Le Soleil de Colombie, vendredi 28 mars 1980 ( LEPOINT... suite de la page précédente phones. Au début, on ne distribuait que 1,500 exem- plaires par semaine; maintenant, le tirage est 3,700 —_ et on vise a atteindre le maximum possible de Pour y parvenir, le personnel, (le directeur, deux journalistes, deux vendeurs de publicité, l’agent de la distribution et la secrétaire de bureau) cherche prin- cipalement a solidifier et a accroitre la visibilité active des francophones dans un territoire of la ‘‘minorité”’ anglophone contrdle 75 p.c. de l’économie et aussi les Moyens de communication (un poste de radio anglophone, deux postes de télévision anglophones, un réseau de cablodistribution anglophone), et a rendre la population francophone d’égal a égal avec cette minorité puissamment établie. Le journal est aussi le défenseur et le promoteur des causes linguistiques et socio-culturelles des Acadiens, surtout dans le domaine scolaire, face a la dualité linguistique du Conseil scolaire du district N° 4. Par conséquent, le personnel traite l’information de fagon objective, mais avec un penchant naturel de défense des droits de sa clientéle francophone : gens de métier, familles, écoliers et collégiens, corps pro- fessoral et libéral, qui s’intéressent aux actualités locales et régionales, aux petits faits quotidiens, aux nouvelles sportives, etc., mais qui lisent de plus en plus ce qui touche la situation scolaire, l’économie, les effets de la politique sur leur vie sociale et culturelle. C’est done pour encore mieux servir leurs lecteurs que les rédacteurs soignent la qualité de la langue écrite et adaptent leurs articles aux besoins de tous les groupes aac et, de facon encore plus particuliére, de la gent re. | J J e@ | & En aoiit 1965, madame Corinne Blanchard fonde Le Voilier, bulletin mensuel qui dessert les 5,000 citoyens de la ville de Caraquet. Avec ses collaborateurs, des béné- voles pour la plupart, elle y rapporte les nouvelles loca- les et fait connaitre les initiatives des gens du milieu. En avril 1971, le bulletin, de format tabloid désor- mais, étend ses services a toute la population de la Péninsule Nord-Est du Nouveau-Brunswick et couvre ainsi les municipalités de Grande-Anse a Néguac en pas- sant par Tracadie; Shippagan et l’Ile de Laméque. En janvier 1973, sous la direction de M. Léandre Ferron, Le Voilier devient le seul hebdomadaire au ser- vice d’une région a plus de 90 p.c. francophone, la Pénin- sule acadienne du Nouveau-Brunswick. Comparative- ment aux quelques centaines d’exemplaires vendus cha- que mois au début, on distribue maintenant 5,000 ex- emplaires par semaine. En janvier 1977, Le Voilier fait l’acquisition du jour- nal bilingue “Bathurst Tribune’’, en vue d’inclure la région de Bathurst dans son territoire et d’en mieux desservir les francophones. En avril 1978, aprés quelques mois de fonctionne- ment dans ce territoire élargie, on constate que les fran- cophones de Bathurst veulent leur propre journal. Le Voilier se retire donc dans la péninsule acadienne, et l’on fonde Le Point a Bathurst. Au début de la présente année 1980, le tirage heb- domadaire du Voilier se maintient a environ 7,000 ex- emplaires. Avec Le Point de Bathurst et La Boueille de Cap-Pelé, il fait partie intégrante de la compagnie Les Editions du Nord Ltée, dont les membres du Conseil d’administration sont MM. Alphée Michaud, président, Léandre Ferron, vice-président, Wilfred Roussel, directeur général, et Yvon Cormier, comptable. La com- pagnie posséde aussi l’imprimerie commerciale Im- primerie du Nord. : Le personnel du Voilier se compose actuellement de 14 employés a temps plein (le directeur général, 2 jour- nalistes, 2 vendeurs de publicité, un agent de tirage, un comptable, 2 secrétaires, un maquettiste, un technicien de chambre noire, 2 photocompositrices et un directeur du montage) et de 3 autres a mi-temps (2 pigistes et une correctrice d’épreuves). Le Voilier dessert un marché potentiel de 45,000. francophones et pénétre dans 65 p.c des foyers. On peut donc affirmer que 30,000 personnes le lisent chaque se- maine: 50 p.c. de ces lecteurs sont des abonnés, alors que l’autre moitié recoivent le journal par camelot ou se le procurent chez un dépositaire. Environ 80 p.c. de l’in- formation traitée dans le journal provient des journa- listes employés a plein temps; 10 p.c. provient de pi- gistes 4 mi-temps; et 10 p.c. provient de communiqués. La majeure partie de la publicité est tirée du marché local, le reste provenant d’annonceurs de la région de Bathurst qui voient, dans la péninsule aca- dienne, une source appréciable de consommateurs. On peut affirmer que la publicité payée de source gou- vernementale, de divers niveaux, représente moins de 10 p.c. des revenus publicitaires du Voilier. 