; 4 Le Soleil de Colombie, vendredi 5 octobre 1979 Economie axée sur par Roméo PAQUETTE, Conseil de la Coopération de la Colombie britannique Une société a repenser ARTICLE N° 13 Notre analyse des phéno- ménes économiques serait incompleéte si elle ne compor- tait pas une réflexion plus poussée sur les perceptions individuelles de la société. En l’occurence, nous essaye- rons, autant que possible, de rester 4 l’intérieur des rap- ports sociaux qui nous affec- tent le plus. Nous avons parfois eu recours a des expressions telles qu“atomisation socia- le”, “phénoménes d’urbani- sation”, “isolement de la per- sohne”, etc. Toutes se référent a la méme situation de condition- nement de l’individu contem- porain par son environne- ment. Nous avons aussi affirmé que la société actuelle avait sée, le comportement, les réactions instinctives de l'homme actuel qu’en tout autre temps de I’histoire humaine connue. Il n’y a pas 4 douter, un instant, que lindividu, dans son contexte actuel, n’ait 4 peu prés pas d'influence sur !’évolution de la société moderne. Des observateurs sérieux affirment méme qu’on ne peut plus considérer les sys- _ témes capitalistes et socialis- une l'homme: la coopération tes comme étant en opposi- tion, mais plutét comme la droite et la gauche d’une forme de société qui utilise et exploite jouant sur ses instincts et ses motivations. Des hommes, comme I’an- thropologue Robert Jolin, interviewé a l’émission Paci- fique Express, Radio- Canada, Vancouver, ily a quelques semaines, voient dans l'Occidentalisme, c’est- a-dire cette évolution de l’ex- pansionnisme de |’Europe qui a commencé avec le colonialisme, un systéme ‘ethnocidaire’ qui ne peut méme pas s’appeler une civilisation, puisque sa quali- té propre aconsisté a détrui- re les civilisations et les communautés auto-suffisan- tes pour créer un monde partagé en consommateurs de biens importés et en producteurs de biens expor- tables. Des hommes comme John Kenneth Galbraith, le savant économiste américain de naissance canadienne, dé- clare que les politiques mo- nétaires des gouvernements n’ont aucun effet positif sur l'économie et qu’elles ont vir de lecon aux banques centrales. Pourtant, la Federal Re- serve Bank de New York manipule les taux d’intérét préférentiels depuis plus d’un an, et la Banque du Canada, comme un joueur aux échecs, dame le pion par un mouvement semblable quelques heures plus tard. La hausse d’un demi pour cent du taux préférentiel de la Banque du Canda, annon- Vhomme en histoire qui devrait ser- cée le 10 septembre dernier, était la neuviéme de ces hausses en un peu plus d’un an. Gaibraith, lui, recomman- de de remplacer la manipu- lation des taux d’intérét par des mesures budgétaires. Mais voila que Galbraith lui- méme tombe dans le pan- neau des illusions nationa- les puisqu’il croit encore au pouvoir politique national alors que les puissances économiques se sont affran- chies des pouvoirs politi- ques. Les économies capitalis- ‘tes, particuligrement, fonc- tionnent a I’échelle mondia- le, sous la domination des grandes sociétés multinatio- nales, alors que les gouver- nements nationaux, y com- pris les Etats-Unis, n’ont de puovoir réel qu’a l’intérieur de leurs frontiéres. Il y a quelques années a peine, la plupart des écono- mistes nous assuraient que la guerre du Vietnam était a la source de tout le déséqui- libre monétaire et de la spirale inflationniste qui a débuté durant les années 60. Cette guerre a été liqui- dée depuis plusieurs années, maintenant, et il faut trou- ver un autre bouc émissai- re. Cette fois, l’on met le blame sur les Arabes et leur nouvelle conscience de la valeur de leur pétrole. Face A cette nouvelle situation, l’on prépare les esprits 4 payer le prix pour des sources alternatives d’éner- gie. A remarquer que les so- ciétés exploitantes ne s’en trouvent pas plus mal puis- que leurs profits ont atteint des sommets qui scandali- sent méme le président des Etats-Unis, et qu’elles sont maintenant en mesure de faire financer leurs investis- sements a la pompe, par l’automobiliste sans défense. Autre fait 4 remarquer. Quelques voix timides se sont fait entendre pour dire qu'il serait peut-€tre temps de réévaluer tout le pro- cessus expansionniste du dernier demi-siécle et de se diriger vers une rationalisa- tion de l’exploitation des res- sources. Mais, ces voix ont été vite enterrées par celles qui prénent le développe- ment économique matérialis- te 4 tout prix. C’est Marcuse qui disait dans “L’Homme Unidimen- sionnel”’, que nos sociétés totalitaires — capitaliste et communiste —, ont réussi & introduire dans leur circuit normal les mouvements dis- sidents ou contestataires. Le recours a la violence, par exemple, a le don de consolider le systeme. Des sociologues nous disent que notre systéme de vie est fondé implicitement sur la violence. : Opposer la violence par la violence assure au plus fort la consolidation de ses posi- tions et de son pouvoir. L’on en est a considérer de plus en plus sérieusement comme le plus grand ennemi de la violence, un mouvement fon- dé sur la douceur et l’amour. Pourtant, ce n’est pas du nouveau puisque le monde est reparti 4 neuf dans le sillage de celui a préché _Yamour durant toute sa vie publique, Jésus-Christ. Depuis, l’on a vu a quel point le refus de participer 4 la violence a pu embéter les pouvoirs en place. Les Gandhi, les Martin Luther King, sont des preuvees récentes de ce paradoxe historique. Ces deux hom- mes ont aussi été des mar- tyrs de leur époque, mais dans les deux cas, des pages importantes de l'histoire ont été tournées a jamais. Il ne restait presque plus rien de l’installation des prospecteurs qui y avaient séjourné. A quelques mé- tres dans les taillis déja bien repoussés, des rondins é- croulés étaient les seuls vestiges d’une habitation dans laquelle avaient vécu ces hommes avec leurs es- poirs, leurs désirs, leurs peines et leurs secrets... La lame d’un vieux “godendar” _toute rouillée s’apercevait sur les logs effondrées; prés de la rive, quelques pieux et des débris de planches mon- traient l’emplacement de leurs “slices” de lavage, car ils avaient monté 1a la vérita- ble installation de prospec- tion. Sur tout cela flottait un air de mystére comme si les fantémes de ces anciens pionniers allaient se réveil- ler au bruit des nouvelles caravanes. Car des années et des années avaient passé. qui avaient jeté sur toutes ces choses le voile de l’oubli. De nouvelles trouvailles dans les territoires du Mac- kenzie avaient fait affluer vers les régions inconnues de l’Athabasca et des grands lacs du Nord tous les hom- mes avides de risques et de profits, et pour lesquels Yaventure était une nécessi- té et aussi un grand jeu. Nous primes le parti de camper le soir a cette place et de prospecter autour du: campement en remontant le cours de la riviére, et d’a- bord I’ancien lieu de lavage. L’endroit était bien choisi, dans un coude du cours d'eau ou l’on voyait a faible profon- deur d’importants dépéts de sables. Sices dépé6ts avaient été payants autrefois, il n’y avait pas de raisons pour que les mémes causes ne reproduisent pas les mémes effets. Donc, aprés avoir soigné les poneys, nous com- mencames 4 remonter la riviére et aprés deux ou trois heures de sondages en différents endroits et des résultats positifs bien que toujours assez maigres, nous reprfmes le chemin du re- tour pour finir notre journée al’ancien camp des prospec- teurs. La la tache se révéla facile dans une eau peu profonde. Quand nous etimes ainsi fait de nombreuses battées, nous comprimes que, & moins de tomber sur un nid de pépites, ce ne serait pas encore la “fortune”. Mais l'argent n’était pas seule- ment ce que nous étions venus chercher. C’était aussi et surtout, “pour moi en tout cas, et aussi pour mon partenaire, le dé- sir de me plonger encore davantage dans cette nature ensorcelante du grand Ouest canadien. Ce n’était pas le beau tourisme de chez nous avec chaque soir l’auberge accueillante sentant la bonne soupe au fromage ou le bon “tourin” au pain coupé en larges tranches dans la mi- che de seigle; et cependant, malgré tous les dangers inhérents 4 la nature elle- méme, avec l’accident possi- ble, la maladie, la noyade, nous étions pleinement heu- reux car nous avions la “vraie liberté”. Cependant il s’avérait presque certain que, d’aprés les résultats obtenus jus- qu’a présent, le lavage de ces simples sables devrait nous procurer une rémuné- . ration égale sinon supérieu- re a celle d’un emploi sur un chantier avec un attelage. C’était done pour nous la quasi-certitude de récupérer tout ou en partie de nos frais, avec l'occasion de faire un voyage et une expérience qui nous laisseraient dans les années futures d’intenses et nombreux souvenirs. Nous arrétimes le travail quand le soir tombait déja sur notre campement; il fallait done dresser la tente; Il ne semble donc pas que le systéme qui aliéne toutes les cultures présentement va sauter par la révolution violente. D’ailleurs, si cela arrivait, nous aurions a faire face au chaos qui s’ensui- vrait. L’anarchie des pre- miers instants serait vite remplacée par des pouvoirs encore plus