Février 1968 L’APPEL page 9 citée en 1944 tout au début de ma thése de mai- trise: “Il vaut mieux faire des réves exaltants dont on ne réalise qu’une seule partie, que de ramper toute sa vie dans la poussiére parce qu’on a eu peur de regarder les étoiles.’’ La bataille physique était gagnée en grande partie; la bataille morale ne faisait que conti- nuer. Méme ce premier soir en Colombie Bri- tannique il nous avait fallu expliquer le fait francais aux amis bien sympathiques qui nous entouraient. Depuis ce jour, 4 chaque rencon- tre sociale, chaque cocktail ou danse nous de- vons répondre a un lot de questions, expliquer les mémes faits pour la milliéme fois. J’aurais aimé parfois enregistrer sur disque ces mémes explications et les vendre $2.00 chacun 4a tous ceux qui voulaient qu’on leur discerte intermi- nablement sur le Québec. Je serais riche au- jourd’hui. Pour eux c’est un sujet différent, pour nous ga devient un sujet indifférent dont on ne peut s’éloigner. Le francais en C.-B. n’a pas de porte de sortie. Tous les jours il se fait rappeler qu’il est différent, et jamais il ne sera pris pour acquis, “no questions asked.’’ C’est le prix qu'il doit payer pour partager la céte du Pacifique. Je viens de dire que nous som- mes indifférents 4 ces questions et nous le sommes en Ge sens que nous trouvons inutile de prouver notre point de vue @ deux ou trois con- vives 4 la fois tandis qu’il en restera toujours des millions 4 convaincre. Nous sommes in- différents en vue de notre incapacité 4 achever des résultats concrets, qui serviront 4 quelque chose. St-Thomas d’Aquin pensait: “Timeo homi- nen unius libri” qu’on peut traduire: “Je erains homme d’un seul livre.’’ La Colombie Britannique est rempli de ces hommes d’un seul livre, d’une seule philosophie, d’une seule con- naissance: celle de l’anglais au Canada. Peut-on nous blamer si parfois nous répondons d’une fagon aigrie 4 des questions pourtant amicales mais qui nous emmerdent par leur contenu et leur étroitesse. A un cocktail tout récemment un ami me de- manda: “I’d like to tell you a few things about French-Canadians, but will you have a sense of humour?’ Je ne pus m’empécher de répondre: “Sure, as long as I too can tell you a few things about English-Canadians and that you'll have a sense of humour too.’’ C’est cette attitude qui nous met en maudit si souvent et qu’ils ne comprennent pas. Pour eux, ils sont la majorité; ca leur donne le droit de poser des questions et 4 nous le devoir de répondre, mais toujours en gardant notre sang froid, avee patience et amabilité. Ne peuvent-ils concevoir que nous aussi nous aimerions poser des questions et changer les roles, les mettre sur la défensive continuellement, 4 expliquer, & justifier leur existence? Pourquoi s’atten- dent-ils toujours a tant de patience de notre part; nous aussi nous sommes humains, et comme disait 1’Hon. Paul Martin: “I too have pride, I too have honour.’ L’orangiste le plus formidable que j’ai ren- contré est ce Capitaine dont j’étais le secrétaire et qui est devenu Amiral. Un jour il me man- da dans sa cabine et déclara: “I like you Gas- ton, you're different from other French-Cana- Un des notres est decoré de la medaille de la Fidelite Francaise M. J.B. Goulet sera honoré au cours d'un BANQUET Date: Samedi 2 mars 1968 Heure: Dix-huit heure trente Endroit: Auditorium N.D. de Lourdes Couvert: $3.00 rue Hammond Danse suivra Service du bar Prix d’entrée de la danse seulement $1.00