VOLUME 8 - 3° EDITION- ISSN 1704 - 9970 | Critiques Lttéraires Suite frangaise, roman de |'Occupation Bien des ouvrages ont été écrits sur I'Exode de juin 1940 lorsque la France a été envahie par l'armée allemande, et sur les années d'occupation qui suivirent. Suite francaise, méme s'il ne voit le jour que maintenant, a été composé sur le vif par Irene Némirovsky en 1941-1942. Née a Kiev (Ukraine) en 1903, cette jeune Juive apprit le frangais avec sa gouvernante dés sa petite enfance. Son pére avait fait for- tune dans le commerce des grains et la finance avant de devenir un des plus riches banquiers de Russie. Irene voyait rarement son pére occupé par ses affaires et ses voyages, et sa mére, Fanny, ne manifesta jamais aucun amour pour sa fille qui vecut donc une enfance malheureuse et solitaire. Quittant la Russie en 1919 peu aprés la Révolution soviétique, la famille s'installe a Paris et fréequente la meilleure société. Iréne épouse en 1926 Michel Epstein et ils auront deux filles (nées en 1924 et 1937). Irene devient une romanciére frangaise reconnue. Lorsque la guerre éclate, ils s'installent a Issy-I'Evéque, en Sadne- et-Loire. Bien que convertis au catholicisme, ils doivent porter l'étoile jaune. Arrétée le 12 juillet 1942, Irene est déportée au camp d'Auschwitz et envoyée au camp d'extermination de Birke- nau ou elle meurt gazée le 17 aodt. Son mari, arrété a son tour en octobre, est envoyé a la chambre a gaz dés son arrivée a Aus- chwitz. Les Allemands ne découvriront pas leurs deux enfants, Eli- sabeth et Denise, cachés par leur tutrice dans un couvent puis dans un pensionnat catholique. Dans une valise, ils gardaient le dernier manuscrit de leur mére, écrit sur un cahier. Plus de soixante ans plus tard, Denise Epstein a décidé de publier ce ma- nuscrit. La vie tragique de cette famille n'est pas le sujet de Suite fran- ¢aise mais est relatée dans une substantielle introduction par My- riam Anissimov. Le roman commence par la description du désor- dre et de la panique de ceux qui s’enfuirent de Paris en 1940. Se- lon Myriam Anissimov,