4— Le Soleil de Colombie, vendredi 12 juillet 1985 Société Survivants en péril Par Odile Tremblay Catastrophes ou attentats, ce sont des événements tragiques dont les survivants sortent marqués. Pas toujours physi- quement, mais psychologique- ment. Comment survit-on a une choc pareil? Qu’y a-t-il de prévu pour aider ces victimes? Le 29 mars 1979, une journée comme les autres, Johanne de Montigny, jeune secrétaire de ministre de 29 ans, prend le vol de Québecair quittant 1’Ancienne-Lorette en direction de Montréal. Peu aprés le décollage, c’est l’hor- reur. Le moteur droit de l’avion s’enflamme. Dans une terreur muette, les passagers voient l'appareil prendre de l'altitude quelque temps, puis subitement chuter pour finale- ment s’écraser dans un champ. Dix-sept personnes périront, dont les trois membres de l’équipage. Johanne est au nombre des Sept survivants. Etendue dans la neige, une rotule arrachée, des ligaments déchirés, 12 cétes brisées, un bras ouvert et un ‘“poumon perforé, elle vivra 20 minutes d'une angoisse indicible avant l’arrivée des secouristes. L’at- tendent encore trois mois de platre, 18 mois de physiothéra- pie afin de réapprendre a marcher, deux ans de psycho- thérapie pour apprivoiser l'inacceptable. Phobies “Les traumatismes que l'on €prouve ensuite sont plus difficiles 4 supporter que le’ drame lui-méme, explique-t- elle. Au cours des années qui ont suivi l’accident, j'ai connu les insomnies, les phobies. Je me roulais par terre si quel- qu'un allumait une allumette. Dans mes cauchemars, j’en-' tendais les gens mourir. Lors- qu'un drame se produit dans un groupe, on se sent coupable de survivre. Je ne peux m'em- pécher de me _ reprocher qu'une femme enceinte, décé- dée au moment de I’écrase- ment, est morte 4 ma place. Onse sent en dette quand on a Qu'il s'agisse de catastrophes indépendantes de la volonté humaine ou de drames collec- tifs causés par un ou des agresseurs, les séquelles psy- chologiques des victimes de- meurent un phénoméne fort peuconnu. Aux Etats-Unis, on a néanmoins remarqué que le choc atteignait méme les sau- veteurs dépéchés sur les lieux d'une catastrophe. A la suite d'un écrasement d’avion en Louisiane, 25% du personnel ambulancier avait quitté son emploi aprés un an. On a constaté un taux anormal de divorces chez les secouristes accourus sur le site de l’écrou- lement de la passerelle de V'hétel Kansas City Hyatt. La ‘moitié des ambulanciers ayant travaillé lors de l’explosion de gaz propane a Buffalo, en 1983, ont laissé leurs fonctions dans les deux mois suivant le désastre. Le choc €prouvé est encore plus grand lorsque de tels drames sont causés par une main criminelle. Cauchemar Le 8 mai 1984: cauchemar a l'Assemblée nationale. -Mi-, traillette au poing, un individu fait irruption dans le parle- ment de Québec, tue trois personnes et en blesse plusieurs autres. Son tir désordonné séme la terreur dans l’enceinte du vieux parlement. En entendant parler du drame du 8 mai, le docteur Héléne Lamontagne décide de prendre le taureau par les cornes. Elle pro immédia- tement a |’Assemblée- na- eo tionale d’organiser des théra- pies de groupe pour les survi- vants. Le docteur Lamonta- gne est en fait la seule cialiste du Québec a avoir étudié a fond les problémesdes victimes de drames collectifs. Moins d’une semaine aprés le: événements, elle est déja sur les lieux pour commencer la thérapie. “On attendait une cinquan- taine d’employés; environ 200 se sont présentés, explique-t- elle. J'ai donc dirigé sept sessions de trois heures, re- groupant chacune de 25 a 80 personnes sur les lieux mémes de la tragédie, en plein parle- ment. Le mode d’intervention que j'ai privilégié s’appelle le “debriefing”. Il s’agit d'une technique regroupant plus- sieurs modes connus de thé- rapies, adaptés aux victimes de catastrophes. Son but est de les aider A parler de leur ex- Ppérience, a répéter l'événe- ment afin d'épuiser leur trau- matisme. Elles devaient se rendre compte également qu’elles étaient plusieurs a €prouver des symptémes trou- blants, d’od Tl'utilité d'une intervention collective. De plus, je voulais leur faire - comprendre que leurs réac- tions étaient a la fois normales, compte tenu des _ circons- tances, et passagéres; qu’elles ne constituaient pas des signes de détérioration mentale.” Symptémes Mises a part les blessures physiques que des personnes peuvent avoir subies lors de ces désastres, de quoi souffrent exactement les victimes? “Les symptémes peuvent revétir toutes sortes de formes, af- firme