2 La boueille La Boueille nait 4 Cap-Pelé en 1975, sous forme de bulletin paroissial. Trois mois aprés la parution du pre- mier numéro, le feu ravage 1’école qui l’abrite et détruit son équipement. L’équipe bénévole se réinstalle dans un garage non isolé, la rédaction et la mise en page se fai- sant dans la cuisine d’une maison voisine. Eventuelle- ment, le bulletin se transforme en un journal mensuel. En décembre 1978, la compagnie Les Editions du Sud devient propriétaire de La Boueille, et son conseil d’administration en fait, le 5 mai 1979, le journal heb- domadaire d’une partie du sud-est du Nouveau-Bruns- wick, plus particuliérement de la ville de Shédiac et du village de Cap-Pelé. M. Bertrand Johnson assume la direction du journal depuis le 26 novembre 1979. Son personnel comprend une secrétaire-comptable, deux journalistes a plein temps et un a mi-temps, et un vendeur de publicité. La mise en page du journal est faite 4 Caraquet par les Editions du Nord, mais le journal est imprimé a Moncton par l’Im- primerie Acadienne Ltée. ' Le journal dessert une population de familles a 98 p.c. francophones. Ses articles et reportages visent donc a satisfaire une clientéle de 12 4 90.ans: écoliers, jeunesse, adultes et personnes Agées qui lisent (selon un sondage maison) les articles d’actualité locale, les nouvelles sportives, les articles de type “features”. Un groupe restreint mais s’élargissant de mois en mois lit les articles d’intérét provincial et national, nouvelles que le journal traite toujours en fonction de sa clientéle. Ses sources d’information se répartissent ainsi: 85 p.c. du contenu hebdomadaire provient de ses propres journalistes, 5 p.c. de correspondants réguliers, 5 p.c. de pigistes et 5 p.c. d’agences de presse sous forme de com- muniqués. Par leurs articles, les journalistes de La Boueille animent et développent chez leurs lecteurs un sentiment de fidélité linguistique et d’appartenance au “peuple” acadien, suscitent des débats sur les sujets d’intérét majeur pour la population desservie, et dénon- cent certaines injustices sociales dont ils prennent con- naissance. Il n’est pas surprenant que son tirage aug- mente de fagon réguliére: il est actuellement de 2,300, soit 1,600 abonnements et 700 exemplaires vendues au comptoir. Le Courrier * DE LA NOUVELLE-ECOSSE M. Désiré d’Eon fonde Le Petit Courrier 4 Pubnico- Ouest en 1937 pour doter les Acadiens de sa région, cha- que semaine, d’un lien familial de communication en frangais. En 1972, ce pionnier vend son journal a L’Im- primerie Lescarbot Ltée qui compte, parmi ses 24 ac- tionnaires, MM. Allan Boudreau, président, Peter Bou- dreau, trésorier, Cyrille Leblanc (actionnaire prin- cipal), éditeur et rédacteur en chef, la Fédération aca- dienne de la Nouvelle-Ecosse, la Société Saint-Pierre et l'Université Sainte-Anne, qui relancent le journal a Yar- mouth sous un nouveau nom, Le Courrier de la Nouvelle- ~ Ecosse, et lui donnent comme objectif de servir de lien de communication, d’information et d’animation de toutes les communautés acadiennes de la province. En Nouvelle-Ecosse, il y a plus de 80,000 personnes d’origine frangaise, dont la moitié seulement se déclarent de langue maternelle frangaise et un tiers a peine utilisent encore le francais comme langue d’usage au foyer. Toutefois, alors qu’au niveau provincial l’assimilation est de 66 p.c., elle est moindre au niveau des régions desservies: Digby, 5 p.c.; Yarmouth, 17 p.c.; Richmond, 20 p.c.; Inverness, 8 p.c. Mais le taux de scolarisation de la 9e a la 12e année n’est que de 40 p.c. chez les Acadiens, comparativement a 57 p.c. chez les Anglophones; et seulement 28 p.c. des Acadiens de 45 ans et plus ont fréquenté 1’école de la 9e a la 12e année, comparativement a 5 p.c. chez les Anglophones du méme groupe d’age. Ces chiffres expliquent l’un des problémes majeurs dont souffre Le Courrier: le nombre restreint de ceux qui ont atteint un niveau satisfaisant de compréhension du frangais écrit. En somme, le journal ne peut compter que sur un nombre potentiel limité de lecteurs, et son recrutement d’un personnel qualifié (surtout en rédaction) est aussi affecté par une telle situation. Tout de méme, un progrés relatif s’établit en ce dou- ble domaine. Par exemple, en 1972 le journal n’avait qu’un rédacteur et une secrétaire, plus deux religieuses assurant bénévolement la correction des textes et la traduction des annonces; aujourd’hui, son personnel comprend 11 employés a plein temps et 6 a mi-temps. Ils accomplissent un bon travail en rédaction, en publicité (qu’il faut traduire), en composition, en mise en page et en administration, bien qu’aucun d’eux n’ait bénéficié d’une formation quelconque dans la production d’un journal. Toutefois, lors d’un départ, il est extrémement difficile de combler le poste vacant, surtout au secteur de la rédaction. : Le tirage du journal a triplé depuis 