VOLUME 8 - 7° EDITI POESIE Le nouveau-né Je savais que ce serait toi Avec cette petite bouche, Avec ce front et cette voix, Ce regard indécis qui louche. Je savais que ta jeune chair Aurait ces nacres veloutées, Que tes mains tapoteraient I'air Pour saisir la robe des fées. Je savais la suave odeur De lait pur qu'aurait ton haleine Et quel choc effrayant ton coeur Battrait sous la guimpe de laine. Je sentais si bien tes pieds nus Marcher dans mon douillet mysteére Que mon sang les a reconnus Quand tu les posas sur la terre. Comment ne t'aurais-je pas vu ‘ Avec les yeux de ma pensée ? Rien de toi ne m'est imprévu, Petite Ame que j'ai tissée. Quand tu poussas ton premier cri, Ce cri me sortait des entrailles ; Mon souffle s'‘étire attiédi Sur tes lévres lorsque tu bailles. Jusqu'au bout de tes menus doigts, Je me prolonge et me sens vivre ; Comme au vent la feuille des bois, Mon penchant incline a te suivre.