Héléne Lamontagne: douleurs musculaires, pro- blémes menstruels, tremble- ments, haute pression et méme perte de cheveux. Psychologi- quement, les victimes peuvent ‘éprouver des pertes de mé- moire, de la confusion, des difficultés de concentration, de T'insomnie. Sans compter les pensées répétitives qui leur {ont souvent revivre perpétuel- lement la scéne du drame. lLeurs émotions peuvent oscil- ler entre la peur phobique, lirritabilité, un sentiment de dépression, d'impuissance et fréquemment de culpabilité, celle du survivant. “La thérapie a dans l’ensem- ble été un succés, poursuit le docteur Lamontagne. Cer- taines personnes qui n’avaient jamais pu parler de 1l’événe- ment ont éclaté lors des réunions. Elles pouvaient en- fin relacher la vapeur. En général, les hommes ressen- taient davantage un sentiment de colére que les femmes, et celles-ci avaient moins peur de pleurer. Il va sans dire que l'ampleur du choc subi variait avec les victimes. Par ailleurs, les personnes. blessées physi- quement en ressentent le trau- L’écrasement du F-27 a Yaéroport de a matisme psychologique plus tard, une fois que leurs bles- sures sont en voie de guérison. Personnellement, je n’ai eu a diriger que trois personnes vers une thérapie individuelle.” Une question se pose évi- demment: des séances de trois heures peuvent-elles vraiment guérir le traumatisme des victimes? “A mon avis, déclare le responsable des relations de travail a 1l’Assemblée_na- tionale, Gilles Gauthier, pour 80% des employés qui y ont assisté, les sessions étaient suffisantes, mais d’autres ont peut-étre été trop directement touchés pour se relever aussi rapidement...” Risque Si elles ne réglent pas tous les problémes, les thérapies de groupe apaisent du moins certaines craintes, rappro- chent les victimes, leur font ~ comprendre que leurs symp- témes sont normaux et passa- gers. Or, certains milieux de travail présentent un haut risque d’attaques criminelles, et rares sont les employeurs qui’ prévoient un programme d’aide pour les victimes éven- tuelles. Qu’une bande de cagoulards prennent d’assaut une banque pour se faire remettre l’argent de la caisse, c'est 14 un phénoméne assez courant qui reléve du fait divers. Que de tels hold-up soient perpétrés dans la vio- lence est tout aussi habituel. Seule banque au Québec a avoir prévu le choc subi par le personnel survivant aux vols a main armée, la Banque de Montréal, par son programme d’assistance aux employés, s'efforce de leur venir en aide. La coordonnatrice du pro- gramme, Frima Engal, expli- que la démarche: “D’abord nous communiquons avec la direction de la succursale ot l’attentat a été commis. Nous encourageons les directeurs et le gérant a fermer la banque un certain temps, a parler avec les employés, a s’assurer que quelqu’un les attend chez eux. Si le vol a €té entouré de circonstances _particuliére- ment traumatisantes, je ren- contre le groupe d’employés en leur expliquant les symptémes qu'ils peuvent éprouver et en les laissant s’exprimer. Nous leur demandons aussi de sug- _ gérer des améliorations aux normes de sécurité, et on tient eee ee ene YAncienne-Lorette, en 1979. compte de leur avis. Dans certains cas, j'ai rencontré jusqu’a deux fois par semaine, durant quelques mois, des personnes en état de choc, au besoin, je les adresse 4 des psychiatres. N’oublions pas qu’une dépression d’un mem- bre de notre personnel, dans de telles circonstances, est considérée comme un acci- dent de travail, et l’emplo- yé sera indemnisé en consé- quence.” Dédale Fort malheureusement, les victimes souffrant de blessures graves ont souvent a subir une nouvelle épreuve: la panoplie d’examens visant a établir le montant de l’indemnité qui leur sera versée. Héléne de Montigny, aprés_ l’accident d’avion de Québecair, tombait sous la loi de la Commission des accidents de travail puis- qu'elle rentrait chez elle a Montréal a la suite de quelques jours de travail 4 Québec. La Commission de santé et de sécurité au travail tenant Québecair responsable de l’ac- cident, Johanne dut livrer une véritable bataille juridique pour obtenir que la compagnie lui verse une rente perma- nente de 72% d'incapacité, calculée a partir de son ancien salaire. En tout, elle a da rencontrer 110 spécialistes dont une bonne soixantaine ne l’ont examinée que pour éva- luer les indemnités auxquelles elle aurait droit! “J’ai trouvé pire d’étre entrainée dans un tel dédale judiciaire que d’avoir vécu l’écrasement, con- fie-t-elle.” Au fond, nous ne sommes pas