Loisirs Le 3 avril, mercredi saint. Reprise des cours hautement in- tellectuels. Cette fois, j’ai rempli mon sac a bandovliére d’objets d’usage courant: savon, dentifrice, brosse a dent, peigne, miroir, mouchoir, ciseaux, cadenas, etc., pour aider mes petits génies en herbe a jongler avec les mots. L’objet-vedette: mon rasoir élec- trique sans fil. Je me rase devant eux. On n’en revient pas! Chacun constate, du bout des doigts, la perfection du rasage. Ce jouet magique est cependant vite ou- blié dés que je sors mon appareil- photo. On me fixe des yeux, ser- rés les uns contre les autres, sou- rires jusqu’aux oreilles. Clic! La legon de chant de fin de matinée consiste a parcourir l’échelle des sons sur différentes syllabes, puis 4 sonner les mati- nes avec le frére Jacques - en frangais, bien sir. Je parviens a faire... partir le célébre canon par quatre petits «canonniers», dont l'un, a la voix d’or, mériterait sans doute de devenir Petit Chan- teur de Vienne. (Un autre Mozart que la société aura assassiné.) En renvoyant ensuite ma classe au soleil, je déclare que la prochaine legon - la derniére - réservera une surprise. Hourra! Aprés le repas, sieste pour tous sous les ventilateurs. (Si le trois fait le mois, avril sera incan- descent.) Je consacre l’heure sui- vante 4 tenter de perfectionner l’anglais des plus grands. Tout va rondement, si rondement que j’ai l’impression de continuer 4 me reposer. Vient l’heure de la céré- monie pénitientielle du mercredi saint a l’église paroissiale. L’aus- térité de ce rite liturgique et la chaleur excessive suffiraient faire expier plus d’un péché mortel. De retour 4 Abhayadha- ma, reprise des cours d’»éducation aux adultes», avec le plus grand sérieux. Nous (religieux et béné- voles) péchons ensuite par gour- Voyages Repos et benevolat mandise autour de la table com- munautaire. Fumet délicat. Nous sommes encore a table lorsqu’on vient chercher Jean-Paul pour qu’il se précipite d’urgence, avec sa camionnette, sur les lieux d’un accident - 4 2 km. Je l’accompa- gne avec empressement. Le frére fait étendre un tapis a 1’arriére du véhicule. Vite, en route. Nous voici arrivés. Une motocyclette est entrée en colli- sion avec un autobus privé. Le motocycliste (en boisson, nous dit- on) et un ami sont allongés sur le sol, geignants, ensanglantés. Bles- sures 4 la téte, ecchymoses; l’un a probablement une jambe brisée, l’autre un bras. On les dépose sur le tapis sans grand ménagement. Plusieurs jeunes gens montent a leur chevet. Vite, 4 1’h6pital. D’innombrables coups de klaxon servent tant bien que mal de siréne. Parvenus a I’hépital du gouvernement le plus proche, nous constatons avec surprise que toute l'institution est plongée dans l’obs- curité - comme d’ailleurs tout le quartier. Ni génératrice ni lampe de poche! Les deux accidentés sont déposés, a la lueur de chan- delles, sur des lits ordinaires dans une salle commune; leurs gémis- sements se font plus inquiétants. Jen’en crois pas mes yeux: seule- ment deux chandelles! Un méde- cin griffonne a lalueur tremblante de 1’une, tandis qu’une infirmiére vaet vient entre les deux lits l’au- tre 4 la main. Médecins, infirmié- res, garnison d’amis, langage incompréhensible, lamentations en sourdine, ventilateurs impuissants, odeurs de médicaments flottant dans les ombres mouvantes... Suis- je en train de réver? Les blessures 4 la téte des deux victimes exigent qu’on les transportent dans un hépital spé- cialisé. Une infirmiére nous pré- vient qu’ils seront préts a partir dans environ cing minutes. Dix minutes plus tard: «Dans cing minutes». Une quinzaine de mi- nutes plus tard: «Dans une quin- zaine de minutes». Quoi dire? Quoi faire? L’ami qui est venu cher- cher Jean-Paul nous invite 4 un restaurant dans un quartier éclai- ré. N’ayant pas faim, nous com- mandons deux