Le Soleil de Colombie, vendredi 5 janvier 1979 15. C.R.T.C.... (suite de la page id ) Des 1785 nouvelles considérées, 259 avaient été dif- fusées aux deux réseaux. Il n’y aurait donc que 15 p.c. de recoupement entre bulletins francais et anglais. Cette analyse montre que les journaux parles contri- buent peu a la formation de valeurs et de normes com- munes, qu’ils tendent plutot a renforcer les différences en- tre les groupes des deux langues. Du point de vue de Vunité nationale, la difficulté tient moins au contenu des journaux parlés qu’a leur omission. Le milieu de l’information La Presse canadienne offre a tous ses abonnés un ser- vice en langue anglaise qui transmet les nouvelles na- nouvelles internationales que lui fournissent ses bureaux a l’étranger, l’agence américaine Associated Press et, dans une moindre mesure, l’agence britannique Reuters; un service qui donne des nouvelles provinciales recueillies chez les journaux membres et distribuées depuis les métropoles des régions; et un service en langue fran¢aise qui, depuis son quartier général a Montréal, transmet aux abonnés francophones des dépéches de France-Presse et, en version francaise, de Reuters. Pour juger des conséquences de ce courant inégal d’information, le Comité a chargé six journalistes de Van- ton, de décrire le climat de l’information dans leur milieu. A leur avis, Radio-Canada s’acquitte assez bien de sa mis- sion de rapprocher les régions, mais sans tenir compte que les Canadiens ont tendance 4 voir les choses d’un point de vue régional, et que les questions suscitant les débats les plus passionnés sont généralement d’ordre local ou régional. Les contraintes Radio-Canada distribue ses émissions par 1’intermé- diaire de 60 stations de télévision et 130 stations de radio. Les nouvelles nationales proviennent des salles de Mont- réal et de Toronto, qui alimentent les réseaux francais et anglais respectivement: les stations appartenant a Radio- Canada sont obligées de présenter toutes les éditions na- tionales du journal parle; les stations affiliées ne présen- tent d’ordinaire que |’édition principale. Les reportages d’événements régionaux ou locaux proviennent des salles de nouvelles et des correspondants de la plupart des villes ou Radio-Canada a des stations. Les bulletins de Radio-Canada a Washington, New York, Londres et Paris, ou ses correspondants spéciaux en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et au Japon; les reportages sonores et visuels de NBC et de CBS; et les agences de presse Associated Press, United Press International, Americain Federated Press et Visnews. | | b) Le systéme de la radiodiffusion cana- | | dienne devrait étre possédé et contrélé | | effectivement par des Canadiens de | facon a sauvegarder, enrichir et raffer- | | | | | mir la structure culturelle, politique, | sociale et économique du Canada. | | (Loi sur la radiodiffusion, article 3b) Radio-Canada ne prend pas position sur les événe- ments ou les questions d’ordre public. Mais en matiére de nouvelles proprement dites, les jugements qu’elle porte sur la sélection de l’information, l’importance a accorder aux nouvelles, l’ordre de leur présentation, etc., doivent étre essentiellement les mémes que ceux du secteur privé. Organisme public, Radio-Canada doit étre neutre et impartiale dans la présentation des nouvelles, et exceller par la profondeur et la qualité de ses reportages, mais elle he saurait avoir d’obligations particuliéres de faire de la \ tionales, provenant surtout d’Ottawa et de Toronto, et les couver, Calgary, Regina, Peterborough, Québec et Monc-, l’étranger ont plusieurs provenances: les bureaux de _ propagande pour les organismes ou les activités du gou- vernement. C’est l’importance des nouvelles qui doit guider son choix, et non leur éclat, leur intérét, leur originalité ou leur valeur de divertissement. Les émissions d’affaires publiques Les nouvelles ne doivent pas s’accompagner de com- mentaire ou d’opinion, mais étre situées dans un contexte permettant d’en saisir le sens. Ne pouvant trop présumer des connaissances de son auditoire, le journaliste doit ex- pliquer ce contexte. Si son explication va droit au but, la s’arréte la nouvelle et commence ce que le réseau anglais appelle “‘current affairs’. L’équilibre n’est pas, 1a non plus, facile a réaliser, mais des 1971 Radio-Canada s’est donné pour régle, au moins en principe, de ne pas porter de jugement éditorial, d’informer et d’éclairer en exposant divers points de vue, de servir d’agent catalyseur aidant a former un consensus sur les questions qui affectent notre avenir. II ne saurait étre question, selon elle, de prendre position parmi le vaste éventail d’opinions politiques qui agitent le Canada, son mandat d’unité nationale ne lui commandant pas de se rallier 4 une position politique quelconque dans le do- maine controversé des relations constitutionnelles fédé- rales-provinciales. En réduisant ainsi la situation politique du Canada a un débat constitutionnel fédéral-provincial, Radio- Canada parait certes imperturbable, mais on peut se demander si cet exemplaire sang-froid est signe de perspicacité ou de faiblesse. Les sujets controversés A titre d’organisme de réglementation, le C.R.T.C. tentait depuis 1968 de définir pour les radiodiffuseurs, relativement aux émissions sur des sujets controversés, des lignes de conduite alliant la liberté d’expression la plus grande possible aux notions de justice, d’équilibre et d’impartialité. En juillet 1970, il concluait que “. . . lintérét du public et des radiodiffuseurs canadiens ne saurait étre mieux servi que par l’examen honnéte et ob- jectif des questions d’intérét public et l’expression de divers points de vue. Les radiodiffuseurs doivent poser comme postulat qu’a ce stage de l’évolution des émissions d’information, le public est assez mir pour accepter et faire son profit de l’expression d’une variété d’opinions, puis dégager ses propres conclusions. On n’ameéliorera pas la qualité de la radiodiffusion canadienne par une réglementation excessive ou une interprétation restric- tive de la Loi sur ja radiodiffusion.”’ Qu’en pense le public? Le Comité a utilisé deux moyens pour s’informer de ce que le public pense de Radio-Canada: il a chargé la maison CROP de Montréal de procéder, du 25 mai au 22 juin 1977, a un sondage national comportant un entretien personnel d’une heure et demie avec 2400 Canadiens; et il a invité le grand public a manifester son opinion par écrit. Selon le sondage, les Canadiens francophones et anglophones ont, a peu de chose prés, les mémes réflexes quant a la crédibilité, l’honnéteté des émissions, la fidélité aux objectifs et la qualité des réalisations de Radio- Canada. Bien que la majorité des 41 p.c. de répondants in- formés de critiques formulées contre Radio-Canada aient plutét tendance a les endosser, tous estiment qu’il est essentiel de maintenir un secteur public de radiodiffusion composé d’un réseau francais et d’un réseau anglais. De 70 a 80 p.c. des Canadiens sont d’avis que les partis politi- - ques et autres groupes peuvent s’exprimer par |’intermé- diaire de Radio-Canada; 60 p.c. pensent que Radio- Canada contribue a l’identité et a l’unité canadiennes, ceux qui ne partagent pas cette opinion étant surtout des agnlophones du Québec et de la Colombie- Britannique. Anglophones et francophones ont porté des jugements presque identiques sur la production de Radio-Canada: ASSEZ de nouvelles internationales et nationales, sur l’Ontario et le Québec, sur le séparatisme au Québec, sur Punité nationale; mais PAS ASSEZ sur les autres régions, sur les minorités linguistiques et culturelles, sur le Canada frangais pour les anglophones, sur le Canada anglais pour les francophones. -- De 70 a 80 p.c. des répondants estiment que tous les moyens de communication disposent d’une liberté d’ex- pression au moins convenable, et tous réprouveraient toute tentative gouvernementale de la limiter ou de con- trdler l’information radiodiffusée, méme en temps de crise. Quelque 90 p.c. croient que les grands réseaux de télévision présentent honnétement les informations, plus de 70 p.c. disent se préoccuper de l’objectivité de ]’in- formation, en particulier 4 Radio-Canada, et 32 p.c. sou- tiennent que les opinions politiques personnelles des jour- nalistes influencent l'information a nos deux réseaux. l 7 d) La programmation offerte par le r systeme de la radiodiffusion canadienne | devrait étre variée et compréhensive et | l devrait fournir la possibilité raison- | | nable et équilibrée d’exprimer des vues | | différentes sur des sujets qui préoc- | | cupent le public et ... la programmation | i “de chaque radiodiffuseur devrait étre de | haute qualité et utiliser principalement | | des ressources canadiennes créatrices et | l autres. | | | | (Loi sur la radiodiffusion, article 3d) Les réactions du public Des 1212 lettres recues du public, 244 accusaient le réseau francais de Radio-Canada de parti pris dans sa programmation, 165 adressaient le méme reproche au réseau anglais, et 99 disculpaient les deux réseaux de tout préjugé. Sur les 208 lettres parlant d’un préjugé sépara- tiste (165 pour le réseau francais et 43 pour le réseau anglais), un quart relataient des faits précis, avec dates, identification des émissions, personnalités et incidents, les autres s’en tenant a des accusations globales. Un grand nombre parlaient de facteurs tels que sourires, in- tonations, accentuations, choix d’invités. Les correspondants de toutes les parties du pays esti- ment que la centralisation des opérations de Radio- Canada a Montréal et a Toronto explique en partie son inaptitude a refléter, comme il faudrait, toutes les facet- tes du Canada; les tendances séparatistes n’en seraient qu’un effet. : En somme, le courrier montre que le public veut un service d’information neutre et libre de toute domination politique; et un service décentralisé qui ne contribuerait plus a faire naitre une forme de séparatisme régional. Traitement des plaintes Les 104 lettres de plainte (50 en francais et 54 en anglais) mentionnaient 160 incidents précis: 51 du Québec, 27 de l’Ontario, 13 de la Colombie-Britannique, 5 des Prairies, 4 de ]’Atlantique et 4 de localités non iden- tifiées. Les enregistrements fournis par Radio-Canada ont permis d’en vérifier 92. Aprés examen, le Comité en a retenu 25 portant sur des themes de propagande politique, de racisme, d’attaques contre des symboles ou institu- tions canadiens, de manque de représentativité. L’analyse spéciale des 43 lettres formulant 58 plaintes contre le réseau anglais et 23 contre le réseau frangais a permis de voir comment Radio-Canada donne suite aux plaintes qui lui sont adressées. Ces lettres avaient donné lieu a 55 démarches antérieures, dont la moitié auprés d’élus du peuple ou du Président de Radio-Canada, les- (suite a la page suivante) Ae Cestextes sont ournis parle Secrétariat d'état =