ee 20 Le Soleil de Colombie, vendredi 11 mai 1979 Une histoire 4 écrire: celle de la troupe Moliére Madame Blanche Lambert a commencé la rédaction de Phistoire de la Troupe Moliére, dont elle fut la fondatrice. AS AYO iow At iharhpay .ajtgialoy ab liglak od eacehd Société Historique téléphonant au numéro 873-6988. Mme Anita Charland a pris en main le projet “collection photos”. Vous pouvez l’appeler au 266-4824, aprés 20h00. Anita ira inspecter vos trésors photographiques et, avec votre permission, se chargera de la reproduction des photos qu'elle choisira. Si vous possédez des photos de la troupe ou des découpures de presse, entrez en contact avec Mme Lambert, en lui écrivant Apt. 221 — 3111 Ash, Vancouver, C.B. V5Z 3Y2, ou en lui Franco-Colombienne Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: $4.00 membre individuel ~ $10.00 membre groupe A/S MME Catherine Lévesque, 211, 46¢me avenue ouest Vancouver, C.B. V5Y 2X2 Saviez-vous qu'il existait un journal en francais au début de la colonie? kK KK LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE 3 a/s Mme Catherine Lévesque, 211, 46@me avenue ouest, Vancouver, C.B. V5Y 2X2 PRIX: $1.25. + $0.25 pour la poste : JE PARS AVEC CLEMENT TRAVAILLER SUR UN CHANTIER DE CHEMIN DE FER DANS LES ROCHEUSES [suite] Done ce mois terminé, nous décidimes de deman- der notre compte, comme dailleurs ilen était convenu. En effet, Clément, qui était depuis prés de quatre ans dans le pays, était partisan de changer maintenant de. travail, en allant comme il en avait lhabitude chaque an- née, faire les moissons dans les plaines a blé de la Saskatchewan. Comme pour moi toute direction était bonne si, au bout, on pou- vait voir de nouveaux hori- zons et garnir en méme temps un peu Iescarcelle, il en avait été ainsi décidé. Nous ffimes donc régiés un beau matin, sur les bases de notre engagement, moins quelques dollars investis en cigarettes, tabac et diverses autres fantaisies, et il nous restait alors un peu moins de 140 dollars. Nous avions donc dans les 80 miles a faire a pied jusqu’a Wabamum Lake, od nous pouvions reprendre un train de freight pour Edmon- ton. Nous emportions quel- ques conserves achetées au magasin du camp, et le cook nous donna quelques pans cakes avec des tranches de pore et d’orignal cuites, ce qui lui valut d’ailleurs un bon «tip», tout comme en Fran- ce, quand on a bien mangé dans un restaurant. Nous ne voulions pas nous surcharger, car nous avions déja nos couvertures et nous savions, d’aprés ce que nous avions vu du train a ’aller, que la piste n’était pas un boulevard... D’aprés les indi- cations qui nous avaient été données au camp, il y avait le choix: ou bien suivre le rail avec son ballast grossier sur lequel on devait marcher en se désaxant de traverse en traverse; ou bien prendre la piste forestiére qui ser- pentait tantét d’un cété, tan- tét de l'autre de la voie, un peu plus longue peut-étre, mais plus facile malgré sa rusticité, car on pouvait marcher alors a la cadence normale de son pas. Nous décidames de pren- dre au début la ligne de chemin de fer, qui était la solution la plus paresseuse, et partimes le sac a I’épaule et le coeur sans soucis. Pour nous, cela apparais- sait comme de petites va- cances aprés un mois de dur labeur, la liberté retrouvée.. Les premiers miles furent relativement faciles, mais vers le milieu de la journée, nos jambes était rompues car l’écartement des traver- ses ne correspondait pas a notre pas. Finalement, le soir, avant l'heure du campement, nous décidames qu’il y aurait avantage pour nous de pren- dre la piste forestiére qui apparaissait de temps en temps en contrebas du bal- last. Le campement du soir se fit sous un gros cédre qui devait bien étre centenaire et dont les basses branches faisaient sur nos tétes com- me une belle véranda. Aprés une nuit sans his- toire dans la solitude et le calme parfois un peu impres- sionnant des ombres claires qui nous entouraient, et le breakfast expédié, nous re- primes la route, et nous mar- chions déja depuis deux heures quand le soleil du matin hous envoya son pre- mier sourire. Peu avant la halte de midi, nous quittames le bois, la piste reprenant le ballast pour traverser un joli creek d'une vingtaine de métres de largeur et nous nous deman- dions ayec une certaine ap- préhengion si c’en était fini de notre «promenade» dans la belle nature qui nous entourait, Mais nous f(mes vite ras- surés