grosses «77» froi- des, biére aussi appelée «Double Seven» (a propos, il n’y a pas de 7-up en Inde). Nous ne retour- nons a |’hépital reprendre les blessés qu’une bonne demi-heure plus tard. partie avant du véhicule. D’un arrét a un autre, six jeunes gens se tiennent debout sur la marche extérieure! Je fais la connaissance du seul autre blanc, le... major Thompson, médecin retraité de l’armée britannique. Je lui parle des célébres CARNETS DU MAJOR THOMPSON, lus 1’an dernier, justement. (Il est bien tourné ce mot du PETIT ROBERT au sujet de son auteur, Pierre Daninos: «C’est avec LES CAR- NETS DU MAJOR THOMPSON que ce moraliste bienveillant, peintre ironique du Frangais moyen, obtint de ses victimes le succés.) Ce digne sujet de Sa Ma- jesté posséde une collection de plus de 500 papillons différents, qu’il m’invite a aller admirer. I] semble posséder aussi une vaste collection de sages principes. Jean-Claude Boyer Une autre demi- heure plus tard, nous arri- vons enfin 4 1’autre hépi- tal - 4 une extrémité de la ville. Nouvelles précipi- tations, reprise du récit détaillé de 1’accident, in- terrogatoire... Atmosphére combien déprimante. Que l’on remplace les lumié- res électriques par des bougies, et]’on se croirait dans un hospice du Moyen Age. J’ai les paupiéres de plus en plus lourdes. Ma patience est usée jusqu’a la corde. On décide main- tenant de renvoyer nos deux blessés au premier hépital. «Ils s’en sorti- ront», déclare un spécia- liste. Nous ne sommes enfin de retour au «foyer sans peur» que tard dans la nuit, blessés nous- mémes, me semble-t-il. En souhaitant bonne nuit a mon bon ami samaritain, je ne manque pas de lui exprimer mon admiration pour sa grande disponibi- lité et la bonté évangéli- que qu’il sait témoigner a ses fréres indiens. Le 4 avril. Soleil! Soleil! Je remonte dans un autobus bondé pour Bangalore, ov j’achéterai ma demiére série de ché- ques de voyage. Presque toutes les passagéres se sont agglutinées dans la Suite 6 - 440 Main, Vancouver, BC, V6A 2T4 Tél.: (604) 685-2235 Fax: (604) 685-2236 Nicole Beaulieu, ctc Agente de voyage Gunn's Travel Ltd. Gs) Interglobe Travel Glee 2128 Kingsway Vancouver V6N 2T8 Tél.: 439-0080 Téléc: 439-0822 hl MON + 112 (Taxe, surcharge carburant et TPS) { a partir de 359 G suennerounD 49 $ ALLER SIMPLE REAL + 20$ (Taxe, surcharge carburant et TPS) 2 vols directs par semaine ~ Je LUNDI & le JEUDI MINIMUM SEJOUR: 3 JOURS MAXIMUM SEJOUR: 6 SEMAINES | | i | HORAIRES: '| Dép. Vane. 10h50, . Arr. Mont. 18h40 Dép. Mont. 6h40 Arr. Vane. 9h20 COMPAREZ ET ECONOMISEZ | Consultez votre agent de voyages pour réservations et conditions. English Bay Travel Ltd. 1267 rue Davie Vancouver, V6E 1N4 Philippe Gohier (604) 687-8785 Les mots croisés de Tima Sekkat Solution de la semaine derniére Grille 29 Grille 28 I U0 WIV V_ VI VILVIM IX Horizontalement Verticalement I I UI V_ VI ViVi Ix 1. Valables. I. Pour le future. FI¢ 1 2. Reconsidéré. - Démonstra- _II. Ladrerie. - Premier naviga- I 2 “ : I : E : T 2 | tif. teur. z 3. Langue internationale. III. Elle vient en mangeant. - 3 4. Existence. - Fin d'infinitif.- Dans une variété. 3IU|VIEJE Oats E Donne le choix. IV. Boeuf sauvage. - Com- 4 = & 5. Elle gére l'administration mence. 414 I LIA AE E financiére. V. Divinité de lamer. - Grande ; 5 6.FleuvedeFrance.-Erbium. étendue. 5 A RB E L = P S 6 7. Double en téte. - Qui n'est VI. Chamois. - Située. 6I LIE INIA S10 ve pas vraiment snob. VII. Prénom féminin. | 8. Pronom indéterminé. - Sili- VIII. Teinte.- Mouvementsi- 7] T NILTIE R EL: a cote naturel 4 contexture fi- nusoidal. 8 ; breuse. IX. Obéit. - Possessif. 8 S E RB T E R 9. Régl itions.-Ta- X. i. - , 9 — gles ou conditions.-Ta- X.Pronom réfléchi. - R6dent. 9 M FE MIE R R E 10 10. Rigoureusement. ID EIMIL ISIE EIS Vendredi 15 février 1991 Sa Le Soleil de Colombie