page 6 L’APPEL Octobre 1967 “‘Le Canada francais et son pivot, le Québec” Voila le theme général des derniéres assi- ses de la Fédération Canadienne frangaise de la Colombie Britannique. Et ¢’est celui que déve- loppa monsieur Georges-Henri Dagneau, di- recteur du Service du Canada franeais d’Ou- tre-frontiéres du Ministére des Affaires cultu- relles, conférencier principal. Devant environ 200 congressistes, M. Dag- neau répondait a l’invitation qui lui avait été faite d’exprimer ses pensées sur Vopportunité du théme choisi pour le congrés. Comme il est normal, M. Dagneau situa son analyse dans le contexte nouveau d’une société de plus en plus complexe et soumise aux crité- res de l’urbanisation rapide. [1 est évident, se- lon le conférencier, qu’on ne peut plus prévoir l’évolution du fait francais dans les provinces de 1’Ouest a partir des données traditionnelles fondées sur les communautés paroissiales ni sur la longévité relative du fait frangais a tel ou tel endroit. M. Dagneau a fait l’analyse critique de la statistique qu’il ne croit pas étre l'image fidéle de la réalité. Il ne s’est pas, non plus, posé en prophéte quant a l’avenir qui, en fin de comp- te, sera soumis aux décisions des collectivités. D’autre part, si les conditions de base ne sont plus les mémes, les nouvelles peuvent étre le départ de phénoménes qui perpétueront la présence francaise dans les divers milieux ot elle s’est maintenue jusqu’a présent. Deux attitudes extrémes sont a rejeter. “La premiére serait celle qui s’exprime ainsi: les minorités canadiennes francaises doivent étre sauvées en vue de faire de chacune des neuf autres provinces autant de Québec bilingues et biculturels. Pareille afirmation reléve de la fantaisie. La seconde s’exprimerait comme suit: il faut abandonner tout espoir; les groupes francophones sont destinés 4 disparaitre défi- nitivement, car méme le Québec est en danger; done, a plus forte raison, les groupes minori- taires . Ici Vaffirmation néglige certaines réalités et ne correspond pas du tout a une vue objective et sereine des choses.” Selon M. Dagneau la vérité se situe 4 quel- que part entre ces deux pdles et elle n’est pas une, mais diverse. Parmi les facteurs qui empé- chent toute provision rationnelle, il y a celui de la mobilité démographique. I] se continue et s’accentue, surtout au niveau de la main-d’oeu- vre. Il y a aussi celui du prestige nouveau de la culture et de la langue francaise dans le monde. Tl ne faudrait pas négliger de tenir compte de la demande pour des cours de franeais dans les provinces anglaises. M. Dagneau conclut son exposé en disant que tant qu’il y aura un Québec franeais il y aura des gens qui parleront francais a ]’exté- rieur de ses frontiéres. Le Québee continuera done a étre le foyer de la culture francaise au Canada. Des questions furent ensuite posées au con- férencier par les congressistes. Trés peu de celles-ci ajoutérent quelques chose au message M., Jean-Baptiste Goulet élu président de la F.C.F.C.B. Les assises du congrés annuel de la Fédé- ration Canadienne frangaise de la Colombie Britannique se sont déroulées sous le theme: “Te Canada franeais et son pivot, le Québec.” Comme e’est la tradition, l’assemblée générale s’est tenue le samedi de la longue fin de semaine d’Action de grace, le 7 octobre. La résolution principale adoptée reconnait Vopportunité de créer une Commission générale des questions scolaires dont les buts et les fonctions seront ajustés aux nouvelles perspec- tives scolaires. Come on le sait déja, les chances d’une re- présentation démocratique canadienne frangai- se, aussi bien au sein de structures confession- nelles que publiques sont a peu prés nulles. D’une part, au niveau des structures confession- nelles, les écoles ne sont plus sous une autorité strictement paroissiale puisque le systéme a été régionalisé; la constitution de ce systéme ne voit pas de reconnaissance pour les droits cul- turels des Canadiens de langue frangaise et, nous pourrions ajouter que s’il les reconnaissait nous ne serions pas plus avancés puisque, dans la pratique, il apparait comme le dernier re- tranchement d’un age révolu oti des structures cléricales pouvaient encore s’immixer 4 titre de pouvoir civil en marge de l’Etat. D’autre part, bien que les chances d’une reconnaissance officielle des droits du francais au niveau des écoles publiques soient bonnes, le mode d’élec- tion des commissaires d’écoles ne laisse pas prévoir que des francophones seront élus. S8’ils le sont, ce ne sera pas pour défendre les droits du frangais. C’est pour ces raisons que la Fédération s’est reconnu le devoir de créer un organisme de représentation appelé a compenser pour le manque de voix organiques au niveau de l’ad- ministration et de la direction scolaires. Cet organisme s’occupera de toutes les questions relatives a la scolarité pour les francophones: recensement, recherches, négociations avec les autorités, surveillance des programmes, ete. Les comités existants deviendront des sous- comités de la Commission générale. Les délégués, représentant les divers cer- cles, associations et groupes, ont élu les mem- bres du nouveau bureau pour la prochaine année: Le nouveau président général sera M. Jean-Baptiste Goulet, gérant de la Caisse Po- pulaire de Maillardville, et, depuis de nombreu- ses années actif dans tous les mouvements ¢ca- nadiens-fran¢ais, aussi bien en Colombie Bri- tannique que dans la Saskatchewan. Nous le félicitons de son élection et lui souhaitons tout le succés possible. principal du conférencier, sinon de confirmer le theme méme du congrés. Les communautés canadiennes frangaises, hors-Québec, comptent sur le dynamisme de la province mére pour que soit étendu le caractére officiel de leur citoyen- neté, en tant que Canadiens de langue fran- caise, d’un océan a |’autre,