préparés a affronter de tels drames, ni au moment du désastre ni aprés. “Nous pen- sons mettre sur pied des cours de réanimation, de secours aux blessés, explique Gilles Gauthier de |’Assemblée na- tionale. Mais en fait, de tels cours de secourisme devraient étre donnés a tout le monde, dés le niveau scolaire. Lorsque des catastrophes se produisent, les gens ne connaissent pas les techniques de réanimation. IIs ne savent pas comment é€viter la panique qui peut faire des victimes autant qu’un attentat ou un accident. C’est un manque social de ne pas étre préparé a affronter une tragé- die.” : [Magazine Justice] Moi, je voyage en francais Chaque fois que je prends un avion d‘Air Canada ou un train de Via Rail, C'est en francais que j‘achéte mon billet, réserve ma place ou demande un café. Vos associations franco-colombiennes Les aventures de Simplet Simplet raconte: Histoire de Minus Par Michel Monnet Lectrices et lecteurs, soyez bien avertis, ceci ne peut étre qu'un conte, rien de tel n’existe dans un haut lieu de civilisation morale et religieuse, ce serait bafouer la dignité humaine, pire un manque d’éthique. Il était une fois, il y a des siécles et des siécles dans un pays éloigné, un petit vieux, retraité bien tranquille, appellé Minus. Comme il avait toujours travaillé pour les autres il était pauvre. Chichement il vivotait de sa minuscule pension pour gens agés. Se plaindre il n’y songeait pas, encore moins aller quémander un sac de nourriture a la banque alimentaire de son quartier. La vue de milliers de démunis et sans travail le peinait, et il estimait que ces nécessiteux qui faisaient la queue pendant des heures en avaient peut-étre plus besoin que lui. Et puis ils étaient l’avenir. Le chémage Frappe a tout age. L'aprés-midi il allait quelquefois a la taverne voisine avec les anciens, ceux de son 4ge s'offrir un verre de biére et fumant sa pipe discutait sans fin du temps des bons salaires, du travail 4 foison, des voitures d’occasion toujours en panne, puis des taxes et de la guerre, la derniére, celle dont la fin devait amenerl’éternelle félicité. Cette petite vie bien calme aurait pu continuer longtemps maisil y eut subitement dans le pays grand déploiement de Promesses politiciennes. Promesses si belles qu’elles donnaient du vague a l’4me et l'eau ala bouche. Minus, le pauvre retraité, étant de bonne foi et d’esprit simpliste crut que le changement allait se faire pour le mieux et pour la premiére fois de sa vie vota contre sa classe. Avec un ptessentiment de culpabilité il fit une croix au mauvais endroit. A peine son bulletin dans l’urne il commenga a le regretter, cela ne faisait que commencer. Le parti de la conserve Vous fera devenir serve En ce temps-la, c'est 4 dire quelques jours aprés, le pauvre retraité Minus vit le vin, la biére, le tabac faire un bon vertigineux dans les hauts prix. Petit sacrifice se dit-il si cela peut aider les chémeurs, et il chassa vite la pensée que ce fut pour autre chose. Les choses se désaméliorérent en vitesse accrueetun funeste jour de pluie printaniére, Minus aprit que sa pauvre pension allait étre des-indexée. Ce mot barbare qu'il ne connaissait pas, avait un air méchant. Honteusement dans les marchés il choisissait les légumes défrafchis, la viande abimée, le pain de la semaine précédente, méme un jour tenté par de la nourriturea chiens... I n’était plus question du litre de vin et du camembert hebdomadaire, petites choses qui font les délices du viel age. Lorsque tout est au pire Sncinitin sili il pagcnenrinenger ee waits can Attendezvousquetoutempire = Le pauvre retrait€é Minus va-t-il tomber victime du monstre dés-indexeur de pension, vous le saurez le semaine prochaine dans le Soleil Colombien. Que la Baraka soit sur vous. LE COUT DE L’ENERGIE (SHS) Le gaz naturel est la forme d’énergie la moins coiiteuse pour chauffer une maison ou ali- menter une industrie, révéle une étude du minis- tére québécois de I’Energie et des Ressources. Ainsi, la résidence X coiterait 1000 dollars si chauffée a l’électricité, 940 au gaz (a Montréal), 131 au mazout et 106 4 la bi-énergie (électricité- mazout). L’avantage du gaz est encore plus con- sidérable pour une petite entreprise commerciale : pour une quantité Y d’énergie, elle paierait 1000 dollars 4 Hydro Québec, ou 690$ 4 Gaz Métropo- litain, ou 850 4 sa compagnie pétroliére préférée. ‘iiaas te SM ; Unisex B Nouveau! Directement de FRANCE! 5 i () 20a 50% de réduction sur une sélection de vétements d'été . 820 RICHARDS ST. Outique 685-414 | ; ; : ;