% 4 Or OVOT «. ered LOC ranliecece stdeernien’) 09% Enlad « ¥ 18 Le Soleil de Colombie, vendredi 23 février 1979 La Société Historique Franco-Colombienne est heureuse de vous annoncer qu’une personne vient de prendre en main le projet “collection photos”. Il s’agit de Mme Anita Charland que vous pouvez appeler au 266-4824, aprés 20h00. Anita ira inspecter vos trésors photographiques et se chargera de la reproduction des photos qu’elle choisira. SR ee ae i ae ee ae ee a ae ae ae a he he 2 fe ae a a he ae eae fe a a a i a a ae i a ak a ak 9k 2 ak 2k «MAIL» AVEC LA HUDSON’S BAY POUR LE LAC DES ESCLAVES PREMIER VOYAGE Notre vie n’en fut en rien modifiée, ni de fagon géné- rale ni pour nos projets de travail extérieur. Le mana- ger de la Hudson’s Bay nous avait parlé, 4 plusieurs re- prises d’un contrat avec le gouvernement vers le petit lac des Esclaves et toute la région située au nord-ouest de cette place, vers la rivié- re de la Paix (Peace River), Dunvegan vers les Rocheu- ses et au nord le bassin de la Mackensie. La Hudson’s Bay était le contracteur en titre et sous- traitait l’affaire a des tiers. Le sous-traitant des années précédentes avait quitté le pays et la compagnie nous proposa de prendra ce job qui devait débuter mi-dé- cembre jusqu’a la fonte des glaces, le transport étant ensuite assuré par les ba- teaux sur les riviéres et les lacs. Nous acceptames donc, mais comme il fallait deux attelages et deux sleighs, nous décidimes de descen- dre vers Edmonton pour chercher un emploi jusqu’a la date du départ. Avec le train, il n’y avait plus de probléme et nous fimes en quelques heures et relative- ment avec un certain con- fort ce trajet que nous avions fait, quelques mois auparavant, en plusieurs _ jours et dans de dures condi- _ CONTRAT POUR LA tions. Le Cecil Hotel nous ac- cueillit de nouveauet, le lendemain de. notre arrivée, nous fimes une visite au Consul de France, avec un mot de Lessard qui nous avait donné, en méme temps, une lettre d’introduc- tion pour son frére P.E. Lessard, alors ministre dans le gouvernement provincial. Nous faimes bien recus et P.E. Lessard embaucha Jean pour la conduite de sa Pontiac personnelle et fami- liale. Quant 4 moi, ayant été recommandé par lui auprés de Révillon Fréres, jobtins un emploi temporaire chez eux comme chauffeur d’une Dodge, en remplacement d'un employé malade. Le travail n’était pas péni- ble: pour Jean, c’était le service en ville, conduire Monsieur ou sa famille, bri- quer la voiture, nourri matin et soir et libre ensuite, avec soixante-dix dollars assurés. Pour moi, j'allais parfois en dehors d’Edmonton, dans les villages ou Révillon avait des postes, pour conduire managers ou comptables. Jean put rester en place jusqu’a notre retour a Atha- basca. Quant a moi, ayant terminé le remplacement qui m’avait été indiqué, je dus chercher un emploi valable jusqu’a notre départ. Les tableaux des «em- ployments offices» n’of- fraient que des places dans des chantiers assez loin de la ville, notamment de bfiche- rons, a quelque cent cin- quante. a cent. soixante-quin-) . ze miles a ]’ouest, vers les Montagnes Rocheuses. C’efit été a une autre période de Vannée, j'aurais accepté car les gages étaient bons. Mais devant prendre le contrat du courrier vers la mi-décem- . bre, c’était vraiment trop court. Je fus dépanné par un jeune Francais, Marius Clé- ment, qui logeait comme nous au «Cecil» et qui tra- vaillait comme teamster (conducteur de chevaux) dans une entreprise de transports et de travaux. Il m’apprit qu'il y avait juste- ment une place vacante, un des conducteurs ayant fait une chute et s’étant fracturé une jambe. I] me proposa de me présenter au boss qui dirigeait l’affaire, une grosse boite possédant au moins une cinquantaine d’attela- ges, tous plus beaux les uns que les autres, bétes puis- santes, percherons ou Cly- des de seize a dix-huit cents livres. Le salaire était correct: trois cinquante par jour, mais travail assez dur, car il fallait étre a l’écurie vers 7 heures le matin, et la jour- née ne se terminait pas avant 7 heures, le soir, aprés les soins donnés aux che- vaux et le nettoyage des harnais et surtout du collier intérieur. Accepté par le contre- maitre, j'entrais en fonction le lendemain et il me fut attribué un attelage de gros clydes, magnifiques bétes, mais véritables éléphants!... Moi, tout petit a cété de leur _ a