelligence et sensi- bilité ces monstres, ces conseil- «Dis-lui qu’en sa faveur on me trompe moi-méme» : dium Wi un maitre, et non une maitresse» ee e a mon frére» lers ou ces amants créés’ par le génie de Jean Racine. Britannicus est la troisieéme tragédie de Jean Racine mise en scéne et réalisée par la télé- vision de Radio-Canada depuis son avenement. Nous croyons que cette superproduction mar- quera son histoire et que le pu- blic voudra profiter de cette rare occasion d’applaudir les _ auteurs de cette réussite. La distribution Claude Lacombe Agrippine . Monique Lepage RIDING ..cccceccjscenacls Nicole Filion - Junie .. . Denyse Chartier Néron ...... .... Pascal Rollin Britannicus ........ Daniel Gadouas .... Gilles Pelletier Gérard Poirier Burrhus . FCISSO: Wee usique Originale .... Emmanuel Charpentier Une émission de ...... Paul Blouin te.