6 — Le Soleil de Colombie, vendredi 26 novembre 1982 > “Les Chroniques” de la Société Historique Franco-Colombienne 9, rue Broadway est, Vancouver, C.B. V5T 1V4 Téléphone[604]879-3911 Une figure du passé: Recherches historiques d’Alexandre Spagnolo, Membre de la Société Historique Franco-Colombienne Le voyage s’étendit & environ 2000 kilométres du point de départ. A Fort Simpson, le chef de la Hudson Bay Company, contrairement a l'usage, n’‘invita pas les voyageurs, aussi ils ont celle d'une famille indienne dans leur vaste Teepee (tente). D'autre part, ils ne purent compter sur ce chef de H.B.C. vu son indifférence envers les prélats catholiques, pour obtenir un canot pour une exploration. Un certain M. Ogilvie, ex-employé de la Hudson Bay Company, plus aimable, leur loua un canot. Peu d'espoir d’avoir un guide courageux; ils arrivérent a s’assurer les services d'un Iroquois, nommé Louis, mais il avait une femme et deux enfants qui devaient étre une géne. On décida, vu la dimension réduite du canot, de renvoyer la femme avec les bagages a Fort Rupert, mais d’em- porter les gosses. : Le canot tint le coup. Le groupe atteignit la source du Nass & travers des bancs de glace. Aprés un assez long parcours, les voyageurs se trouvérent en plein, face aux campements des tribus Skidigats, Heres et Belvelas. Les prélats purent baptiser tase ae f Vue aérienne de l'école résidentielle indienne St. Mary [1961] - degenfants, quelle rapidité... et soigner une vieille Indienne déja a l'article de la mort. Retour au Fort Simpson pour obtenir Léon Fouquet o.m.i. fonctionnaire de la Hudson Bay Company, plus conci- liant que l'autre mal embouché. Un nouveau départ pour le Détroit de Hecate, aux eaux tumultueuses. On n’a jamais su si c’était l'esprit d'aventure qui menait ces valeureux hommes d'église & ces pénétrations ou bien le zéle de sauver des Ames. Les Oblats, compagnons du Pére Fouquet, aimaient a le tourner en dérision en lui disant: Vous étes l'homme aux douze anges gardiens. : Dans les parages des Iles de la Reine Charlotte, les deux prélats débarquérent pour voir, pour s’orienter: a leur grand étonnement, un groupe de la tribu Haida les recut avec une fraternelle bienvenue comme des messagers du ciel... Retour a Fort Rupert od les voyageurs retrouvérent l'épouse du guide Louis I’Iroquois et les bagages qu'elle avait gardés. La, le Pére Fouquet apprit que le Pére Louis d'Herbomez venait d’étre nommé Evéque de Miletopolis, le 30 décembre 1863. ARMES SEULEMENT D'UNE CROIX. L'histoire a démontré que les Missionnaires-Pionniers Oblats ont apporté une contribution considérable a 1’éta- blissement et au développement de la ville de New Westminster, capitale éphémére de la Colombie britannique (quelques petites années, puis Victoria), bien qu’a cette époque, il y eut f d’acerbes critiques de la part de certains milieux qui | mentionnaient l’intrusion de missionnaires d'origine étrangére. y Ces cing étaient plutét verbales et portaient sur I’influence qu’avait le Pére Léon Fouquet sur la population indienne. Un événement important survint en 1864, qui engendra une admiration parmi les tribus indiennes de toute la région et méme au-dela, ainsi que chez les colons blancs qui, eux, reconnurent que les péres ont apporté un moerveilleux changement parmi les aborigénes en une période de temps relativement courte. L’événement fut celui de mai 1864, comme précité, lorsque le Gouverneur Frederick Seymour voulut célébrer en grande pompe un anniversaire de la Reine Victoria, d’Angleterre. CELEBRATION POUR LA REINE VICTORIA Le Gouverneur Seymour pour s’assurer une grande participation de tribus indiennes, fit appel a la collaboration des missionnaires francais, ce qui prouve que ces derniers (1831-1910) avaient plus d’influence que le gouvernement central. Normalement I'appel devait étre adressé au Pére Léon Fouquet, Supérieur de la Mission de New Westminster, mais en. ce moment-la, le prélat était absent, en voyage aux Iles de la Reine Charlotte, comme décrit ci-dessus; aussi l’appel fut adressé au Pére Baudre de la Mission Sainte-Marie de Mission,’ qui fit le nécessaire pour regrouper les tribus indiennes campées. dans un périmétre de 160 kilometres de sa Mission. Un réel exploit, qui eut un retentissant écho. Une imposante masse d’Indiens se groupa, presque une armée. Le Pére Grandidier vint avec plus de 500 Indiens. Le Pére Fouquet, tout juste de retour de son périple, arriva avec 700 canots chargés. Inimaginable