Te Bastion novembre - décembre 1996 Qesele Qanoce Sarbatori Qesele Merry Christmas Joyeux Noef oeliz Navidad Orolijke Kerstmis Les cartes de voeux: Une tradition en fuite? Si c’est depuis des lunes qu’on échange des souhaits au temps des Fétes, ce n’est que depuis le milieu du XIX siécle qu’on le fait au moyen d’une carte. Pourquoi si tard? C’est qu ’auparavant, utiliser le systeéme postal était cotiteux, périlleux et... fort embarrassant: c’était le destinataire qui payait le cout de l’envoi. En 1840, la création du timbre- poste, en Angleterre, vient bouleverser tout cela. Le service postal devient plus efficace, plus économique, et c’est l’expéditeur qui paye. Personne ne se sent donc plus mal a I’aise d’adresser des voeux. Les imprimeurs saisissent l’occasion: ils inondent rapidement le marché britannique de papier a en-téte, spécialement illustré pour la période des Fétes. Et les Anglais de se mettre fiévreusement a rédiger des lettres de Noél. Mais quelle tristesse pour Henry Cole, philanthrope et éditeur de livres éducatifs pour la jeunesse! Pourquoi se contenter d’un simple en-téte?, pense-t-il. Pourquoi ne pas envoyer une illustration complete, quitte a Une coutume trés ancienne Parce que Noél est la féte des enfants, de la famille et de la naissan- ce, il semble tout naturel que les humains aient eu |’idée de se regrou- per, de se mettre a chanter. Déja a l’époque féodale, dans les petits villa- ges euro-péens, les paysans prennent Vhabitude de se rendre a l’église en chantant. Puis petit a petit, les chorales ménager ¢a et la des espaces pour écrire quelques mots? Message et cadeau a la fois, cela cadrerait tellement mieux avec l’esprit des fetes. En 1821, Cole demande donc a John Harsley de lui dessiner ce qui allait devenir la premiere carte de Noél. Tirée a 1 000 exemplaires et vendue | shilling piéce, elle représente deux scénes: des riches nourrissant et vétant des pauvres, puis un banquet au cours duquel quatre personnes tournent leur regard vers le destinataire et lévent leur verre a sa santé. Entre les deux scénes, on peut lire: “A Merry Christmas and a Happy New Year to You.” Le verso de la carte est blanc. Malgré son bas prix et son cété pratique, la nouvelle venue est d’abord boudée. Bien des gens préferent en effet continuer a observer la coutume de la lettre de Noél, moins froide et moins impersonnelle a leurs yeux. Mais l’accélération du rythme de vie, en ces années de révolution industrielle, a bient6t raison des réticences. Aussi, dés les années 1860, se généralise l’usage de la carte, commencent a se former. Certaines deviennent trés sophistiquées, mais la plupart d’entre elles demeurent des regroupements de chanteurs amateurs heureux de se retrouver et de parcourir la campagne en chantant a pleine voix. Noél est loin d’étre une féte mono- tone, méme si a cette occasion, nous mangeons presque tous de la dinde et de l’oie, et attendons le méme Peére -3- moyen rapide de transmettre des souhaits. D’ Angleterre, la carte de Noél passe a la France puis a |’ Amérique. Bien implantée, elle se diversifie dans sa forme comme dans son vocabulaire décoratif. Vers 1870 apparaissent les cartes 4 quatre faces dont une seule est illustrée, de méme que les cartes a effet et 4 mouvement: bouquet qui se déploie quand on tire une languette, Oiseau qui gazouille quand on appuie sur le dessin, etc. Jusqu’a la fameuse carte “portefeuille” permettant d’ offrir de l’argent qui est déja inventée a la fin du XIX? siécle! Il est dommage que l’augmentation constante des tarifs postaux et le déclin de traditions fassent souvent préférer, de nos jours, un coup de téléphone. Mais ceux qui continuent d’adresser des cartes conservent toujours de bonnes chances d’en recevorr. Ils peuvent ainsi, comme avant, les disséminer joliment dans l’arbre de Noél ou les disposer bien en évidence, sur un meuble. On a parfois raison de lutter contre le progres... Daniel Turcotte Noél, les coutumes varient d’un endroit a l’autre et c’est bien ainsi. Il n’est donc pas surprenant de voir que méme la fagon de chanter Noél varie d’un pays a l’autre. Malheureusement, la plupart des traditions anciennes entourant cette féte tendent a disparaitre pour faire place a la publicité et aux affaires commerciales.