Le Moustique Volume 4 - 9eédition ISSN 1496-8304 Septembre 2001 Critique littéraire de Paul Genuist Dans ce roman historique les Messieurs dont il est question sont des bourgeois de Saint-Malo qui firent fortune dans la seconde moitié du dix-septiéme siécle. La ville connait alors une activité intense grace aux négociants, aux armateurs, aux corsaires, et méme aux négriers. La bourgeoisie maritime se rue sans états d’ame a la conquéte des écus, puis des charges, et avec la respectabilité acquise, aspire a des titres nobiliaires que Louis XIV vend pour renflouer I'Etat dont les finances sont toujours a sec. Bemard Simiot situe son roman au sein d'une famille malouine. Mathieu Corbec posséde un petit commerce hérité de grands-parents qui autrefois vendaient des chandelles. Lui ajoute la vente d'épices. Dans la cave de la maison il entasse les piastres. Quand Colbert, ministre de la Marine, fonde la Compagnie des Indes orientales, Mathieu achéte trois actions, et sa vie va changer. Il acquiert des appuis, de I'assurance, et se lance dans la fourniture nécessaire au gréement des bateaux. A nouveau les écus s'entassent. ll s'enhardit et prend des parts dans des expéditions lointaines qui, au retour des bateaux, lui rapportent gros. Malgré ses succés financiers, Mathieu n'a pas encore le statut des hommes de Saint-Malo qui sont de plus ancienne richesse. || se jure alors de faire de son fils unique un homme capable de parler d'égal a égal avec ceux qui ne se génent pas aujourd'hui pour le tutoyer. Il met le jeune Jean-Marie a I'école, puis 'envoie comme mousse pour plusieurs mois sur les bancs de Terre-Neuve. Intelligent, Jean-Marie profite de 'expérience pratique et, au retour, suit des cours spécialisés de navigation. Le réve de Mathieu se réalise, Jean-Marie devient capitaine. A la mort de son pére, il prend en charge le commerce, gére les entreprises, et lui-méme contourne le cap Hom, remonte la céte jusqu'au Pérou ou il fait de bonnes affaires. Ses succés lui permettent de se faire batir une de ces belles maisons de granit que |'on voit encore aujourd'hui derriére les remparts de Saint-Malo. Avant de mourir, il recommande a sa femme de veiller 4 ce que de ses enfants le premier soit capitaine, le second armateur, et que le troisiéme ait une charge auprés d'un ministére afin de pouvoir aider les deux autres. Ces Messieurs de Saint-Malo n'est pas une sordide course apres la fortune, du moins pas que cela. Le roman est beaucoup trop riche d'aventures , d'histoires d'amour, de rebondissements permanents pour qu'on puisse en résumer les 730 pages, et parler comme ils le mériteraient des nombreux personnages, hommes et femmes, qui donnent un rythme étourdissant a ce passionnant roman de toute une société. Paul Genuist Bemard Simiot, Ces Messieurs de Saint-Malo, Le livre de poche, Paris, 1997, 730 pages.