Annalise, ses fréres et ses sceurs ne connaissent guére de bonheur dans leur enfance. « La joie n’avait pas sa place dans cette maison dont les murs répercutent le bruit insolent de la vaisselle fracassée, les pleurs d’une mére, les jurons d’un pére, les coups donnés et recus. » (72). Alors qu’il est encore jeune, le mari qui passait son temps a étre en colére et a tout casser, est interné pour maladie mentale, mais les malheurs de Ma- rianne ne s’arrétent pas 1a. Le fils ainé, Valérien, vaurien si bien nommé, déposséde sa mére de ses moindres ressources. Des autres enfants, la deuxiéme fille est aveugle, une autre ne donne pas de ses nouvelles; seule Annalise, Jacques et sa femme s’occupent de leur mére. Il y eut pourtant un rare moment de bonheur dans la vie de Ma- rianne. C’est quand, au tout début de son mariage, son mari a consenti a ce que soit transplanté pour elle un chéne devant la maison. Marianne aime cet arbre qui ne donne pas seulement de l’ombre en été. « Depuis toujours, elle s’extasie devant ce chéne qui accueille, abrite, garde dans son royaume, d’innombrables oiseaux rieurs, chanteurs, gentiment mo- queurs. »(106). Ce n’est qu’en fin de roman que le lecteur apprend la véritable importance de cet arbre dans la vie de Marianne Masson. C’est son pére, Etienne Savatier, qui est venu s’occuper de la transplantation. Le travail accompli, il en a profité pour violer sa fille. Enceinte, celle-ci tue le nouveau-né 4 sa naissance et l’enterre sous le chéne. Le bruisse- ment de feuilles qu’en fin de vie Marianne Masson entend réguliérement n’est autre que le remords de son action. D’autres événements fortement mélodramatiques succédent au viol incestueux et a l’infanticide. Pour mieux interpeller le lecteur, Céline Forcier n’hésite pas a forcer parfois le trait dans ce roman qui remet a la mode une tradition populaire du roman canadien-frangais illustrant la tendance misérabiliste qui peignait dans le détail les conditions les plus misérables de la société. Paul Genuist Céline Forcier, Le Chéne, Les Editions du Vermillon, Ottawa, 2004, 284 pages. Nouvelle Publication Nous sommes heureux d’annoncer la nouvelle publication Avec le temps, Roman de Paul Genuist aux Editions du Vernillon, Ottawa, 2006. Ce livre est disponible 4 l’Association des écrivains francophones de la Colombie-Britannique. Contactez Chantal Lefebvre : (250) 595-2209 20