AID Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4.00 membre individuel $10.00 membre groupe A/S MME Catherine Lévesque, 211, 46eme avenue ouest Vancouver, C.B. V5Y 2X2 masse, j’avais toutes les ‘peines du monde pour leur passer les harnais —§ qui étaient trés beaux et d’au- tant plus lourds, en rapport. . avec leurs porteurs, naturel- lement, et tout garnis de clous et plaques de cuivre, la grande mode du pays. Le second jour, d’ailleurs, je trouvai une petite caisse qui me servit d’escabeau et, par la suite, je m’arrangeai avec le garcon d’écurie qui s’occupait de ma stalle, un beau Noir bien planté qui les habillait chaque matin, moyennant un paquet de «Old Chum» par semaine. J’avais, en somme, remis en pratique sur le sol cana- dien le vieux systéme D de la vieille France et les tam- . pons du régiment. En sorte que, lorsque j’arrivais le matin, tout était prét et je n’avais qu’a passer 4 office prendre les ordres de la journée. Je fis ce métier un mois durant, sans déplaisir: mes chevaux étaient des bétes courageuses et franches, douces et sans malice. Le travail était varié: certain jour, nous transportions des madriers de scierie; un au- tre, des sacs de farine ou de blé au moulin a4 farine ou dans les entrepéts de gros- ses compagnies. Nous efimes aussi a «mouver» une mai- son de bois d’un quartier dans un autre, et ce fut, pendant deux jours, une intéressante besogne et iné- dite pour moi. Ce qui m’apparaissait le _plus.dur, c’était le départ Co ale hs ha ae ie Saviezs-vous qu'il existait un journal en francais au début de la colonie? eke a a ak ok oe LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE a/s Mme Catherine Lévesque, 211, 46¢me avenue ouest, Vancouver, C.B. V5Y 2X2 PRIX: $1.00 + $0.25 pour la poste : vers 5h30.ou 6 heures du matin, dans lair glacial et. dans la-pleine nuit boréale. Nous avions un assez long trajet a faire, l’écurie de notre entreprise se trouvant du cété de Strathcona. A un moment, nous traversions un quartier résidentiel aux jolis bungalows bien alignés, avec leurs vérandas et ter- rasses au bord de leurs «greens», invisibles en cette saison, sous la neige de Vhiver. Parfois, une lumiére bril-° lait 4 une fenétre et je pen- sais alors 4 la douce intimité familiale et a la tiédeur de la ‘maison bien close. Et nous, pauvres diables, nous allions, comme des cen- taines d’autres, dans le vent qui nous cinglait le visage, vers un travail qui, durant tout le jour, nous tiendrait sous la morsure du froid. Et ‘ je comprenais alors la révol- te de ces malheureux qui, sans espoir, sans bonheur, ne voyaient dans le déroule- ment passé ou 4 venir de leur vie, qu’un long calvaire et un chemin de croix. Coincés dans l’étau d’une malheureuse destinée qui — semblait les enfermer com- me une prison sans bar- reaux, ils ne pouvaient espé- rer s’en évader, sauf peut- étre par un coup du hasard. Et c’est ainsi que I’on voyait, & chaque découverte, ces ruées vers l’or, le pétrole ou la pechblende, cette course presque démentielle vers une nouvelle toison dorée ou de prometteuses chiméres. ed a que l'on voit parfois, le long de pistes ignorées et déja - recourvertes, des tertres de. rochers, sépultures.de-mal- chanceux et témoignage de ~~ leur pauvre folie. Pour moi qui vivais. ce- pendant de leur vie, il n’en était pas ainsi: si je souf-. frais comme eux physique- —. ment, si je sentais monter aussi la révolte devant les injustices d’une société plu- t6t ignorante et béte que mauvaise et méchante, ce que je faisais, je le faisais de ma propre volonté et comme _ une expérience, et jen tirais des enseignements qui de- vaient étre plus tard un enrichissement de mon es- prit et de mon coeur. Je pouvais parfois maudi- re le sort, et le vent, et la morsure du froid sur les doigts engourdis sur les rénes ou !'outil, je savais en tout cas que, si je le vou- lais, il ne tiendrait qu’a moi de terminer cette tranche de vie et de reprendre mon. habit de bourgeois bien pourvu, dans une quelcon- que ville de mon Quercy ou de mon Limousin... Mais dans l’enthousiasme de mes vingt ans, je pen- sais, en travaillant, au re- tour vers la propriété ot. tant de choses nous appe- laient pour de nouvelles réalisations. Nous avions dé- ja un toit qui pouvait nous accueillir, une cheminée marquant de sa fumée une présence humaine, et nos pas étaient tracés sur le chemin qui nous y condui- pot, o ows IAS ULB ae