Le Soleil de Colombie, vendredi 22 juillet 1988 - 5 INFORMATION Par Nigel Barbour ll est des é6vénements, dans la vie, qui suscitent chez tout un chacun, un frisson exception- nel, le frisson qui révéle... Pour l’'amant, ce serait le premier «je t'aime»; pour le botaniste, une fleur inconnue... Et pour le critique musical, c'est, a n’en pas douter, la révélation d'un trés grand talent. Je l’ai ressenti, ce frisson-la, samedi passé 16 juillet, @ 15H17, au Centre Sinclair. L’occasion, c’est une série de présentations de gentille-petite-musique-de- fond dans le jolu cadre de la «Cour de |’Héritage» de ce complexe fédéral restauré. La responsable de mon frisson, c’est une jeune pianiste-compo- siteure, Lori-Ann Speed, origi- naire de Kamloops via UBC et Grenoble. Elle |’a suscité chez moi en interprétant un morceau de Chopin, avec son coeur et son ame, alliés a une virtuosité technique rare chez cette inconnue de 29 ans. ll sagissait de la bien-connue Valse en la mineur, dite «Valse Brillante», que Mlle Speed ressent et c’est exact, comme un morceau tragique. L’éclat, la précision de Chopin, ne sont gu’une surface calme- dont les profondeurs sont trés noires. La touche est sdre chez L-A Speed, sa technique domine_totale- ment le clavier, le ton est puissant, ému. Et nous qui 6écoutons, |’émotion de la pianiste nous émeut... Parla suite, Mile Speed nous aprésenté |’Etude No. 10, du méme compositeur, avec la méme aisance de technique qui ne vient qu’apres beaucoup d’heures de répétition. Mais la, son approche était un peu trop respectueux, bien que son interprétation des éclats durs de la musique ait démontré une maturité étonnante chez une jeune femme. Elle entre, un peu trop timidement dans le monde chopinien, pour la simple raison, je |’ai appris plus tard, qu'elle ne connait pas bien cette Etude, «/a musique ne mhabite pas encore», phrase qui aurait énormément plus a Franz Liszt, a qui Chopin a dédié la musique, voici cent ans. Par la suite, 4 mon étonne- ment, j’ai ré-entendu la «Valse Brillante», et au moment précis de fermer les yeux, de céder ala “volupté émouvante, elle a__—_changé, subtile- ment; la musique est devenue autre, pourtant toujours chopi- nienne, pourtant originale... C’est ainsi que j’ai appris que, non contente d’étre pianiste, formée a UBC, L-A Speed est compositeure- les Variations Sur une valse de Chopin- qui mont charmé sont d’elle, ainsi que d’autres oeuvres originales qui ne sont pas du tout la’ gentille-musique-de-fond que l’on attend dans un tel cadre. J’ai entendu, et beaucoup aimé, sa sonatine «Brillances de Fin d’Eté ».C’est, peut-étre, de la musique de ballet? Le morceau, encore en évolution sous les doigts talentueux de notre jeune compositeure, intéresse beau- coup, parait-il, une chorégra- Lori - Ann Speed au Centre Sinclair Le frisson révélateur phe. Musique triste, mais ensoleilée, de ton léger mais mélancolique, musique de contraste, originale et intéres- sante. Je n’ai pu résister a la tentation de poser des ques- tions a Mlle Speed, charmante jeune personne vive et élégan- te; et d’abord je lui ai demandé si elle a d’autres talents? Il ne m’apas trop surpris d’apprendre qu’elle est artiste- elle fait deux expositions trés réussies, de Ses paysages en aquarelle, dans le cadre du Sorrento Arts Festival- et skieuse de télémark- au point d’avoir représenté notre pays dans cette discipline. Et voila pour le séjour grenoblois, ou elle a aussi appris a parler notre langue sans accent. Qui est Lori-Ann Speed? «je Suis étudiante en composition, j espére gagner ma vie comme pianiste. La musique qui mintéresse c'est celle de la Nouvelle Vague...» Que cherche-t-elle dans la musique? «Ma musique, ma voix , ma propre méthode d ‘expression. C'est pour ¢a que j‘essaye de composer.» Mais elle ne déteste absolument pas ses grands prédecesseurs. «J‘apprends beaucoup, /jap- prends en jouant leurs oeuvres. Mais il faut alier au-dela des notes imprimées sur la page.» C'est |’explication de son attaque moins forte de |’Etude no 10. «Je veux étre habitée longtemps par la musique, avant de la jouer. Je veux transcender les notes, les phrases, les mouvements... La musique doit grandir en moi. Je cherche la _ transcendance, voila.» Les mélomanes vancouverois, britanno-colombiens, qui appré- _cieront a leur juste valeur une telle phrase, vont ressentir bien d’autres frissons aux mains de Lori-Ann speed, dans les mois et les années a venir. Et la musique canadienne nepeut que gagner, dans sa recherche de la transcendance musicale. Merci, Lori-Ann Speed. JACQUES LEVY yy Marlin ) Travel «Avec plus de 134 bureaux 4 travers le Canada pour mieux vous servin> VENTE CLIENTELE EXPERT EN VACANCES 1654 Robson Street Vancouver, B.C. Canada V6G 1C7 Phone: (604) 689-3333 Lavenir appartient A ceux qui se préparent t6t... transformation : préparer. dés aujourd’hui. i sciences et la technologie joueront un réle décisif dans le Canada de demain. La santé économique de notre société au XXI° siécle dépend des mesures que nous prenons dés maintenant pour répondre au défi que représente |’an 2000. II n’est pas trop tét pour y penser, car il s‘agit d’exploiter une ressource naturelle qui exige une trés longue la matiére grise. Ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui reléveront les défis de l’avenir et c'est G nous tous de les y On est & 4 000 jours de |’an 2000. Les sciences et la technologie sont les atouts de la prochaine génération pour bétir un grand avenir... Aidons-la 4 s’y préparer... ivi Industrie, Sciences et Technologie Canada Industry, Science and Technology Canada