2 - Le Soletl de Colombie, vendredt 22 mat 1987 Courrier des lecteurs Les Franco-colombiens, une communauté? Puisque nous posons des jalons d'une communauté franco- colombienne de I’an 2000, il est important avant tout de bien saisir la réalité franco-colom- bienne en 1987. Or, il me semble qu'on cherche a renforcer des liens communautaires d'une population francophone qui est largement “invisible” puisqu’elle n’agit pas en communauté. Si lon peut prévoir l'avenir en jetant un regard sur le présent, jai bien peur que, malgré les apparences et la bonne volonté, la communauté franco-colom- bienne ne sera peut-étre plus 1a en 2000! Pourquoi cette prévision si pessimiste? En plus de statistiques démographiques qui dévoilent une population franco-colom- bienne au précipice de |l’extinc- tion - 1,7% de la population provinciale, taux d’assimilation 72% - d'autres indiquent a quel point les Franco-colombiens n'utilisent pas la langue francaise dans leur vie quotidienne. Ce choix individuel ,empéche la communauté franco-colombien- ne de s’€panouir. Lorsque nous comparons I’usa- ge du francais dans quatre contextes sociaux différents - a la maison, aux loisirs, au travail, dans la vie sociale nous dégageons un portrait plutdét anglais de la communauté franco-colombienne. Selon une analyse de données faite a partir dun sondage du Centre recherche sur l’opini (Montréal, 1982), 58,1% des Franco-colombiens disent que le francais n’est pas du tout utilisé a la maison, 90,2% constatent l’absence totale du francais dans leur vie sociale, 74,7% au travail et 65,3% aux loisirs. Or, l’étiquette “francophone” s’ap- plique mal a la communauté franco-colombienne. Un regard plus détaillé nous indique que, dans l’environne- ment familial ou personnel, la moitié des Franco-colombiens parle l'anglais 4 leurs voisins francophones (!) et a leurs enfants. Les amis personnels sont autant anglophones que franco- phones tandis que les voisins sont majoritairement anglophones. A leurs heures de loisirs, les Franco-colombiens passent trés peu de temps en francais. La majorité regarde la télévision (70,9%) et écoute la radio . (88,2%) plus souvent en anglais, et lit des journaux anglophones (93,1%). Cette tendance est particuliérement —surprenante vue l’accés aux postes de radio et de télévision de Radio-Canada. Le milieu de travail n’en fait pas meilleure mine. Les patrons (93,7%), et les employées (90,3%) sont généralement anglophones. Une forte majorité des Franco-colombiens (93,5%) parle plus souvent’ en anglais durant leurs pause-café et aprés leur travail (89,0%). La vie sociale franco-colom- bienne, elle aussi, cache difficile- ment son visage anglophone. Dans tous les domaines, la langue anglaise s’emploie plus souvent que la langue de Moliére chez la majorité de Franco-colombiens. Ainsi, 89,8% font du sport en anglais, 96,3% font l’épicerie en anglais et 96,6% vont magasiner en anglais. Que ce soit au restaurant (94,1%), au bar (89,8%), au cinéma (96,2%) (92,5%), le ou au théatre on publique tableau social franco-colombien brille par l'utilisation fréquente de la langue anglaise. L’environnement communau- taire est donc beaucoup moins francais qu’on ne l’imagine. On peut quand méme garder un certain optimisme, parce que les Franco-colombiens préféreraient une vie plus fancaise. En effet, 55,5% d’entre eux aimeraient pouvoir utiliser le francais plus souvent 4 la maison, et 56,8% voudraient parler leur langue maternelle plus fréquemment dans leur vie sociale. Cet optimisme n’est pas a abuser, car plus d’un tiers (35,1%) des Francophones ont dit “non” a la possibilité d’avoir plus de francais dans leur vie sociale et 35,7% étaient peu favorables a l’idée de lutiliser plus souvent a la maison. C'est loin d’étre rassurant. En plus, une proportion trés grande (72,4%) de Franco-colombiens préfére travailler en