si i als LE MINI-QUOTIDIEN DE LANG VOL.13 No 51 VENDREDI 24 g 2 F AVRIL 1981 Prématernelle francophone . St UE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE L'indispensable Bambinerie Laurent Deboise Les prématernelles bilingues de Vancouver connaissent un succés sans précédent auprés des anglophones. Les parents francophones, pris de vitesse, s'apercoivent que leur progéniture joue en milieu anglais. D’ow la nécessité de fonder une prématernelle réservée aux enfants francophones. Elle porte un nom: “La Bambinerie.” ~ Au coin de la 49e et de Oak, dans des locaux loués a !Unitarian Church, réson- nent des cris d’enfants. Cris: en anglais, cris en frangais. Nous sommes dans une école prématernelle bilingue: la Vancouver Bilingual Free School. Cing jours par semaine a raison de deux heures trente par jour, vingt enfants de trois ans et vingt enfants de quatre ans jouent, chantent, racontent des _histoires. “L’éducation se fait au maxi- mum en frangais” explique Monique Riou, qui enseigne en prématernelle depuis cing ans. La Vancouver Bilingual School, de 10 ans, est admi- - nistrée par dix parents, et "provincial. | =. emploie deux enseignants cole s’adresse ~ par priorité aux enfants anglophones qui apprennent le francais comme langue seconde. Cing prématernelles du mé- ‘me type se partagent la clientéle: deux a Vancouver, deux. a Burnaby, une a4 Richmond. Ou plutét se par- tageaient: l’école de Suzanne Tremblay, qui recevait 15 enfants par an depuis 10 ans, ferme ses portes: “C’est un travail passionnant, recon- nait Suzanne Tremblay, mais mal payé. Et puis j’ai besoin de changement.” Le bilinguisme ne rapporte pas, mais il se vend décidé - ment trés bien. Les préma- ternelles bilingues rempor- tent un succés étonnant auprés des parents anglopho- nes. La Vancouver Bilingual Free School a une liste d’attente de 20 noms pour la classe de3 ans, et de 46 noms pour celle des 4 ans. Les parents anglophones voient a long terme: “99% ~ “Jouer en frangais des enfants inscrits en pré- maternelle biiingue suivront les cours du programme dimmersion”, estime Moni- que Riou avant d’ajouter: “Ce sont les parents franco- phones quil._ faudrait secouer!” . Les proportions sont en effet écrasantes: si l’école de Suzanne Tremblay recevait 4 enfants francophones pour onze anglophones, ce rapport tombe a 4 pour 40 dans l’école de Monique Riou, et encore plus bas dans les autres prématernelles bilingues. Mais tout comme I’acquisi- tion du bilinguisme, la lutte contre |’assimilation passe, selon les enseignants, par la prématernelle en francais: “Les parents francophones disent parler en francais a la maison: c’est souvent faux et toujours insuffisant. L’en- fant doit jouer dans sa langue maternelle avec d'autres Trois Riviéres, Hospitalité Canada, France Canada Cures anti-assimilation LD Prenez garde: vous allez vous noyer dans cet océan anglophone qu’est la Colombie Britannique. Le “Soleil” a sélectionné trois associations qui vous proposent des bains de frangais, au Québec ou en France. L’une d’elles correspondra 4 votre degré d’assimilation, ou simplement satisfera vos envies de voyage. Premier cas: Yous sentez venir tout doucement, perni- cieusement le spectre de Vassimilation. Vous avez peur de perdre votre langue maternelle, le francais. Une solution: un stage a Vuniversité du Québec de Trois Riviéres. Trois-Riviéres offre en ef- fet des bourses aux franco- phones menacés par |’assimi- lation. Conditions requises: -__ vivre hors du Québec et avoir plus de 18 ans. Tout est gratuit, sauf le voyage de retour en Colombie Britanni- que. A Trois-Riviéres, vous serez logés chez une famille québécoise et vous participe- rez aux activités de l’univer- sité. C’est immersion totale. Luniversité de Trois- Riviéres est membre de l’ Association Québécoise des Ecoles de Francais. Chaque année, onze colléges et uni- versités regoivent plus de 10,000 personnes soucieuses de vivre en milieu francais: des Canadiens anglais, mais aussi des _hispanophones d’Amérique du Sud. Le prési- dent de l’Association, Pierre Niedlispacher, a séjourné la semaine derniére 4 Vancou- ‘ver pour préparer la venue d’étudiants de Colombie Bri- tannique. Demande de bourses pour Trois-Riviéres:. Ecrire au Service de Langue francaise du Ministére de l’Education, 835 Humboldt Street, Victoria, B.C. V8V 2M4- Téléphone: 387-1547 Deuxiéme cas: Vous étes complétement assimilés.- Ce quiest naturel, car vous avez entre 14 et 22 ans, la tranche d’age la plus touchée par Vassimilation. Cette rubri- s'adresse donc plus 4 vos parents ou professeurs qu’a vous-mémes. Et vos parents ou professeurs devraient profiter du programme WHospitalité Canada. Les parents ou professeurs anglophones, eux, ne s’en privent pas. Hospitalité Canada, financé par le Secrétariat d’Etat, s'est en effet spécialisé dans les échanges bilingues de groupe Exemple? Hantsworth Secondary School a North Vancouver. 