- VOYAGES Récit d’un tour du monde Dinard, Dinan... Par Jean-Claude Boyer Tét le lendemain, je prends le car pour Saint-Malo, emportant un autre lunch @ la geneviévoise. Arrivé dans la patrie de Jacques Cartier (visitée en 1979), je prends aussitét le train pour Quimper, prés de la céte de l’Atlantique. Rennes, Redon, Lorient. De ma _ fenétre, je n’apercois malheureusement que peu de chaumiéres typiquement bretonnes. Parvenu a destina- tion, je m’achemine d’un pas, rapide vers la vieille ville. A ma gauche, l’Odet aux eaux lisses, a ma droite, un trés long parterre magnifiquement fleuri. Je flane de la Recherche (Proust). Quatre petits bonshommes vétus bretonnement, la frimousse en demi-lune, sérieuse, posent avec une majesté de Roi-Soleil. C'est l'un d’eux qui a servi a illustrer la vieille chanson bretonne Le Petzt Grégoire (Botrel) dans l’un des Albums de la Bonne Chanson qui ont meublé tant de longues soirées d’hiver de mon enfance. Ces cahiers, des temps révolus d’Une famille qui chante est une famille unie, ont sans doute été, avec mon missel et la féte de Noél, la source de mes joies d’enfant les plus profondes. Mais le temps presse. J’achéte la carte magique en question et me Le vieux couple 1950 - Jeunes Bretons maintenant dans le vieux Quimper, les mains dans les poches, l’oeil observateur. Ces maisons anciennes - au coeur de cette ville fondée a 1l’époque gallo-romaine - n’en finissent pas de me charmer. J’emprunte finalement la rue Kéréon qui méne a la cathédrale Saint- Corentin (du XIIIe au XVe siécle) . Aprés la visite de celle-ci, que je qualifierai d’impression- nante, jentre dans quelques magasins regorgeant entre autres de faiences, prestige de Quimper - proclame une affiche. Leurs motifs sont aussi ravissants que variés. Je m’attarde aux étalages de cartes postales comme un amateur de pierres précieuses qui s'appréterait a dépenser une fortune. Celles que je choisis perpétueront, pour ainsi dire, ces heures trop bréves. Une de ces cartes donne de nombreux exemples de prénoms masculins traduits en breton, dont Jean et Claude : Yann, Klaoda; une autre. de prénoms féminins dont Geneviéve et Marguerite (prénom de ma mére) : Jenovefa et Maharid. Au moment de quitter le dernier magasin, je remarque une petite boite remplie de cartes en noir et blanc toute jaunies. Plusieurs sont des photos de gens du pays vraisemblablement centenaires. Sur l’une de ces photos, une vieille aux mains viriles file de la laine avec une quenouille tandis que sur une autre, une Bretonne encore plus agée prend plaisir a bourrer sa pipe. Soudain, je découvre une carte postale qui me raméne a la mémoire toute mon enfance, un peu 4a la maniére, si jose dire, de la madeleine dans le célébre épisode précipite vers la gare ot je reprends le train, de justesse, pour Saint-Malo. Je dois y retourner ce soir pour m’assurer de ne pas manquer l’arrivée (prévue pour demain) des premiers grands voiliers qui participent, depuis quelques mois, a une course internationale commémorant le 450e anniver- saire du premier voyage de Jacques Cartier au Canada (1534). J’arrive a Saint-Malo vers 28 heures, 4 temps pour le dernier car qui fera les derniers 15 km pour Dinard. Mais lheure indiquée al’horaire passe : pas de car. Un Malouin répond ainsi a mon inquiétude : «Sz le dernier carne vient pas, tlne faut pas s’en fatre : sont comme ga!» Je me retiens de jurer, du moins verbalement, et décide sur-le- champ de faire de l’auto-stop. Solution hasardeuse a cette heure tardive. Jose faire signe 4 une voiture de s’arréter. Je parle aux occupants, un couple dans la cinquantaine, de mon embarras et de ma fatigue - qui se lit sans doute sur mon visage. Ils reconnaissent tout de suite mon accent, m’invitent 4 monter et décident de venir me reconduire, tout simplement. Quelle gentil- lesse! Quelle veine! Ce sont des Aubert de Saint-Servan. En leur disant que je suis enseignant, ils se mettent a dénigrer le systéme d’éducation en France. La mauvaise entente entre _ les secteurs publics et privés, lattitude trop permissive des autorités et le manque terrible de discipline et didéal chez les jeunes font, selon eux, que le pays s’en va, comme on dit au Québec, chez U'diable. Je reposerai bientét ma téte sur le traversin, cette fois avec un bonheur incommensura- ble. (La journée du lendemain fait Vobjet d’un autre article : Saznt- Malo des Grands Voiliers.) Le matin du 29 aoat. Une autre belle journée ensoleillée. Petit déjeuner aux craquelins dinar- dais et aux quatre-quarts (gateau au beurre) avec thé. C’est encore Vheure de partir. Geneviéve et Daniéle ne ménagent pas leurs bises. «Je n’at pas de fréres; t’es un frére pour mot» me dit bien simplement Geneviéve. Je lui promets un repas au restaurant dés mon retour 4 Vancouver. (En septembre 1985, nous nous retrouverons en effet attablés au bord du Pacifique, au pied des hauts sommets de Vancouver.) Et je monte dans un car pour Saint-Malo, lunch @ la genevié- voise dans mon sac. De 1a, je reprendrai le train pour Rennes, la capitale de la Bretagne. Au cours de ce petit voyage, je découvrirai avec mon lunch une Le Soleil de Colombie, vendredi 16 octobre 1987 - 11 «... une vieille aux mains viriles file de la laine avec une quenouille...» «... une Bretonne encore plus 4gée prend plaisir 4 bourrer sa pipe.» citation écrite 4la main : «Do not follow where the path may lead. Go, instead, where there ts no ‘path and leave a trail». («Va hors des sentiers battus et trace ton meilleurs voeux pour que ton voyage sort le plus beau possible», et signé : Geneviéve. Je conserve cette carte précieusement; elle €voque l’hospitalité chaleureuse carte illustrée de chaumiéres propre chemin.») C'est suivid’un dela Bretagne, pays des ancétres bretonnes. A l'intérieur, cette mot personnel : «dvec tous mes de tant de Québécois. ie SEN BREF ac. Octobre est le ae COPYRIGHT + EDEN TOYS, INC. 1964 Lours Paddington. president UNICEF pour |'Halloween mois de l’ UNICEF Préparez vos pieces de monnaie pour |’Halloween! Appuyez ’ unicef sur les francophones de Kamloops Un livret historique traitant des francophones et de leur ville et ses environs a été publié par l'Association francophone de Kamloops en Colombie- Britannique et il est présentement €n vente au coit de 2.50$. INFO: Association francophone de Kamloops, 1140, rue River, Kamloops (Colombie-Britannique) w2CIY 7.