1972. Sur 1 marché potentiel de 4,000 abonnements, compte tenu d ravages de l’assimilation, Le Courrier distribue chaq semaine 3,100 copies par la poste, plus 100 copi délivrées a l’école secondaire anglophone de Yarmout Cette réussite démontre que le journal a des racines pr fondes et étendues dans les communautés acadienne jusqu’a 500 milles de son siége social. Le Courrier évalue a 70 p.c. sa pénétration « marché de publicité local. Le probléme se situe, en « cas, dans le fait des changements multiples de vendeu et de leur difficulté 4 conceptualiser des programm( d’annonces publicitaires susceptibles d’intéresser | clients. La publicité gouvernementale, tant fédérale qr provinciale, laisse grandement a désirer: chacuw d’elles représente moins de 5 p.c. des revenus ( publicité du journal . . . qui regoit, heureusement, : juste part des organismes municipaux et scolair d’Inverness, de Clare et d’Argyle. Comme sources d’information, Le Courrier a det pigistes au Cap-Breton et un pigiste-photographe Pubnico-Ouest; trois membres du personnel au sié; social assurent la rédaction de textes (en plus d’autr taches); des correspondants bénévoles communique les nouvelles de leur village ou région. L’informati recue des gouvernements est adaptée aux besoins d lecteurs. Toujours, l'information locale ou régiona garde la priorité. Doix Acadienn En juin 1976, la Société Saint-Thomas d’Aquin lan La Voix acadienne, lien précieux entre les communaut acadiennes de |’Ile-du-Prince-Edouard qui n’ont pas | journal francophone depuis 75 ans. Elle en distrib gratuitement les quatre premiers exemplaires, tout | organisant une campagne qui rapportera 800 abo nements. Le journal en a maintenant 1,500, et quelq 400 copies payées par les conseils scolaires so distribuées chaque semaine aux éléves des class francaises régulieres et des cours d’immersion. La Voix acadienne Ltée, corporation a but n lucratif et sans actions, est créée le 23 septembre 1976 prend le journal en charge le ler avril 1977. Une fois l’e les abonnés (ou propriétaires) précisent les politiqu du journal et élisent les sept directeurs qui se re contreront chaque mois pour voir au bon fonctionneme du journal. - ie: Le personnel se compose ainsi: un rédacteur chef, un rédacteur adjoint, un vendeur de publicité trois employés de bureau. Le journal est entiéreme préparé sur place, mais photographié et imprimeé par Summerside Journal qui lui rend de grands servic depuis les débuts et avec qui il échange des articles photos. Le systéme scolaire provincial et régional — favorise guére la formation sur place de rédacteurs ac quatement préparés en frangais, et la situation précai du journal ne permet pas d’offrir des salaires qui ; tireraient des journalistes d’expérience. Toutefois, d membres du personnel suivent présentement des cot de francais dispensés par un permanent de la Socik Saint-Thomas d’Aquin, et des anciens enseignants c laborent a la production d’un hebdomadaire qui se coi pare favorablement aux autres. En outre, La Voix ac dienne a tiré profit des séminaires offerts depuis 1° par |’Association de la presse francophone hors Québe L’assimilation s’étend 4 un rythme alarmant, _point qu’a peine la moitié des 17,000 Acadiens de 1’ peuvent encore lire le frangais. A moins d’un réveil « traordinaire, le jour ot ses lecteurs de 50 ans et pl disparaitront pourrait marquer la mort du jo 1. Voix acadienne s’efforce donc d’attirer les je lecteurs en leur offrant chaque semaine deux adaptées a leurs propres intéréts, et en pénétrant les écoles ou les enseignants l’utilisent pour stimuler goiit de la lecture en francais. Quant aux autres pages. journal, elles ne contiennent que des articles faciles lire, et portant surtout sur les centres d’inté prioritaires dans 1’lle: activités des organismes fré cophones, éducation, agriculture, péche, tourisme. C’est dire que La Voix acadienne n’est pas d’abo une entreprise commerciale. Tout de méme, le jourt s’efforce de tirer sa part d’un marché publicitaire p reluisant dans l’Ile: aucune grande industrie, auc gros annonceur acadien, trés peu d’Acadiens a ¢ postes de direction dans des entreprises d’envergure des ministéres gouvernementaux. Courageusement, s’attaque au marché de Summerside, principaleme avec un succés relativement en progrés . Cette public difficilement acquise lui parvient toujours en angla - eomme d’ailleurs celle du gouvernement provinci d’ou Vobligation de tout traduire. Il recoit peu publicité du gouvernement fédéral, mais . . . en fran¢a Malgré tant de difficultés, La Voix acadiemne est porte-parole respecté d’Acadiens longtemps écras' mais de plus en plus vivants. Et, au niveau de la pol que provinciale, les autorités commencent a tenir con te de sa présence et de son message hebdomadaire. cael ke Ces textes sont commandités par le Secrétariat d'Etz —-