anglais, et une majorité (55,6%) veut une éducation anglaise pour leurs enfants. Cette situation communautaire rend encore plus urgent le travail d’associations qui offrent aux Francophones l'occasion de se distraire en francais. Malheureu- sement, le réseau d’associations francophones en Colombie- Britannique qui dessert la population franco-colombienne, offrant des services multiples et _ des messages symboliques divers, est trés peu connu_ des Franco-colombiens. La Fédéra-" tion des Franco-Colombiens (FFC) est la plus connue d’entre elles selon la proportion des répondants qui ont dit en avoir déja entendu parler (47,0%). Mais, seulement 15,9% étaient en mesure de la nommer comme la principale association franco- phone de la province. Le PCF (Programme Cadre de Francais) se trouve en deuxiéme place ayant été reconnue par 40,7% des Franco-colombiens. Pour ce qui est de l’association provinciale, une majorité de Franco-colombiens (56,8%) considére que le développement communautaire devrait étre son réle premier alors que 43,7% voit le réle politique comme étant plus important. A une exception prés, une majorité des Franco- Essayons de travailler ensemble Monsieur le rédacteur, Que c'est triste de lire encore une lettre de dispute entre des gens influents, intelligents et jespére, aux bonnes intentions. Pourquoi ne pas essayer de travailler ensemble. Je sais que c'est difficile d’avouer ses torts; il faut beaucoup de courage pour le faire et encore plus pour accepter les idées de ses “adversaires”. Dans ce monde oi nous essayons d’enseigner 4 nos enfants la tolérance et la coopération, jaimerais voir les Francophones unir leurs énergies dans le but de former une francophonie forte et fiére. Pour y parvenir, nous avons besoins de bons exemples. Merci, Huguette Cloutier North Vancouver colombiens sont d’accord avec les affirmations suivantes sur la FFC : consciente des besoins des Franco-colombiens (85,9%), contribue 4a la vie en francais en CB (87,1%), représente les intéréts des Franco-colombiens (71,1%), défend des droits au niveau provincial (76,0%), défend des droits au niveau fédéral (83,3%), défend des droits au niveau local (53,3%), se sentent proches de la FFC (44,3%) is Néanmoins, seulement 25,4% des répondants croient que ce sont les associations francopho- nes qui encouragent la vie en francais le plus en CB. La moitié (47,4%) donne ce réle au gouvernement et 27,2% a la responsabilité individuelle. En plus, ce n’est qu'une petite proportion (8,5%) de Franco- colombiens qui accorde cette responsabilité aux associations francophones. Il faut donc se poser quelques questions: Quelle est ]’importan- ce du fait que les Franco-colom- biens utilisent peu la langue francaise? Comment est-ce que les associations francophones pourraient aider a modifier cette tendance? La mécon- naissance des associations est-elle liée a Vignorance des activités offertes par les associations ou bien par un désintérét général face au type d’activité? Vaut-il mieux oublier ces associations et chercher d’autres alternatives pour animer la vie socio-culturel- le des Franco-colombiens? Dans une province anglophone comme la nétre, il est évident que la langue frangaise ne fera jamais partie prédominante du visage public. On n’a ni des lois qui la protége ni des entrepreneurs politiques ayant intérét a la promouvoir a l’Assemblée législa- tive. Or, il ne nous reste que des associations francophones et des individus pour développer un esprit communautaire. Mais, il faut d’abord et avant tout s'assurer de la volonté des Franco-colombiens de valoriser leur “communauté”. Si cette volonté existe, il faut trouver les moyens plus efficaces a les rejoindre et a les encourager a agir en communauté, puisqu’en- fin c’est l’invisibilité du francais dans la vie quotidienne qui joue un mauvais tour a la communau- té. Si