a rte tei a ee SEES ORR RL Rh AES EP AAI OE NEDO ILE NESE EAA OOD André Major, citadin et coureur de bois! impression dont j'ai mis des années a me deélivrer. Mais, maintenant, le probleme ne se pose plus d'une maniere aussi absolue parce que le Québec combattantse passe tres bien de ses intellectuels. ll a.ses porte-parole pro- fessionnels, ce qui permet aux intellectuels de se livrer a des débats internes, a savoir par exemple qui est plus a gauche que qui. On décéle dans vos trois derniers romans une volonté d'habiter le paysage urbain SPECIALITE: a SHISH KEBAB Vous pouvez nous demander n’importe quels | mets grecs. = | André Major s'est donne tres jeune a la litterature, et il n'a rien perdu de cette ferveur qui jadis_ l’avait poussé a quitter le college pour mieux se consacrer a l'écriture. On pourrait dire de lui que «rien de ce qui est écrit ne lui est etranger. Du premier recueil de poe- mes publié en 1961 a Les Rescapés, dernier tome de la trilogie intitulée Histoires de Déserteurs (les deux premiers tomes, on s’en souvient, étaient L’épou- vantail et L’épidémie), il n'a jamais cessé d’écrire. Essa- yiste, critique, dramaturge, mais surtout romancier, Le cabochon (1963) et La chair de poule (1966) I’avaient fait connaitre comme l'un des principaux écrivains de Par- ti Pris. La chronique qu'il vient de terminer prouve hors de toutdoute que Andre Major a survecu au joual, qu'il a trouve sa propre VOIX. . André Major, comment avez-vous vécu les lende- mains de Parti Pris, com- ment s'est effectué ce qu'on pourrait appeler le passage de la révolte a l'écriture? Difficilement si l'on tient compte de la culpabilité qui accompagnait pareille evolu- tion. J’avais l'impression de déserter le champ de batail- le, et les combattants étaient la pour. me confirmer cette . et rural. Comment expli- quez-vous que ce projet d'ap- propriation de _ /'espace provogue cette violence qui donne a votre chronique son aspect «roman-policier>? Ce projet d’'appropriation de l'espace va a rebours d'une tradition qui rendait l'écrivain inapte a saisir la réalite concréte, simplement physique méme. D’ou ce long gemissement inspire par la dépossession dont nous étions, et sommes en- core, victimes. La violence, chez moi, doit résulter du fait - que mes personnages sont rejetés de I'Histoire, acculés a la nostalgie. Le present est invivable pour eux, peut- étre parce quiils se trouvent privés de perspectives dyna- miques. Pire encore, ils ont perdu toute cohérence spiri- tuelle, ce qui rend leur de- marche purement anecdoti- que. Leur destin se raméne a des lueurs de passion, par- fois, mais le plus souvent a des données plus élémen- taires, comme la peur, la solitude et le vide. Vous étes un véritable li- seur, vous aimez la musique, je vois derriére vous un pochoir.de Klee. Bref, nous sommes trés loin de votre coin rue CAMBI mi Notre chef cuisinier se fera un plaisir de vous le preparer 467 BROADWAYouest TEL. 876-7641 personnage Momo Boulan- ger... Momo fait partie de ces images dont je me sers pour créer le lieu de ce que j’ap- pellerais une possible meta- morphose. On fait semblant de décrire la réaliteé, mais en fait, ce qu’on cherche, par lintermédiaire du lecteur, c'est a rendre possible l’en- vers du décor. On ne dit pas seulement ce qu’on dit; on dit. ce qui devrait étre en en faisant sentir l'absence. Que fait un romancier au sortir d'une chronique d'environ 600 pages? J’avoue que pour les se- maines qui viennent je n’au- rai pas d’activites littéraires bien organisées. Mais je compte reprendre et mener a terme un ouvrage un peu autobiographique mais dont le centre de gravité serait quand méme le petit monde de mes romans. Ce petit monde d'Andre Major, ce sont quelques quartiers de l’est de Montréal mais aussi ce nord encore vierge que l'on peut trouver non loin de Montreal pourvu que I'on évite l'autoroute et qu'on ait l'imagination d'un romancier. De fait, Andre Major est un citadin double d'un coureur de bois. Le Saint-Emmanuel des Res- capés est une région quiil connait bien, car il y passe tous ses temps libres, dans ‘un chalet isolé et sans elec- tricite que jimagine étre la version québécoise du * «gueuloir» de Flaubert. Je quitte l'écrivain en plein déménagement. Au- tour de nous, de nombreu- ses caisses remplies de li- vres, de quoi decourager les bras les plus vaillants. «Je démeénage surtout parce que je ne savais plus ou les mettre», me dit-il en riant. Parions que certaines cais- ses iront au chalet. ae Gabrielle Roy n’avait encore jamais écrit pour les enfants. Et voila que de facon inattendue, elle leur offre un conte tout simple, empreint d'hu- mour et de fraicheur. Ma vache Bossie, c'est histoire d’une petite fil- le dela rue Deschambault - une petite rue dans une petite ville du Manitoba - qui, pour ses huit ans, recoit un cadeau aussi extravagant qu’encom- brant: une vache blanche et rousse qui n’est pour son entourage que source \_ Une illustration-de-Louise- Pomminville. par Renée Rowan de tracas... Bossie meugle toute la nuit, fait sa «bou- se» en plein sur le trot- toir du voisin, n'a d'habi- : Jeté que pour arracher son piquet et se sauver. Un jour, elle eut méme l'idée, pour la plus grande honte de la jeune vaché- Gabrielle Roy écrit pour les bambins re, d'aller se promener en ville, mais son plus grand tort fut de donner ta.1t de lait. Plus on inventait de moyens d'utiliser son lait, plus Bossie en donnait. L'histoire est amusante, le style direct; on y retrou- ve le réalisme et cette chaleur humaine qui ca- ractérisent Bonheur d’oc- casion. Gabrielle Roy sait raconter aussi bien aux enfants qu’aux adultes. On ‘a l'impression que c'est un morceau de sa vie de petite fille qu'elle livre a ses jeunes lecteurs qui révent de recevoir a leur tour un cadeau aussi Origi-. nal. C'est aussi une legon de chose et de vocabulaire en méme temps qu'un. rappel des coutumes de l'époque, alors que les petites filles portaient des bottines de feutre et une «crémone» et que les vaches se trayaient SN encore a la main. Les illustrations de Louise Pomminville col- lent comme un gant aux realites du milieu et l'on feuillette ce livre d'images comme un album de pho- tos anciennes. C’est par- fois un peu maniere, il y a quelques clichés, mais les lignes et les formes sont belles. Il y a plus d'ampleur dans le mou- vement que dans les pre- miers Pitatou. ; Le caractere est assez gros pour que Ce livre de 45 pages, a couverture cartonnée, puisse étre lu avec facilité par les 8-9 ans. Les plus vieux y trou- veront aussi leur part de plaisir car le texte est substantiel. : Bravo aux éditions Le- méac pour ce beau livre d'images qui arrive juste a temps pour les lectures de vacances. Son prix: $4.95. ay