Récit d’un tour du monde Funérailles et noces Par Jean-Claude Boyer Wakefield (banlieue de Banga- lore, sud de l’Inde) , le 22 février 1985. Une Britannique de 80 ans vient de rendre l’4me dans un foyer d'accueil. Sa dépouille mortelle repose sur un simple matelas étendu sur 3 petits bancs recouverts d’un contre-plaqué. Quelques fleurs jaunes et rouges, fraichement cueillies, enjolivent sa robe foncée. A sa téte se dresse une croix faite de 2 branches de conifére parées de fleurs de bougainvillée roses. Un seul ventilateur se bat presque sans bruit contre l’intense chaleur humide. On n'entend parfois que de brefs chuchotements, comme — pour ne pas troubler un sommeil léger. Vers la fin de l’aprés-midi, la défunte est placée dans une boite -noire entourée de croix peintes en blanc; ce cercueil un peu frustre vient d’étre achevé par des adolescents d’Abhayadhama, ge a> s Sed dot d’assister 4 une réception de mariage hindoue. Les amis des amis y étant également invités, javais accepté volontiers de . l'accompagner. L’édifice est littéralement noyé dans un déluge de lumiéres électriques multicolores; toute la surface du toit et des murs, arbres et arbustes, tout scintille dans l’obscurité, comme un Noél sans neige. Ces décorations extrava- gantes, je les ai retrouvées un peu partout en Inde, symbolisant, a leur maniére, l’unité du pays. Nous pénétrons dans une vaste salle ot pas moins de 300 invités sont déja assis en rangs serrés, comme dans une salle paroissiale d’autrefois. | Qu’attendent-ils? Entre autres, que leur tour vienne de se faire photographier avec les mariés qui trénent, tel un couple princier, dans des fauteuils en velours rouge, sur une estrade centre pour jeunes . indigents fondé et dirigé par le frére Jean-Paul Pearson. Celui-ci, aidé de quelques religieuses, voii “au déroulement des cérémonies qui rendent les suprémes honneurs 4 la disparue. Une quarantaine de fidéles, la plupart Agés, se recueillent en silence, prient et chantent avec sérénité. Pas un pleur. Nous nous rappelons une fois de plus que, t6t ou tard, ce jour viendra ot chacun d’entre nous, l'un aprés l’autre, com- mandera ce méme recueillement, ces mémes chants d’espérance. Un prétre indien célébre l’Eucharistie avec une ferveur digne des premiers apétres. Le service funébre terminé, la boite est glissée dans la camionnette du frére Pearson. Quelques dames y montent accompagner la dépouille. Je leur remets le couvercle, et le cortége s'avance a pas hésitants sur le chemin de terre aride jusqu’au cimetiére voisin ot le cercueil noir est finalement déposé sur 2 madriers jetés en travers de la’ fosse. Le frére, revétu d’une aube et d’une étole, récite les oraisons d’usage avant et aprés l’ultime aspersion. Je remarque 3 bouts de chou, debout sur un muret, immobiles, qui observent de leurs grands yeux noirs .ce_ rite mystérieux. Une tristesse paisible e lit sur les visages penchés. orsque nous reprenons le chemin du retour, la fosse est déja presque complétement remplie. Ce soir-la, le frére Pearson se spacieuse. Le coup d’oeil est saisissant, grace, surtout, a la tenture de fond bleu roi, losangée. de fleurs blanches. RO Y= On nous invite, Jean-Paul et moi, a descendre au sous-sol ow une cinquantaine de convives s’en donnent a coeur joie, savourant avec les doigts riz, poulet et sauces piquantes. Nous sommes servis avec empressement et exquise courtoisie, comme des invités de marque. De retour au rez-de-chaussée, nous prenons place dans l’assis- tance qui bavarde gaiement sans chercher a enterrer l’orchestre et le chanteur. Mon ami mission- naire échange quelques mots avec des connaissances tandis que je m’amuse a épier ceux-la mémes qui cherchent 4 nous épier. La plupart des Indiens et Indiennes qui nous entourent semblent en contemplation devant les nouveaux époux, tous deux d’une beauté peu commu- ne: Kanthamma, qui appartient a une riche famille de marchands de travailleur vin, et de pétrole. Ceux-ci recoivent, en un du Jayagoppi, l'industrie mains propres, quantité de cadeaux, et, bien sir, mille voeux de bonheur. Je suis pour le moins étonné d’observer que parmi les hommes qui défilent sur l’estrade d'honneur, certains ne font aucun cas de la mariée, ne saluant chaleureusement que son nouvel époux. Deux photogra- phes s’affairent a orchestrer cent détails 4 la fois, comme si leur carriére était en jeu: signes de tous cétés, éclair, aux suivants; se ranger vers la droite, collier de fleurs a redresser, éclair... Leurs sourires mémes ont l’air profes- sionnel. Notre tour vient. au moment ow je prends moi-méme une photo. Nous voila seuls avec |’heureux couple. Nous joignons les mains pour les salutations traditionnel- les. Remise d’une enveloppe au marié, quelques mots de circonstance, prise de photo, et nous descendons déja, face a la foule de plus en plus agitée. Ayant tous deux notre quota de fatigue pour la journée, -nous nous dirigeons vers la sortie ou l'on nous assure que notre Le Soleil de Colombte, vendredt 21-aout 1987 - 13 un grand honneur. On nous remet alors 4 chacun un petit sac en plastique noir. Ce sac contient une noix de coco bien chevelu et un sachet de graines pour parfumer I'haleine. Que de cocotiers ont. participé aux remerciements de cette seule nocel En retournant a Wakefield, les faits, petits et grands, qui ont jalonné cette journée, semblable a tant d’autres dans la vie d'un missionnaire. N’est-il pas singu- lier, toutefois, qu’il ait fallu nous rendre a la hate d’un humble cimetiére triste 4 de grandes réjouissances fraternelles; qu'il ait fallu presser le pas pour passer, en quelque sorte, de la mort aux fétes de la vie. - Société canadienne d’hypothéques et de logement Canada Mortgage and Housing Corporation EDMONTON Avis aux investisseurs Propriete immobilieré a vendre OCCASION D’INVESTISSEMENT e Pas de régie de loyers e@ Assurance-prét LNH couvrant jusqu’ a 85% LORELEI HOUSE 16304 - 100th Street EDMONTON (ALBERTA) N° de réf.: 6440/E8-4 de la valeur (Aux acheteurs admissibles) e 78 logements 32 une chambre 45 deux chambres 1 trois chambres e Rénovations récentes: parement extérieur reteint, corridors repeints e Faible taux d’inoccupation e Revenu locatif annuel possible: 390 840 $ numéro de référence: Piece 300 410-est 22° Rue Saskatoon (Saskatchewan) S7K 5T6 Prix de vente minimal admissible 2 130 000 $ Pour plus d'information, tel que les conditions générales d'admissiblitée ainsi que notre prospectus, telephonez ou écrivez sans tarder a l’adresse suivante en précisant le Societe canadienne d'hypotheques et de logement Tel: Mile. 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