Le Moustique Qu’est-ce qui fait qu’une femme n’est pas un homme et vice-versa ? Aux petits malins qui posent ce genre de question, on a coutume de répondre : «c’est purement génétique, les femmes ont deux chromosomes X et les hommes, un chromosome X et un Y». Aprés quoi, on s’en retourne satisfait ; il y a une difference génétique et cela explique tout ! Pour ma part, cela ne m’éclaire pas et d’autres gens sont également insatisfaits qui, depuis 1920, date ou cette affirmation universelle a été proférée, ont décidé d’y voir un peu plus clair. Mais dans le contexte de recherches plus approfondies, il est apparu assez rapidement que le chromosome Y, flambeau de la merveilleuse et puissante masculinité, ne contenait pas grand chose d’intéressant. Plus précisément, il contient énormément d'informations, mais celles-la ne servent a rien. Sale coup pour les males ! Je ne voudrais pas ici apporter trop d'importance a des particularités biologiques, ma fois, tres évidentes si pas toujours visible — enfin, vous voyez de quoi je veux parler ; ne me génez pas ainsi — cependant, il y est attaché une certaine complexité qui devrait se marquer par une quantité d’information non négligeable. Et bien non ! A l'exception de quelques génes a caractére sexuel, ceux qui provoquent la production de sperme par exemple, le reste c'est du remplissage de poupdelle. Au total, on compte environ deux douzaines de génes significatifs sur le chromosome Y, contre deux mille qui ne servent a rien. J’entends déja pleuvoir les commentaires dédaigneux et négatifs : «les hommes. ca fait beaucoup d’histoire mais Volume 3 - Nouvelle SGIEL 11 iére Novembre 2000 édition ce nest finalement pas grand chose». Et, il faut le dire, beaucoup de leurs comportements semblent illustrer assez bien ce qu’en dit la génétique. Comment sortir de ce mauvais pas ? Les recherches récentes confirment cette situation et l’explication proposée serait la suivante : dans la reproduction, la duplication des chromosomes a pour but d’éliminer les erreurs (les mutations défavorables). En effet, si une erreur s’est glissée dans le code génétique, avant ou pendant la reproduction, celui-ci sera “‘dilué’’, jentends, caché, et ala longue effacé, par le gene non muté du conjoint. (Je me sens obligé d’ajouter que le géne déficient ne provient pas nécessairement de homme ; il peut étre apporté par la femme, mais si, mais si !). Toutefois, le gene Y ne trouve pas d’équivalent chez la femme. Donc, i ne peut étre purgé de ses mutants qui s’accumulent avec le temps. Et quel temps : des millions d’années sans doute. On I’avait bien dit, une vraie poubelle sans service de ramassage des immondices. Pour le reste, c’est-a-dire ce qui fait la spécificité de l’homme, ou cela se trouve-t-il, comment cela s’exprime-t-il ? Il semble qu’on ne le sache pas encore. Peut-étre que le géne Y ne contienne-t-il que |’ordre de fabriquer un homme plutét qu’une femme et que tous les ordres secondaires et ingrédients nécessaires pour sa construction se trouveraient dispersés dans les autres chromosomes. Tout n’est donc pas encore perdu pour I’homme. Peut-étre localisera-t-on plus tard, et enfin, les élements qui font de homme cette béte magnifique. Page 11