Le logement a Vancouver Quand les loyers flambent Rue Commercial, un immeu- ble défraichi comme il en existe beaucoup dans cette artére commergante. Dans la cuisine aux murs jaunes_ délavés, Cécile, 33 ans et Sonia, 32 ans, racontent leur histoire. Récit parfois interrompu par le passage d’un camion qui fait vibrer toutes les vitres de l’appartement. Comme dans les mauvaises séries de télévision, tout acommencé par un courrier arrivé un beau matin de février dans la boite aux lettres des deux jeunes femmes. Simple morceau de papier ou la propriétaire annongait qu’a compter du ier juin, le loyer passerait de 350 a 500 dollars par mois. Le verdict de la calculatrice est sans appel: 43 pour cent d’augmentation! «Mapremiére réaction a été de me dire que ce nétait pas possible», se rappelle Cécile. Sonia, «plus diplomate», saute immédiatement sur le télé phone pour contacter |’agent de la propriétaire: «// m’a confirmé la hausse, précisant quelle n était pas négociable». Répon- se identique pour la lettre signée par les locataires des cing appartements de |’immeu- ble frappés par des. hausses allant de 25 a 43 pour cent. Histoire a priori banale a Vancouver. On ne cite plus les exemples de studios dont le loyer passe, du jour au lendemain, de 520 a 570 dollars ou le cas de ce fonctionnaire étranger confronté subitement a une majoration de 200 dollars. Seulement Sonia et Cécile ont décidé de lutter. Par obligation: «C'est beaucoup trop, on ne peut pas payem. Les seules rentrées de leur budget se résument a_ l’assurance chémage et au bien-étre social. Mais aussi parce qu’elles jugent cette augmentation totalement disproportionnée: «L’apparte- ment est dans un trés mauvais état. Aucune peinture n'a été refaite depuis prés de dix ans. Le systéme de chauffage est dangereux. Quand i! pleut, | ‘eau sinfiltre le long des conduits électriques. C'est un véritable nid a feu. Or Ilescalier de secours ne peut supporter plus de deux personnes. Et en cas diincendie, pour y accéder, nous serions obligées de briser une vitre». Un rapide coup d’oeil dans le logement suffit pour confirmer les dires des deux locataires. Dés lors, Sonia et Cécile vont multiplier les démarches et rapidement s’apercevoir que le locataire est aussi nu qu’un ver de terre face aux augmentations de loyers : «Nous n’avons aucun recours». Au début des années 80, le contréle des loyers et le Suite en derniére page 010Ud “"UOISEE) JOUSIIN 39 ets Hebdomadaire: .Courrier 26me classe | Second sond Class Mail “no. 0046 VOL. 23, NO. 4 VENDREDI, 25 MAI 1990 Plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassembiées, lundi 14 mai, devant ’immeuble rue Commercial pour soutenir Cécile et Sonia. Photo: Randy Shere, le Vancouver Echo. Coup de théatre a Ottawa. Le ministre de |’Environne- ment, Lucien Bouchard, a démissionné, lundi soir, du gouvernement fédéral. Dans un discours d'une vingtaine de minutes, il a expliqué, mardi, devant les députés de la Chambre des Communes, les raisons de son geste. ll a d'abord rappelé pourquoi il était descendu dans . «la fausse aux lions» en 1984: «i/ fallait sortir du ghetto et dela prostration, saisir l'occasion de tourner la page sur l'amertume de ce passé récent et commencer a écrire un chapitre lumineux...». Un engagement également lié a la personnalité du premier Derniére heure Lucien Bouchard -démissionne ministre Brian Mulroney. «Un 6tre fonciérement généreux», toujours selon M. Bouchard. Revenant sur l'accord de 1987, Lucien Bouchard a estimé que «/e Québec était sorti exsangue des négocia- tions», ajoutant: «Toute demande additionnelle était une insulte». Condamnation explicite de |l’attitude des provinces .du Nouveau- Brunswick, de Terre-Neuve et du Manitoba. «Je pensais qu'une’ signature, surtout d'un Premier Ministre, était une chose sacrée», déclarait Lucien Bouchard avant de: s’en prendre violemment au Premier Ministre du Mani- _ linguistique». «Je ne peux toba: «Mac Kenna me fait penser au loup qui lance des appels empressés a la protection de la bergerie qu'il vient de saccagem. Dés lors, Lucien Bouchard devait présenter le rapport Charest comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dénongant «/a banali- sation du caractére distincte de la société québécoise, il jugeait inacceptable la re- commandation d’attribuer au parlement et au gouverne- ment fédéral... un réle de promotion de la dualité | Supporter de garder le silence ‘Suite/page| 2 SOMMAIRE: Radio-Canada: la F.F.C. réagit page 2 Festival des enfants: la féte est finie page 12 La chronique de l’Oncle Archibald Dans ce siécle ow tout va vite, les eaux du Lac parlent déja d'une légende ot le Canada est comparé a un sandwich. Elle dit: «En retirant le Québec, le Canada a perdu une bonne partie dela viande. II ne/ui restait qu'un peu de beurre, un peu de salade et beaucoup de pain». Elle ajoute: «/a charcuterie n’étant pas particuliérement bonne pour la santé, le Canada ne s’en porta pas plus mal». Plus loin, en revanche, elle souléve un probléme que les meilleurs spécialistes de la mythologie aquatique narrivent toujours pas a expliquer: «la viande juridiquement absente», dit-elle, «n’en resta pas moins physiquement présente, et aprés chaque bouchée, le Canada devait inévitablement recracher quelque -chose, justement lachose sur laquelle i! avait trop souvent crachéen. Evidemment ce n'est qu'une légende, mais comme dans toute légende, il y a... Oncle Archibald