inhumains que ceux quiils auraient rempla- cés. ‘ C’est donc par la voie de petites communautés nou- velles, qui feront des expé- riences collectives fondées sur la satisfaction d’aspira- tions légitimes, que l’espoir renaitra. C’est pour cette raison que la formule coopé- Lyse Payette Née a Montréal en 1931, dans le quartier Saint-Henri en milieu ouvrier, Lise ‘Payette y fait ses études. Elle ne quitte Montréal que pour vivre successivement a Québec, a Trois-Riviéres, a Rouyn-Noranda, de nouveau 4 Montréal et a Paris (pen- dant six ans) avant de reve- nir définitivement a Mont- réal. Elle débute 4 la radio en 1954 a Trois-Riviéres avec des camarades de travail parmi lesquels Georges Dor et Pierre Bourgault. A Rouyn-Noranda, elle collabo- re a l’hebdomadaire “La Frontiére”, anime une émis- sion quotidienne 4 CKRN et devient secrétaiire-relation- niste pour les Métallurgis- tes Unis d’Amérique. De Paris, elle collabore au Petit Journal, a la Patrie, au Nouveau Journal, a la Presse et a Chatelaine. Elle anime pendant deux ans a Paris et un an a Montréal l’émission de Radio-Canada “Interdit aux Hommes”. ~— Entre 1965 et 1972, Lise Payette anime toute une série d’émissions différentes pour Radio-Canada (réseaux anglais et francais): Place aux Femmes, Speak easy, Sunday at the Fair, D’un jour 4 l'autre, Le temps des sauterelles et finalement Studio 11. C’est en 1972 que sa: carriére prendra un nouveau visage avec l’arrivée a la télévision de “Appelez-moi Lise”. Cette série d’émis- sions quotidiennes durera rative apparait comme de . plus en plus prometteuse. La semaine prochaine, nous tenterons de réfléchir sur l’évolution du mouve- ment des caisses populaires et des credit unions, depuis quelques années. Vont-elles résister a la lutte que leur opposent les banques a charte et d’autres institutions financiéres? Vont-elles en sortir avec une nouvelle image du coopératisme? Comment ré- soudront-elles le dilemme de la participation du membre dans des entreprises de plus en plus sophistiquées? (a suivre) trois ans. Elle sera suivie de Lise Lib (un an) et de “Appelez-moi Lise” formule hebdomadaire pendant quel- ques semaines. Lise Payette a parallélement collaboré au journal “Le Dimanche” pen- dant plus d’un an et au magazine “Nous” depuis sa fondation. En 1975, Mme Lise Payette fut présidente du Comité des Fétes nationales du Québec. Elue députée de Dorion le 15 novembre 1976, le Premier ministre la nomme ministre des Consomma- teurs, Coopératives et Insti- tutions financiéres et minis- tre responsable du Conseil du Statut de la Femme. Ace titre, au début de 1977, elle met sur pied la Société de développement coopératif, organisme voué au développement deVen- treprise coopérative québé- -coise. Elle est également la res- ponsable de la réforme tant attendue de l’assurance-au- tomobile au Québec et ré- pond devant l’Assemblée na- tionale de la Régie de l’as- surance-automobile. . En 1978, elle fait adopter un véritable code de protec- tion du consommateur et éla- bore, avec ses collégues ministres, une structure de concertation qui permet la réalisation de la politique d’ensemble sur la condition féminine suite au rapport du Conseil du Statut de la Femme “Egalité et Indépen- dance”. les maringouins - cette plaie des bois et foréts canadiens - avaient déja montré leur diabolique présence au cours de l’aprés-midi et nous fai- saient présager une nuit agrémentée, si l’on peut dire, de leur concert et de leurs danses... J’avais tué, au cours de notre prospec- tion de l’aprés-midi, un cou- ple de perdrix des bois qui, découpées et passées a la poéle et avec une bofte de beans, nous procurérent un repas auquel nous fimes largement honneur. .Le gi- bier ne manquait pas; lapins et perdrix qui, tout en nous faisant économiser nos ré- serves de conserves, nous donnaient une nourriture plus saine et plus réconfor- tante. Les pois sauvages poussaient en quantité 4 la lisiére des taillis, et en peu de temps, nous pfimes récol- ter en épaisses brassées, assez de fourrages pour la -nuit des ehevaux. Et la lune n’avait pas encore passé la! ligne des montagnes que. nous dormions déja sous nos | couvertures, bien encapu- chonnés pour ne pas offrir un festin 4 ces dames mous- tiques qui savaient se faufi- ler par la moindre fissure. ‘(da suivre) Merci! Merci a la Société Histo- rique Franco-Colombienne, au Soleil de Colombie et a tous mes bons amis pour leurs souhaits de prompt rétablissement. Mme Blanche Lambert LA pLupart des ombres de ce monde proviennent de ce que nous voulons tous occuper une large place au soleil. ete, ie oe