Information mais ils jouent un réle essentiel dans leur développement. Cette semaine l'Université d'Ottawa. Il y a longtemps que les francophones a I'extérieur du Québec peuvent compter sur des établissements universitaires. Certes, ils ne répondent pas a toutes les attentes des communautés francophones, inachevée ae La mal-aimée des universites bilingues veut protéger ses acquis Il y a dix ans, 4 peu prés personne sur le campus de l’Uni- versité d’Ottawa ne s’interro- geait sérieusement sur |’éven- tuel déclin du fait francais dans cette institution plus que cen- tennaire. Les frais de scolarité étant a peine plus élevés qu’au Qué- bec, l’Université d’Ottawa atti- rait une floppée d’étudiants qué- bécois en mal d’exotisme ou de bilinguisme qui venaient grossir les rangs de la francophonie onta- rienne, le temps d’une année uni- versitaire. Personne, sauf peut- étre une poignée de jeunes mili- tants franco-ontariens, ne luttait quotidiennement pour le fait fran- cais. La raison en était bien sim- ple: & cette époque, plus de 40% de la population étudiante était francophone. Il suffit de jeter un coup d’oeil aux statistiques pour com- ' prendre les raisons qui poussent aujourd”hui les leaders de la fran- - cophonie ontarienne a réclamer avec de plus en plus d’insistance une université francophone. En 1981, on comptait sur tout le campus de 1’Université d’Ottawa 8016 étudiants franco- phones, comparativement a 8585 anglophones. Dix ans plus tard, le nombre total d’étudiants franco- phones avait augmenté de plus de mille pour passer 4 9076. Mais durant la méme période, la popu- lation étudiante anglophone at- teignait, elle, 13273 étudiants. En 1981, les étudiants fran- cophones formaient 42,4% de la population étudiante totale. En 1991, ils ne représentaient plus que 36,2% du total. Pourtant ily a quinze ans, les francophones comptaient pour prés de 60% des étudiants. La plus importante L’Université d’ Ottawa est I'université la plus importante hors Québec pour celui qui veut étu- dier en frangais. Avec ses 118 programmes de premier cycle en- tigrement, majoritairement, ou par- tiellement en frangais, avec ses 70 programmes enti¢rement ou partiellement en frangais aux études supérieures, avec son ré- seau d’enseignement a distance et avec ses 550 professeurs a temps complet ayant une connaissance active du francais, l’université, fondée en 1848 par les obats, reste 4 ce jour ce que les francophones de l’extérieur du Québec peuvent trouver de mieux en fait d’institu- tion universitaire. Budget en 1991- 1992: 212,5 millions. Une université franco-ontarienne Mais au-dela des chiffres, une réalité demeure: les Franco- Ontariens sont de plus en plus nombreux a dire haut et fort qu’ils ne se reconnaissent plus dans «leur» université. Depuis deux ans, 1’Asso- ciation canadienne-frangaise de 1’Ontario (ACFCO) fait de 1’uni- versité de langue francaise en Ontario une de ses priorités. Une étude commandée par l’ACFO et rendue publique en décembre 1990 indique que l’Ontario francais posséde toutes les ressources nécessaires & la création d’une université de langue frangaise. Toujours selon cette étude, cette future université francophone pourrait compter sur une clien- tle potentielle de 20 000 étu- diants. Faire plus de place aux francophones Le nouveau plan de déve- loppement des programmes et des services en frangais de 1’ Univer- sité d’Ottawa, qui couvre la pé- riode allant de 1992 4 1997, a justement pour objectif de tenter d’accroitre la participation des jeunes Franco-Ontariens aux étu- des universitaires, qui est actuel- lementinférieure de moitié acelle des non-francophones. Car si les francophones sont fortement représentés dans les facultés traditionnelles que sont Litiges civils, criminels et matrimoniaux -ainsi que commerciaux et industriels. ROBERT J. LESPERANCE Clark, Wilson avocats-notaires 800-885 rue Georgia ouest Vancouver, C.B. V6C 3H1 (604) 687-5700 Télex 04-507625 Télécopieur 687-6314 les arts, le droit, 1’éducation et les sciences sociales, ils sont prati- quement absents en médecine. Il faut dire qu’aucun des program- mes d’études offerts par la facul- té de médecine n’est entitrement en frangais. La situation est sem- blable en génie. En administra- tion et en sociologie, le nombre d’étudiants par cours est beau- coup plus élevé du cété anglais que du cété frangais. Autre probléme: le maté- riel didactique en frangais est rare, particuligrement en administra- tion, en common law, en sciences naturelles et en sciences de la santé. C’est la méme chose pour les livres en francais dans les bibliothéques. La présidente du Franco- mité, une association étudiante yvouée a la promotion de la vie francaise sur le campus universi- taire, estime