quand nous vimes que la ligne traversait une sorte de marais, une «swamp», terres plus basses que le niveau des eaux et oll ne poussent guére que des mousses trés épaisses dans lesquelles on enfonce parfois jusqu’au genou et ot la marche est presque impossi- ble. Nous pimes enfin re- prendre le sentier dans le bois et a partir de cet endroit nous ne le quitta- mes plus jusqu’au soir, pour notre deuxiéme campement qui se fit sans histoire. Nous avions certainement abattu plus de distance que le jour précédent et avec bien moins de fatigue, car nous Marchions dans un sen- tier relativement dégagé, sauf quelques souches d’ar- bres, ou troncs tombés, Yobstruant par moment. En plus de cette facilité de marche, nous pouvions profi- ter des différents aspects de la région que nous traver- sions: tantét le bois avec ses différentes essences d’ar- bres: cédres, sapins ordinai- res, sapins rouges ou tame- raks; tantdt de belles clai- rieres ou des prairies avec leurs bouleaux blancs, et les osiers si jolis au printemps avec leurs pompons blancs; et des coulées magnifiques descendant parfois de légé- res pentes qui, tout & coup, a un détour, nous offraient la clarté d’un lac miniature ot des familles de canards et de sarcelles avaient élu domici- le. Les derniers contreforts des Rocheuses laissaient en effet leurs traces dans le sol qu ils tourmentaient encore; et je me souviens de mon émerveillement en voyant devant mois, tout a coup, en descendant un éperon ro- cheux surgir, 4 mi-pente, un amour de petit lac d'une remarquable pureté, serti comme un miroir dans un cadre d’herbages et de jeu- nes baumiers. Ses eaux, bleues ou ver- tes, claires et foncées, sui- vant la profondeur et |’éclai- rage du ciel, semblaient comme suspendues au-des- sus d'un petit vallon que !’on atteignait ensuite par une glissade d’une quarantaine de métres dans un éboulis de rochers parsemés de buis- sons et de touffes d’airel- les. Jamais je n'ai savouré avec autant de joie et aussi presque de recueillement -une bonne cigarette de «Bull Durham» devant ce magni- fique spectacle de la nature et la puissance de son Créa- teur. Le camp du soir se fit a l'abri de gros rochers en encorbellement et nous ed- mes la désagréable surprise de constater que la réserve _de nos vivres était bien prés de toucher a sa fin. Nous avions encore a mar- cher pendant deux jours au moins avant de parvenir au terme de notre voyage pé- destre. Si nous avions eu notre carabine «twenty two» (22), iln’y aurait eu aucun probléme car il eut été facile de nous procurer de bons petits rétis au détriment des canards ou perdrix d’épinet- tes qu'on apercevait souvent dans les joncs ou sous les couverts. Bref, notre repas vite terminé — et pour cause —ne gardant qu’un pan cake pour le breakfast du lende- main, nous fiant a la Pro- vidence, nous nous laissa- mes glisser dans les bras de Morphée. Mais cette nuit fut trou- blée par une visite inoppor- tune, et dont nous nous serions bien passés. En effet, au bout d’un certain temps de bon som- meil, nous fimes éveillés par un bruit étrange qui venait de l’éboulis que nous avions descendu & quelque cent metres de la. Nous nous rendimes vite compte que ce n'‘était pas” d’humains qu'il s‘agissait, mais d'un ou deux ours qui se régalaient des airelles poussant en quantité dans ces coins et dont ils sont trés friands. Aprés un certain temps d’attente qui nous sembla assez long, notre indésirable voisin s’éloigna et nous nous rendormirent. Notre réveil fut sonné par des bandes d’écureuil qui se poursuivaient dans les ar- bres tout autour de nous. Cette aventure nocturne ne nous avait malheureusement pas coupé l’appétit qui n’avait pour se satisfaire que les deux pan cakes qui nous restaient. Aprés avoir fumé la con- ventionnelle cigarette pour cléturer notre «petit» déjeu- ner, nour reprimes piste en nous souhaitant mutuelle- ment bon appétit. Le moral était toujours au beau fixe et c’était bien 1a l’essentiel. Au pire, nous ferions un jefine de deux jours, ce qui n’avait rien de catastrophique, puis- qu’au bout, il y avait a Wabamum Lake, petit villa- ge, tous les «bacon and eggs» et autres mets savou- reux dont la simple évoca- tion nous mettait déja l'eau a la bouche. Et puis, pour tromper notre fringale, nous ferions comme l’ours de la nuit, en grapillant des airelles que nous trouvions en quantité sur le bord du chemin dans les endroits abrités. [A SUIVRE]}