non, il faut repenser toutes les initiatives qu’on développe pour l'avenir, car si la population franco-colombienne n’est pas intéressée, vaut-il vraiment la peine...? Commengons alors par une campagne de recrutement pro- vinciale. Allons chercher les Franco-colombiens. _ Peut-étre quiils ne connaissent méme pas leur volonté? Informons-les sur la situation plutét lugubre de l'avenir. Cela pourrait les bouger quelque peu. Et surtout, repensons nos activités en associations pour mieux attein- dre la communauté et pour servir ses besoins. Sans un lien fort entre communauté et associations, ces derniéres ne deviennent que les structures artificielles sans fond réel. L’an 2000 n’est pas loin, et une communauté ne se construit pas du jour au lendemain. On a quand méme en 1987 les outils nécessaires pour commencer le travail. Daniel Savas Vancouver ia tke Splat . Visite officielle de Francois Mitterrand Francois Mitterrand, prési- dent de la République francaise, effectuera une visite officielle au Canada pendant la derniére semaine de mai. Cette visite, la premiére tournée canadienne d’un chef d’Etat francais depuis le coup d’éclat de Charles de Gaulle en 1967, conduira le président francais 4 Ottawa, Gaspé, Québec, Montréal, Régina, Toronto et Moncton. Francois Mitterrand rencon- trera Jeanne Sauvé, gouver- neur général, et Brian Mulroney le 25 mai. Le jour suivant, il rencontrera l’actuel et l’ancien premier ministre du Québec (Robert Bourassa et René Lévesque) et prononce- ra un discours devant l’assem- blée provinciale. M. Mitterrand rencontrera également les premiers minis- tres de la Saskatchewan (Grant Devine) , de l'Ontario (David Peterson), et du Nouveau-Brunswick (Richard Hatfield). Robert Dubé n’est plus années. Robert Dubé, sculpteur, est mort mercredi 13 mai a Longueuil (Québec). Il était bien connu dans la commu- nauté franco-colombienne: de 1973 41984, il avait habité Vancouver ow il pratiquait la sculpture du jade. C'est pour se faire soigner au Québec qu'il avait quittéla CB en 1984: il était atteint d’une Robert Dubé dans son atelier de Vancouver, il y a quelques maladie des poumons causée par la poussiére de jade. Ses recherches sur la sculpture du jade, l'utilisation dans ses oeuvres d’animaux de la mythologie amérindienne (ours, aigles, etc.) avaient fait son succés et inspiré d’autres sculpteurs de jade. Robert Dubé n’avait que 39 ans. John Condit décoré John Condit a été décoré de Y'Ordre des Francophones d’Amérique le 9 avril dernier a Québec. M. Condit, qui était honoré en tant que “ancien journaliste et défenseur du fait frangats en Colombie-Britan- nique’ est le troisiéme de cette province - aprés André Piolat et Roméo Paquette - a étre ainsi décoré. M. Condit a recu cette décoration avec humour: “Anglophone, dit-il, Je peux maintenant dire aux gens: Sorry, I don’t speak English.” WY 5 : ° ag ee Le seuljournal en francais ~ = SOLEIL COLOMBIE de la Colombie-Britannique Fondateur: André Piolat Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste-coopérant: Charles-Henri Buffet Photocomposttion: Anita Charland ° Administration: Héléne Adl Publié par Le Soleil de Colombie Ltée 3283 Main, Vancouver, CB; V5V 3M6 APF ire: Tél: 879-6924, 879-6656 Abonnement lan: Canada, 15$ - Etranger, 20$ Courrter de 2éme classe Numéro d’enregistrement : 0046 Les lettres adressées au Soleil de Colombie par ses lecteurs doivent étre ~ lisiblement signées par leur (s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte s'il est trop long. Les lettres doivent étre accompagnées d’un numéro de téléphone et d’une adresse afin de pouvoir, au besoin, communiquer avec nos correspondants. Toutefois, ala demande, les adresses et numéros de téléphone pourront ne pas étre publiés. HMO tea Rae: siseectat iad noe laine 8 Sse a ARES aN Sagan sos ‘esa 2D tie eee ee ee hee ee SI dae hy chai