de voir tout cela sur le fleuve Fraser avec 60 banniéres au vent, portant la croix signe de la Rédemption. Les rameurs indiens entonnérent des chants en unisson avec les éléves de I'Ecole de la Mission Ste. Marie, ce fut 3500 voix. Qui pouvait faire mieux que les missionnaires francais? Les fonctionnaires civils du gouvernment de la Colombie britanni- que... Cette énorme foule pour l’époque débarqua a une courte distance de la résidence du Gouverneur F. Seymour, qui, — entouré de ses hauts fonctionnaires lui adressa une allocu- tion pleine de chaleur et d’émotion; elle ne s’attendit pas a autant. Le Pére Fouquet se chargea de la traduction en dialecte indien, probablement le chinook. Un repas grandiose fut offert par le gouverneur et plus tard clétura ces festivités mémorables. La population de New Westminster, vivement impres- sionnée par ce déploiement extraordinaire de canots chargés d’Indiens, manifesta le désir que de telles festivités soient renouvelées lors de chaque anniversaire de la Reine Victoria. Ce désir fut exaucé plusieurs années durant; quelle admirable constance. Un point noir au tableau, des récalcitrants: les Indiens de la tribu des Squamish qui faisaient des incursions, parfois sanglantes, parmi les populations blanches n’admettaient pas ces festivités renouvelées: chez eux, le trafic de l’alcool, la débauche, les meurtres, etc., c’était du quotidien. Les guerriers. Squamish étaient ingouvernables, a telle enseigne que le Colonel Richard Clement Moody, du 16e Régiment des Royal Engineers (1815-1887) stationné en Colombie britannique, dit-on, menaca de détruire l’entiére tribu par le feu de ses arms [ A SUIVRE | un plus grand canot. Succés. Cette fois-ci, grace 4 un ancien Que se passe -t-il vraiment au Conseil Culturel Franco-Colombien ? Suite de la page 1 En fait, c'est de 1’évalua- tion du travail passé du Conseil Culturel que vont naftre tous les changements. Et qui va se charger de cette évaluation? La FFC, en gran- de partie. “La FFC s'est vu confier par la derniére Assemblée Géné- rale trois mandats dans le secteur culturel, explique le directeur . général Fernand Gilbert. Nous devons pren- dre les mesures nécessaires pour assurer la réalisation de ces mandats.” Culturel, “qui doit se repenser dans sa forme actuelle”. En d'autres mots, l’ancienne for- mule de I’ isme n'est plus appropriée. Il faut la chan- Fernand Gilbert _ insiste pour que les membres du Conseil participent a cette transformation. Mais il souli- gne également que “le Conseil n’a pas d’identité 1é- gale” et demeure un comité de la Fédération. Deux respon- sables de celle-ci étaient d’ail- leurs, pour la premiére fois, présents 2 Richmond (2). Autre argument de, poids” du cété FFC: le contréle de la caisse. Luc Maurice attribue ainsi 4 une certaine “panique budgétaire” la remise en cause du Conseil Culturel. Fernand Gilbert explique: “en période économique difficile, il faut maximiser les ressources. Le Conseil est un exemple de cela; comment mieux utiliser l’argent?” : Négociations en cours Combien va-t-il rester aprés cet examen? Voila qui va déterminer en partie le réle de Yorganisme futur, Rien n'est décidé encore. Des négocia- tions se déroulent entre FFC et Luc Maurice, président du Conseil Culturel. Ce dernier écrit le 2 novem-, bre, dans la lettre déja citée: ‘l'élimination de ces réunions (des bénévoles culturels des ' différents organismes) si es- sentielles au développement © - culturel (...) certes un recul du dévelop pement culturel de la franco- © phonie, spécialement a la veille d’une collaboration en- tre la totalité des centres (3) de la Colombie britannique.” Or, vendredi dernier, Luc Maurice nous déclarait: “Fi- nanciérement, la FFC serait incapable de payer les réu- nions de tous les délégués culturels comme elle le fait présentement. Je crois diail- leurs qu'il faut favoriser les programmes culturels plutét que les formules administra- tives, comme ces réunions.” Alors, ces réunions sont-elles condamnées? Emprise de la FFC Que va étre cette n6uvelle- formule? Difficile de le dire aujourd'hui, les principaux acteurs de la décision étant plus que discrets. Mais ce qui constituerait ‘ va ressortir, c'est l’emprise plus nette de la FFC. On !’a vu plus haut: rue Richards, ren- © tabilisation et efficacité sont a l’ordre du jour. Ce qui va se traduire pratiquement, par exemple dans le choix des délégués au Conseil. Fernand Gilbert note que les délé- Odette Brassard: “rentabili- ser les spectacles.” ~ gués actuels, des bénévoles cs pour la plupart, ne sont pas toujours d’accord avec leurs organismes. “En ce qui con- cerne “1755”, dit le directeur . général, nous avons eu l’exem- ple d’associations refusant d’acheter le spectacle aprés que leurs délégués au Conseil aient promis de le faire”. Solution proposée: associer les élus (les présidents par exem- ~ ple) aux travaux du Conseil pour assurer une meilleure ' concertation. Une solution qui n’est pas du goat de tout le monde”. Prenons l’exemple de la Paci- féte, dit Jeannette Baillaut, directrice du Centre Culturel Colombien, l'un des membres du Conseil Culturel. Elle a été décidée par le Conseil des Présidents, au sommet, et elle a été assez mal recue a Richmond, par les bénévoles employés dans le travail a la base. Certains n’étaient méme pas avertis. ;'. Jeannette Baillaut craint l’avénement d’une culture ve- nue d’en haut, centralisée. Pour sa part Luc Maurice ~ soutient la présence “des per- “sonnes vraiment impliquées dans le culturel”. Mais il admet que des changements de structure sont inévita- bles... laissant a la FFC le . soin de les déterminer. “Le ; Conseil devrait plus étre un -agent de développement _ culturel qu'une offre de servi- ce” dit-il mystérieusement. Odette Brassard, directrice de la Troupe de la 16éme, donne-t-elle un début de ré- ponse en disant: “Le réle du d’acheteurs avisés pour faire de chaque spectacle une affai- re rentable.” L’affaire devrait étre tran- Jeannette Baillaut: une culture centralisée”... “vers chée dans un ou deux mois. On espére que diici 1a les discussions seront davantage publiques. Le Réveil Franco- phone de Kamloops s’inquié- “tait aussi, le 9 novembre, de “la disparition du Conseil Culturel dans sa forme actuel- le (...) La raison dela crise de la FFC était la position de dictature que la direction avait adopté, mais mainte- nant que tout ou presque est La lettre envoyée le 2 novembre dernier au prési- dent de la Fédération des Franco-Colombiens exprimait les inquiétudes des membres décision de la F.F.C. de ne plus supporter financiérement les réunions générales semi- annuelles du conseil culturel franco-colombien. Suite a cette lettre une premiére rencontre avait lieu | le 4 novembre avec Mlle Suzanne Charest, Messieurs René Chenoll, Marc Roy, ‘Fernand Gilbert et Philippe Lafrance, respectivement co- ordonnatrice d’activités, pré- jj sident, vice-président, direc- teur général et ex-agent de développement culturel, tous au sein de la F.F.C. Enfin, a la suite~ d'une seconde rencontre (partielle) lundi 8 novembre, et a la lumiére des deux parties en cause, les politiques suivantes _seront proposées au bureau de direction dela F.F.C.: 1) Que le comité culturel de la F.F.C. soit formellement composé de.4 a 6 personnes, oublié, la Fédération essaie par tous les moyens de retour- ner a ce moyen insensé de direction.” du conseil culturel face a la (1) Cf le Courrier des Lec- teurs de ce numéro. (2) Auparavant la FFC n’était représentée que par son agent de développement culturel, Philippe Lafrance, “prété” au Conseil. (3) Souligné par l’auteur. Nous venons de recevoir une lettre de Luc Maurice, du 16 novembre 1982, adressée aux membres du Conseil Culturel Franco-Colombien. Cette lettre indique qu’a la suite de deux _ rencontres entre le président de ce Conseil et les autorités de la FFC, il a 6té notamment décidé de la constitution d’un nouveau comité culturel composé de “4 a 6 personnes”, en remplacement du Conseil Culturel. : représentatives, compétentes et dynamiques. Celui-ci étant plus susceptible de se réunir facilement, d’agir rapidement et de gérer le trés vaste secteur qu’est celui de la culture. 2) Que les responsables culturels régionaux soient ~ convoqués dans le cadre d’au moins un programme annuel bien spécifique tel que Paciféte ou autres pour une plus grande efficacité dans les discussions. 8) Qu’annuellement, au cours des mois de novembre ou décembre, les responsables culturels régionaux puissent se réunir afin de discuter ensem- ble le pourquoi du succés et des échecs culturels ayant eu lieu au cours de l’année dans leur région. Des modifications (budget, sélection d’activités, mise en application, etc) seraient ainsi apportées dans leur communauté respecti- — ve... un moyen de communi- cation précieux voir méme essentiel, au niveau du comité culturel de la F.F.C. Celui-ci, étant sous l’autorité du bu- reau de direction de cette derniére.