Information Programme 2000 Reconstituer le noyau familial Le programme 2000, la nouvelle philosophie d’enseigne- ment du ministére de 1’éducation de la Colombie- Britannique, en est 4 ses premiers balbutiements. A l’école Eric Langton de Maple Ridge, Mme Lise Ouellet et Mme Catherine Hamel vivent 1’expé- rience de ce nouveau programme avec des enfants de la maternelle a la troisiéme année, en immer- sion. Le programme 2000, c’est un peu le retour aux classes multi- ages. Dans une classe, on peut retrouver des éléves de deux, trois ou quatre niveaux différents qui participent 4 un programme commun. Cette nouvelle fagon de penser est axée sur le développe- ment progressif..On respecte davantage le rythme d’ apprentis- sage de l'enfant dans ce pro- gramme,» affirme Mme Hamel en S’assoyant sur une toute petite chaise d’enfant dans sa classe Le retour aux classes mul- ti-Ages recrée l’atmosphére fami- liale a 1’école. C’est en quelque sorte la reconstitution de la fa- mille dans un environnement différent. «// y a beaucoup d’ en- traide et de chaleur dans notre groupe. Et ce ne sont pas néces- sairement les plus vieux qui ai- dent,» précise Mme Ouellet. «On se sent comme de véritables mé- res de familles,» souligne Cathe- rine Hamel. Cette ambiance familiale laisse peu de place a la compéti- tion pour la meilleure note. L’ac- cent est davantage mis. sur les capacités réelles de l’enfant. «Dans Pancien systéme, tout le monde devait avoir atteint un méme ni- veau a une période donnée. L’ as- pect compétition se trouve réduit car on évalue I’ enfant sur ce qu’ il Sait faire et non pas sur ce qu’ il doit savoir. Je pense que que ce «Ce n’est pas la pre- miére fois qu’on tente a’ im- planter un programme comme le projet 2000 du gouverne- ment _britanno-colombien. Chaque fois, cela a «foiré» autant aux Etats-Unis qu’ au Canada. La principale diffi- ~ culté, c’ est l’implantation et non le mérite du programme,» déclare Gérald Fallon, coor- donnateur des langues moder- nes a Nanaimo. Ancien professeur con- verti 4 l’administration, M. Fallon présente les deux cétés programme est moins stressant pour I’ éléve. L’ enfant peut ainsi avoir une meilleure opinion de lui,» poursuit Mme Ouellet. Le bulletin prend alors une toute autre forme, une série de commentai- res plutét qu’une lettre d’appré- ciation pour indiquer aux parents la progression de !’enfant. Celui- Ci est considéré comme un tout. Un défi pour les professeurs et les enfants Parmi les changements que génére ce programme, le plus important est sans doute celui de travailler en ateliers avec les en- fants. Le cours magistral dans sa forme la plus pure disparaitra peu a peu. La division de la classe refléte ce changement. Cinq es- paces de travail remplacent les traditionnelles rangées de pupi- tres: un coin pour 1’ordinateur, un autre pour les jeux, un aménage- ment spécial pour la maternelle et des regroupements de tables. Un univers ou Circulent sans cesse les deux professeures. «L’ expérience d’ avoir déja travaillé & la maternelle s’ avére un avantage pour Il’ application de ce programme,» constate Mme Ouellet. «A la maternelle, on fonctionne par centres, la transi- tion est ainsi plus facile,» ajoute sacomplice. Toutes deux ont déja enseigné a la maternelle et possé- dent beaucoup d’expérience. Ainsi l’heure reservée aux mathématiques, au fran¢ais ou aux sciences humaines fait place a une heure remplie d’une multi- tude d’activités simultanées. Par exemple, des éléves peuvent tra- vailler les mathématiques, d’au- L'implantation, phase critique de la médaille. II insiste sur le fait que l’implantation fait défaut autant du cété del’ administration que chez les professeurs. Le modéle d’hiérarchie linéaire de la révolution industrielle est dépassée. «Il faut réformer tous les acteurs. Le développement professionnel doit étre adéquat,» affirme le coordonnateur. Les différents acteurs de ce programmes devront se sou- mettre a unnouveau type d’ensei- gnement, le fonctionnement par ateliers. Plusieurs principes se rattachent 4 ce nouveau pro- gramme: un horaire plus flexi- ble, l’accent sur le travail de groupe, libre circulation des enfants, matériel didactique diversifié, retrait de la com- pétitivité... L’enfant est ainsi considéré dans son ensemble. Un autre point important est la centralisation du pouvoir par l’enfant. «Cette centrali- Sation peut amener une cer- taine insécurité chez I’ ensei- gnant,» prévoit M. Fallon. D. B. i Vendredi 17 mai 1991 ee ee ees Le Soleil de Colombie tres vont se familiariser 4 mani- puler l’ordinateur, certains feront des casse-téte et quelques uns des exercices d’écriture. Ce mode de fonctionne- ment exige un autre ajustement: l’enseignement par thémes. Si le _théme choisi est les oiseaux, les enfants peuvent travailler diffé- rents aspects: le cOté académique en faisant de la lecture, le cété artistique en faisant dessiner un oiseau précis, le cété science en expliquant son cycle de vie et le cété social en sensibilisant a la protection de la nature. «En fonc- tionnant ainsi, il est plus facile dintégrer toutes les matiéres scolaires. Les attentes varient évidemment selon I’ dge des élé- ves,» explique Mme Ouellet. La tache des professeurs se trouve modifiée.«// faut plus de flexibili- AVOUS APAROL POINT DE MIRE SUR LE FORUM DES CITOYENS SUR LAVENIR DU CANADA une série de quatre émissions télévisées reliant des Canadiens par satellite Se terminant le samedi 18 mai a 15h00 En direct, sur le canal parlemantaire (par cablévision et avec interprétationsimultané) et sur CBC Newsworld ~ Le Forum des Citoyens vouS ta PAROLE té et de créativité dans ce mode de travail. On doit aussi faire plu- sieurs essais,» ajoute-elle. De lautre cété, Mme Hamel explique la réaction des enfants. L’adaptation au nouveau programme ‘s’est bien déroulée. «Notre principale inquié- tude était la co-habitation des éléves de la maternelle et de troi- siéme année.Au début, les éléves de troisiéme voulaient tout faire. Nous les avons aidé a laisser agir, seul, les plus jeunes. Maintenant tout fonctionne bien,» explique-t- elle. «L’ autre difficulté auquelle ont fait face les enfants de troi- siéme année est de se faire traiter de bébés parce qu’ il étaient dans laméme classe que des enfants de la maternelle. Aprés quelques mois et beaucoup d’ explications, ils ont compris leur nouvelle situation et ils s’en accomodent assez bien,» affirme Mme Ouellet, tout en rangeant un peu de matériel. Des modéles Leur expérience attire évi- demment l’attention de leurs confréres et consoeurs qui s’ap- prétent 4 vivre ce changement. «Nous nous sentons de véritables points d’ observation. On nous demande fréquemment comment on procéde,» constate Mme Ouel- let. Ce nouveau programme met |’accent sur |’individualisa- tion, une tache qui exige plus de travail de la part des professeurs. «/1 faut faire plus d observations, garder plus de travaux faits par l'enfant,» déclare Mme Hamel. «Pour nous, le progrés de I’ en- fant est de Il’ aider a vaincre ses difficultés,» concluent les deux institutrices. Daniel Bélanger i ; : ;