86 éléves vont passer 9 jours 4 Laval, au Québec, dans le cadre d’un échange avec une école loca- le. , Ces jeunes anglophones partent le 10 mai, accompa- gnés par trois professeurs. Ils seront logés dans les familles de leurs correspon- dants. Ils visiteront Québec, le Parlement d’Ottawa, les installations olympiques de Montréal, le fleuve Saint- Laurent. La derniére semai- ne de mai, les correspon- dants québécois visiteront leur tour la Colombie Britan- nique. Suite page 6 . inter-provinciaux. enfants.” Monique Riou accroitrait volontiers la pro- portion de francophones. Cest la demande qui est insuffisante. Réponse des parents fran- cophones: “Nos enfants n’apprendront pas le francais dans les classes ot la grande majorité des autres enfants parle anglais.” Suzanne Aury a deux en- fants. Le premier a passé deux ans a la Vancouver ~ Bilingual Free School. Suzan- ne n’y inscrira pas le second: “Il faudrait que les propor- tions soient inversées: 10% d’anglophones et 90% de francophones.” Pour sortir de ce cercle vicieux, un groupe de sept parents francophones de Vancouver et de Burnaby vient de fonder la “Bambine- rie”. “La Bambinerie” est une tentative de prémater- nelle réservée aux enfants francophones” explique Manon Lafleur, une des trois ie TO: ~~ “Finalement, vos enfants — peuvent jouer en frangais”, tel était l'exergue du tract distribué au Salon du Livre, Suite page 6 SECOND CLASS MAIL COURRIER DE 2iémeCLASSE No. 0046 25 CENTS colarité L'anglais perd du terrain La Commission Scolaire de Vancouver vient de rendre public un rapport de recherches qui ne peut laisser les francophones indifférents. Auprés des 77 écoles primaires et des 19 écoles secondaires de Vancouver, les cher- cheurs ont recensé le nombre d’éléves pour les- quels l'anglais est une langue seconde: 21,398: sur un total de 55,539 inscrits, soit prés de 40% de la population scolaire. L’anglais perd du terrain. Comme quoi, les minori- LANGUES PREMIERES tés linguistiques se por- tent bien 4 Vancouver. Une ombre au tableau: seulement 316 éléves ins- crits ont pour premiére langue le francais. 197 dans les écoles primaires, 119 dans les écoles secon- daires. L’assimilation, si elle est certainement moins importante que par le passé, reste un phéno- méne général: 44.7% des éléves des écoles primai- res ont une langue mater- nelle autre que l'anglais, contre 33.2% dans les écoles secondaires. Es fea ~ NEB g | — EEL: MPO Mad af dat CD 1 «a - Cool ie Pénitencier de Mission Prisonniers et francophones Pour étre prisonnier, on n’en est pas moins francophone. Les pénitenciers de Kent, Matsqui et Mission ont tous des clubs francais. Le “Soleil” a choisi de féter Paques dans !'un des plus actifs, celui de Mission. Derriére les barbelés résonnent les tires. Deux rangées de fils de fer barbelés encerclent des ba- timents qui semblent gris tant est triste la pluie. C'est le pénitencier de Mission. Dans cette institution. du gouvernement fédéral, des centaines de prisonniers ti- rent leur peine: minimum deux ans, maximum la per- pétuité. Devant les barbelés, nous attendons l’heure de la visite. Nous: une vingtaine de fran- cophones de Maillardville ou de Vancouver. L’entrée d’un pénitencier ressemble com- me deux gouttes de pluie a Ventrée d'un aéroport. Nous passons un par un devant des détecteurs a: rayons; tout objet métallique doit étre déposé au bureau. Nous suivons plusieurs cou- loirs. Douces moquettes, couleurs vives: le pénitencier de Mission est ultra moder- ne. “C’est mieux que dans beaucoup d’autres places”, m/’affirmera un prisonnier. Je demande s'il est possible de visiter la prison ce soir. Réponse négative. Je saurai seulement que certains pri- Ressources Humaines Gare aux fraudeurs Les inspecteurs contre la fraude du ministére des ressources Humaines avec la coopération de la police de Vancouver et la G.R:C. vont dorénavant poursuivre plus _rigoureusement leurs enqué- tes sur les personnes qui recoivent illégalement des prestations et assistance so- ciale. : Déja plusieurs personnes ont été arrétées et condam- nées a des peines de prison: Joan Eleanor Kaiser, 44 ans, condamnée a 3 ans, Arna Lee, 44 ans, 4 3 ans, Maraga- ret Anne Lavigne, 66 ans, a 2 ans avec sursis; Paul Edward Todd, 37 ans 4 18 mois et a _ $2,000 d’amende; Shirley Su- ley, 43 ans a 18 mois. Le ministre des Ressources Humaines, Mme Grace Mc Carthy, a déclaré que ce genre de fraude était préju- diciable. Non seulement en- vers les contribuables qui paient des impéts pour défra- yer les prestations, mais aussi envers les personnes qui, par la force du destin doivent dépendre des presta- tions de l’assistance sociale pour survivre. sonniers collent des posters sur leurs fenétres pour cacher l'image tentante de la liberté. Mais soudain, dans cette cage dorée, Paques explose, inattendu: cotillons, rires, gaieté, giteaux. jack le lapin embrasse enfants, fem- mes et maris devant le flash du photographe. Un oeuf en chocolat pour celui-ci, un poisson pour celui-la. La féte a lintérieur, et la grisaille dehors: le contraste est sai- sissant. Nous venons d’entrer dans le Club francais de Mission. Sur les 22 prisonniers franco- phones, 16 participent aux activités du club: “Nous refusons les brutes, les durs a cuire.” explique le prési- dent Roger. Roger assure la présidence depuis janvier. Et depuis janvier, le club s'est considérablement déve- loppé. Suite page 6