Te Le oleil : S de Colombie Hebdomadaire fondé en 1968 55 cts par André Piolat TPS incluse Courrier 2éme classe/ Second Class Mail n °0046 vol 24 n°40 980 rue Main Vancouver Té1:683-7092 Fax:683-9686 Vendredi 14 février 1992 Conférence constitutionnelle de Toronto Un baume pour la francophonie es francophones de l’extérieur du Québec ont gagné la bataille de Toronto. La majo- rité des quelques 240 personnes qui ont participé a la conférence constitutionnelle fé- dérale portant sur la société dis- tincte et la dualité linguistique, ont quitté Toronto convaincus que les gouvernements n’ont pas simplement| obligation de proté- ger leurs communautés de langue officielle, mais aussi celle de favoriser leur épanouissement et «Je suis tellement surprise que je me demande comment cela est possible,» n’a pu s’empécher de lancer au micro la deuxiéme _ vice-présidente de la Fédération des communautés francophones etacadienne, Rolande Soucie, qui était impressionnée et enchantée par la tournure des événements. Alors que le gouvernement fédéral et la majorité des gouver- nements provinciaux voulaient absolument éviter de parler de la dualité linguistique de peur de causer un ressac dans la présente ronde constitutionnelle, voila que 240 citoyens de tous les coins du pays applaudissent chaleureuse- ment les tenants de la dualité linguistique. «Ce n’est plus un mot tabou, c'est un fait acquis. Proclamons-le haut et fort,» demande maintenant Soucie. Il faut dire que cette confé- rence constitutionnelle avait bien mal commencé pour les franco- phones de l’extérieur du Québec. Les autochtones, leur chef Ovide Mercredi en téte, avaient mono- polisé l’attention des médias dés l’ouverture de la conférence, en demandant d’étre reconnus comme une société distincte au méme titre que le Québec. Le vase avait débordé lors- que les porte-parole de la franco- phonie canadienne s’étaient ren- du compte qu’il y avait trois fois plus d’autochtones inscrits a cette conférence que de francophones de l’extérieur du Québec. Résul- tat: les francophones canadiens ne pouvaient transmettre leur message dans chacun des quinze ateliers de la Conférence. Qu’a cela ne tienne: «Les autochtones sont dans les médias, nous, on est dans les corridors,» lancera dés le vendredi soir, le directeur gé- néral de 1’ Association canadienne- frangaise de |’Alberta, Georges Arés. Les leaders francophones étaient venus a Toronto avec une idée en téte: faire comprendre a des citoyens canadiens de diffé- rents horizons, que la proposition fédérale de protéger leur exis- tence n’avaitrien de trés dynami- que et de trés engageant pour les gouvernements fédéral et provin- ciaux. Ils avaient méme dans leurs valises une proposition de re- change, qu’ils avaient pris soin de tester au préalable auprés des gouvernements du Québec et d’Ottawa. Ils ont mené dans les cou- loirs de I’hétel ot se déroulait la conférence, une opération de sensibilisation auprés des partici- pants, qui se terminait la plupart du temps par une invitation a venir rencontrer «les amis de la dualité linguistique», dans une suite ré- servée par la Fédération des communautés francophones et acadienne. Le vent a véritablement tourné en faveur des francopho- nes lorsqu’un membre de la mi- norité anglophone du Québec, Eric Maldoff, a expliqué au micro qu’il fallait faire davantage que proté- ger l’existence des minorités fran- cophones dans la Constitution. «Somme toute, la vie d’ un anglo- phone est bonne au Québec et a Montréal,» a tenu 4 rassurer M. Maldoff, qui a réclamé une affir- mation inconditionnelle de la dualité linguistique. «On paie deux milliards par année pour les agri- culteurs del’ Ouest, qu’ est-ce que ¢a coitte de s’ engager dans quel- que chose de si fondamental?» Conquise, la salle a réservé a ce citoyen «ordinaire» un tonnerre d’applaudissements. Il reste maintenant a sa- voir si le Comité spécial sur le renouvellement de la Constitu- tion fera une place 4 la dualité linguistique dans son rapport fi- nal. Le mandat du Comité Beau- doin-Dobbie porte essentiellement sur le partage des pouvoirs, la réforme du Sénat, la société dis- tincte, et les autochtones. «La question linguistique vient un peu- de biais,» explique le coprésident du Comité, le sénateur Gérald Beaudoin. «Mais ¢a ne fait rien, on va en profiter pour leur don- ner, dans la mesure de nos moyens, tout ce qu’ils veulent... S’il y a une minorité qui a été maltraitée depuis centans c’ est bien les fran- cophones hors Québec. Il faut les aider le plus possible al intérieur de notre mandat,» a clairement indiqué le sénateur. Il restera aussi aux franco- phones canadiens 4 convaincre au moins sept premiers ministres provinciaux, représentant SO pour cent de la population canadienne, d’accepter dans la Constitution une Clause sur la dualité linguisti- que. C’est ce que le gouverne- ment fédéral attend des franco- phones de l’extérieur du Québec. Selon Rolande Soucie de la FCFA, le message du gouvernement fédéral a l’endroit des francopho- nes se résume a ceci: «Vous avez du travail a faire. Allez convain- cre sept premiers ministres.» Pour lecritiquenéo-démo- crate pour les langues officielles et membre du Comité Beaudoin- Dobbie, Phil Edmonston, la dua- lité linguistique a été mieux ac- cueillie que la question autochtone. «Les demandes qui ont été faites, c’est juste le gros bon sens,» es- time le député, qui assure qu’il s’agit maintenant «d’ un sujet in- contournable,» et qu’on en tien- dra compte dans le rapport final du Comité. M. Edmonston recom- mandera méme qu’on retienne la proposition dela FCFA sur l’épa- nouissement et le développement. Pour le député conserva- teur Gabriel Desjardins, le mérite revient aux leaders francophones. «C’ est grace a leur ténacité, a leur volonté de s’imposer et de S organiser pour défendre leurs droits,» dit-il, qu’il y a eu «un consensus énorme» a l’endroit de la dualité linguistique. APF Pendant que plus de 120 musiciens,, danseurs, acrobates, fakir et magiciens se préparent fébrilement pour le gala de Painters & Players Productions quise déroulera au Commodore le 16 février, Ri (photo), une des 20 sculptures humaines, essaie la couronne qu’elle portera 4 cette occasion. Un spectacle grandiose. Page 12. Et aussi: Spécial Programme-cadre: Alors que plusieurs gouvernements provinciaux vivent toujours dans l’illégalité en refusant d’ap- pliquerlaloi 23, legouvernement dela Colombie- Britannique pourrait prochainement accorder aux francophones la gestion scolaire de leurs écoles. Pour mieux comprendre la réalité du programme- cadre, Le Soleil a passé une journée a |’école Anne Hébert de Vancouver. Pages 2 - 3. Enseignément post-secondaire: Le Soleil entame une nouvelle série sur les établissements post-secondaires francophones hors Québec. Un portrait saisissant de l’universi- té inachevée qui débute a la faculté Saint-Jean d’Edmonton. Page 5. Livres: La chronique littéraire est consacrée cette se- maine a Hugo Pratt, auteur de bandes dessi- nées.Page 13. |