VOLUME VII, NUMERO 4 Carnet de voyage ... Kalimera (bonjour) Depuis huit mois je parcours des milliers et des milliers de kilometres dans le seul but de voir, d’entendre, de goiter le dépaysement. Avec mon compagnon, nous avons repris la route comme nous l’avons fait souvent depuis 29 ans. Un désir commun nous a ramené en Gréce, visitée il y a plus de 26 ans. Ainsi depuis deux mois, nous bourlinguons d’ile en ile. Semées sur les mers de l’Egée, de créte et Ionienne, on compte plus de 700 iles. Petites ou vastes, peuplées ou inhabitées, solitudes désertes ou hauts lieux du tourisme, arides ou verdoyantes, elles sont posées sur l’écume marine, comme des cailloux disposés par le caprice des dieux puissants. Ceux-la méme qui ont fait naitre les mythes anciens. Cinq mille ans d’histoire se retrouvent dans les vestiges, témoins de la civilisation et de la continuité de Vhellénisme. Survivant aux guerres, séismes et éruptions volcaniques, les iles de la Grece connurent des périodes de paix et de prospérité oi s’épanouissaient les arts et les sciences qui influencérent le monde entier. Confrontées jadis au barbares du nord, aux Perses, aux corsaires, tombées sous la coupe vénitienne puis le joug ottoman, elles subirent enfin l’occupation nazi. Mais des cendres de la destruction, les iles sauvérent ce qui caractérise si bien ce pays; l’histoire, le patrimoine culturel, la tradition vivace et surtout l’amitié hospitaliére. Alors voila avant qu’on me reproche de ne pas écrire assez souvent, je vous envoie une grande carte postale avec mes mots, mes impressions et les meilleures images de cette petite odyssée. De Bari en Italie, nous prenons un premier <«ferry-boab» jusqu’a Patras (15 heures de mer) puis passant en auto par Corinthe et Athénes, atteignons le Pyrée, le plus grand port de Gréce. Nous circulons avec bonne vieille Nissan Patrol 4 x 4, capable de nous amener sur les sentiers les plus escarpés et les chemins les plus tortueux. Heureusement d’ailleurs car nous évitons volontairement les circuits touristiques. Nous voyageons comme des vagabonds, campant au hasard des_ routes, bivouaquant parfois sous les étoiles. Nous nous lavons aux ruisseaux clairs et aux torrents de montagne. Nous cuisons au feu de camp de vrais repas, agrémentés par les herbes, les poireaux, les blettes sauvages cueillis en chemin. Tout cela a certes un petit coté aventurier charmant, mais il faut aussi compter avec les aléas du voyage : la pluie, le froid, les tempétes de vent, les délais des bateaux, les ennuis mécaniques, les mauvaises routes et les courbatures. Je m’en veux de détruire peut étre l’idée que vous avez des iles grecques (maisons blanches, soleil éclatant, chaleur torride) mais il y a aussi des saisons ici, et le printemps cette année n’a pas été particuli¢érement chaud. Mais j’en étais au Pyrée, ville portuaire excessive, pleine de _ bruits, d’immondices, de chiens errants. Nous nous perdons dans les rues populeuses ot nous découvrons de jolies boutiques, des boulangeries ol on achéte de grands pains ronds et plants parfumés l’anis et au sésame et de petites pates ti¢des aux épinards. Nous passons la nuit sur le bateau pour la Créte ot nous débarquons au matin sous une forte pluie C’est notre premiére ils. La plus grande avec une superficie de 8,260km carrés et une longueur de cote de 1,046km. Ile de contrastes, au carrefour des trois conti- nents : Europe, Aie et Afrique, la Crete offre des paysages vari¢és. Ses hautes montagnes sont couronnées de neige. Couverte de forets généreuses, elle abonde en plaines, grottes et plages. Sur Vile on compte plus de 9 millions d’oliviers et son huile est la plus réputée. Nous achetons au bord des routes des kilos d’oranges douces (aucune acidité comme celles que l’achete au Canada) des tomates savoureuses. Nous refaisons connaissance avec les fromages grecs, de chévre, de brebis, blanc, onctueux, salés; bref, de vrais poémes. PAGE 5 Diane Béchade Les images que je rapporte de Créte : des montagnes couvertes de l’or des fleurs sauvages, des oliviers , des orangers, des citronniers 4 perte de vue, des vieux aux visages comme des figues séches, cahotant sur leurs anes chargés de fagots. De la Créte nous décidons de visiter quelques iles du Dodécanése, dont Rhodes, la verdoyante et la plus grande. Sa vieille ville est entourée d’une imposante enceinte médiévale édifiée par les Chevaliers de St-Jean et percée de sept portes majestueuses. De villages, en villages, nous découvrons des édifices vénitiens, gothiques et arabes témoignant des occupations que I’ile subit au cours de son histoire, méme si il subsiste encore de nombreuses traces des splendeurs de Jl’antiquité grecque. Ma préférence va au joli_ village médiéval de Lindos avec ses demeures ancestrales, ses ruelles pavées, montantes et étroites, ses arcades, ses murs blanchis a la chaux, ses terrasses recouvertes de mosaiques de galets blancs et noirs, le tout, regroupé en amphithéatre au pied dun rocher abrupt. De Vile de Cos, patrie d’Hippocrate, pere de la médecine, je veux partager deux images. En roulant sous la voite dune forét de pins, nous avons découvert une colonie de paons. Une quarantaine de ces grands oiseaux au plumage convoité, nous ont entouré pour manger dans nos mains des morceaux de pain. Sur Cos nous avons aussi trouvé une immense plage de sable blond ot nous nous sommes arrétés plusieurs jours profitant du beau temps. Voyager en saison creuse nous donne lavantage d’avoir pour vous seul les bons endroits. De plus, les grecs sont de trés bons hétes et vous font sentir les bienvenues partout. Il nous arrive souvent de laisser la tente et tout le matériel de camping pour la journée en toute confiance lorsque nous allons nous balader. Kalymnos, notre derniére ile de l’archipel du Dodécanése est réputée A suivre en page 6