que «les universités bilingues sont propices a I’ assi- milation». Elle concéde qu’on peut vivre en francais sur le campus de l'Université d’Ottawa, mais ajoute que «ce n’ est pas toujours possi- ble», Exemple: plusieurs des ac- tivités de la semaine d’accueil, dit-elle, se déroulent en anglais. Autre exemple: il n’y a pas beau- coup de musique frangaise dans le bar étudiant le plus fréquenté par les francophones. «Ce sont les Québécois qui crient et hurlent le plus sur le campus lorsqu’ il est question de la défense et de la promotion du francais» lance, sur un ton outré, l’agent d’information a la Fédé- ration étudiante de 1’Université d’Ottawa, Pierre Chiasson. Ce- lui-ci est cinglant a l’endroit des étudiants franco-ontariens: «On fait des spectacles en frangais mais ils ne viennent pas, ou bien ils vont voir la version anglaise.» Une université francaise Le président de 1’ Associa- tion canadienne-francaise de l’Ontario (ACFO), Jean Tanguay, reconnait volontiers le rdle histo- rique joué par 1’Université d’Ottawa. «L’ Université d’ Otta- wa a joué un role trés important et capital dans I’ évolution de la communauté franco-ontarienne. Personne ne peut le nier. Mais...» Depuis 20 ou 30 ans, le débat refait surface au gré de la conjoncture politique et sociale. Jean Tanguay est convaincu que la communauté posséde tous les _ atouts en main pour se doter d’une université frangaise: population, contexte politique favorable, loi fédérale sur les langues officiel- les, loi ontarienne sur les services en francais, jugement de la Cour supréme dans !’affaire Mahé qui reconnait 4 la minorité franco- phone le droit de gérer ses Ecoles. Jean Tanguay est loin d’étre impressionné par les efforts des institutions universitaires bilingues et les récents appels a la collabo- ration fraternelle pour mieux desservir les Franco-Ontariens. Selon lui, les universités bilin- gues tendent l’oreille aux reven- dications des Franco-Ontariens chaque fois que la communauté francophone «fait un peu de bruit». Il n’est pas impressionné non plus par les arguments de ceux qui prétendent qu’une uni- versité de langue francaise en Ontario ne serait pas viable, ne serait pas a la hauteur du milieu universitaire. «Quand est arrivé le temps des écoles secondaires de langue francaise, on nous a dit laméme chose.» Pourtant, ajoute- t-il, «notre vitalité culturelle nous permet, lorsqu’on a les outils, de nous dépasser». Préserver les acquis Le recteur de 1’ Université d’Ottawa voit la question sous un tout autre angle. «Une université, ce n'est pas une école secondaire! Développer des programmes de doctorat dans n’ importe laquelle des disciplines, ca implique des laboratoires, de I’ équipement, des bibiliothéques, qu’ une, nouvelle institution ne peut pas S’ offrir», dit Marcel Hanelin. Selon lui, «il serait dommage» de créer une situation od les francophones n’auraient pas accés a tous les services que |’ Université d’Otta- wa peut offir actuellement. Le recteur Hamelin est prét a collaborer si le gouvernement décide de créer une université francophone, mais pas a n’im- porte quel prix. L’Université d’Ottawa, affirme le recteur, n’ac- ceptera pas de modifier son man- dat et de se transformer en uni- versité francophone. L’important, ajoute-t-il, c’est de préserver les acquis. «L’ Université d’ Ottawa aura toujours sa place et va demeurer l’institution qui peut offrir le plus grand nombre de programmes en francais.» Selon Marcel Hamelin, c’est justement le mandat bilin- gue de l’université qui a permis de développer des programmes en francais. «C’ est parce que I’ Uni- versité d’ Ottawa est une institu- tion bilingue que nous avons ré- ussi a offrir des services universt- taires en francais aussi dévelop- pés.» Avec une population de 24 000 étudiants, explique le recteur, «nous avons un ensemble de ressources qui ne pourraient pas se justifier avec une popula- tion étudiante beaucoup plus li- mitée». A ceux qui prétendent que la faible participation des Fran- co-Ontariens aux études univer- sitaires s’explique par l’absence d’une université homogéne fran- ¢aise dans la province, le recteur Hamelin a une réponse toute trouvée: «Vous avez exaclement le méme phénoméne au Québec. Les Québécois francophones ont un taux de participation aux étu- des universitaires qui est deux fois moindre que les autres grou- pes linguistiques au Québec. Nous avons un comportement @ peu prés semblable en Ontario.» Yves Lusignan (Journaliste et responsa- ble de Il’ Agence de presse fran- cophone). is Bon Festival de MIKE HARCOURT Premier ministre de la Colombie-Britannique 1342 Commercial Drive Vancouver, B.C. V5L 3X5 253-7905 Le Soleil de Colombie Vendredi 13 mars 1992 L co e285 5 Luniversité