Tie quam a «huh ie wal aaa la lal a alll car a ac en Re Information ltinéraire de Lucien Bouchard En ligne droite vers un Quebec souverain Ambassadeur, ministre et maintenant simple député d'un parti sans avenir au Canada, Lucien Bouchard n'a jamais véritablement dévié de sa trajectoire initiale: donner au Québec un réle élargi dans la fédération canadienne. Blessé par I'échec de Meech, il continue sa croisade a la téte du Bloc Québécois sans perdre une parcelle de sa ferveur. D e son bureau, situé au 27e étage de la Place Ville- Marie, le chef du Bloc québécois, Lucien Bouchard voit s’étendre le Montréal métropolitain. De ce point de vue, c’est presque le Québec en entier qu’il peut embrasser du regard... C’est cette vue d’ensemble que Lucien Bouchard aime bien avoir des Québécois. Comme s’il jouait, sur la grande scéne québécoise, le r6le d’un spectateur et d’un metteur en scéne, tout a la fois. C’est du moins ce qui transparait de son autobiographie, parue au début de 1’ été sous le titre évocateurde “A visage découvert”. L’oeil de l’>homme est brillant, intelligent. La répartie facile, toujours 4 point. Et un mot, un seul, qui revient sans cesse: souveraineté. Son entrée en politique est d’ailleurs intimement liée aux “problémes existentiels” -selonsa propre expression - du Québec par _Tapport au Canada. “Je ne serais jamais entré en politique s’il n’y avait pas eu (l’accord de) Meech. Je pensais qu’il fallait ratifier Meech, repartir, se donner une nouvelle base pour élargir le réle du Québec dans la fédération canadienne,” confie-t-il. Plus rien sinon la souveraineté Convaincu du bien-fondé de accord du Lac Meech, il regoit de plein fouet les propositions d’amendements de l’accord en juin 1990, en pleine fiévre constitutionnelle. L’une d’elles concerne |’enchassement dans la constitution du réle du fédéral de . promouvoir la dualité linguistique. Nul doute dans |’esprit de Lucien Bouchard, “J/ n’y avait plus rien @ faire sauf la souveraineté.” Il est a ce moment ministre del’ Environnement, apres avoir été quelques temps, secrétaire d’ Etat. D’un bond, il saute la cloture et remet sa démission au premier ministre Brian Mulroney, un vieil ami. Ils ont fréquenté ensemble les mémes salles de classe de la faculté de Droit de Université Lavala Québec. Aprés ce geste, plus rien ne sera comme avant entre eux. Finis donc les salons feutrés, la limousine, |’attrait des grandes sphéres d’influence du cabinet, Monsieur le ministre n’est plus... Voila le simple député, puis le chef du nouveau parti souverainiste, le Bloc québécois, qui se léve déja. Des souverainistes a Ottawa Dés lors, la grande aventure souverainiste commence a Ottawa; d’autres députés, libéraux ou conservateurs, viendront s’ajouter au Bloc québécois au cours des semaines et des mois. Ils ne sont que huit a clamer haut et fort le bien-fondé d’un Québec indépendant. Encore, tout récemment, ils étaient neuf mais le député de Shefford, Jean Lapierre, a quitté pour amorcer un nouveau tournant, a la radio. C’est une grosse perte pour le Bloc: Jean Lapierre réussissait a passer ses boutades et jeux de mots rigolos a V’appui, que s’empressaient de répéter les médias... Mais, selon Lucien Bouchard, “Un joueur de moins, ¢a ne change rien aux visées.” j Nombreux sont les projets “d’expansion”. Le chef Bouchard vise l’élection de 50 a 60 députés du Bloc lorsque les Canadiens. retourneront aux urnes prochainement. Le mandat est corsé, surtout venant d’un parti encore Sans programme politique aprés deux ans d’existence. “ILest vrai que le Bloc n’a pas de programme politique étant donné qu’il ne se propose pas de former un gouvernement, qu’il n’essaie pas de dire comment il gérerait les différents secteurs d@ activités.” En d’autres mots: le Bloc n’a de sens qu’a travers la souveraineté. ‘Un peu mince, non, comme programme? Et du tac au tac, il enchaine. “Je trouve ¢a pas mal. C’est un gros programme, la souveraineté. Batir un nouveau pays, c’estmémeun trés, trés gros programme. a Pour la bande a Bouchard, la souveraineté, en outre, n’a rien d’une démarche qui conduit a Vintolérance. “Cen’est pas d’étre fermé sur_le Québec que d’étre souverainiste, Au fond, pour beaucoup de gens, c’est la conclusion inéluctable des événements qu’avécus le Québec messages, avec et de la dynamique historique,” explique-t- il sur un ton qui, bien que posé, trahit sa ferveur. Ou s’en va Bouchard? Va pour ies desseins du parti... Mais pour l’homme derriére qui aligne, une a une, les piéces du casse-téte? Qu’est-ce qui fait courir Lucien Bouchard? Pourquoi la politique plutot que la poursuite d’une carriére d’avocat, ou encore d’ambassadeur a Paris qu’il a menée pendant trois ans, qui lui seyait déja bien... Peut-étre a-t-il été, comme ill’ écrit dans son livre, “durant toutes ces années, entrainé dans le mouvement d’un peuple en marche.” Mais lui, Lucien Bouchard se voit-il a la téte de ce Lucien Bouchard ne continuera pas en politique si la souveraineté n'a pas lieu. peuple en voie d’ affirmation? Certains croient qu’il lorgne, de toute évidence, vers l’assemblée nationale du Québec, une fois que la belle province sera reconnue comme état souverain. Lucien Bouchard, futur président du Québec? D’autres rejettent cette idée prétextant son manque - d’ambition. Le principal intéressé, quant 4 lui, affiche un _ sourire lorsqu’on lui pose la question. “Je me fais de plus en plus reprocher de ne pas dire ce que je ferais apres la souveraineté. Je ne veux pas prendre cet engagement parce que je ne sais pas si ¢a va me tenter, si ma condition person nelle va s’y préter. Chose certaine, s'il n’y a pas de souveraineté, ¢a ne m’intéressera pas de continuer en politique,” avoue-t- il. APF Un Québec indépendant appuiera les Franco-Canadiens «Sionsauve le Québec francais, et qu’ily aun engagement fort et réel pour promouvoir le frangais comme aucun gouvernement ne I’a fait jusqu’ici au Canada, je crois qu'il y aura la un gain pour les francophones hors Québec.» ucien Bouchard, chef du Bloc québécois, parle des francophones hors Québec non pas comme d’une lointaine parenté mais plut6t comme une communauté vivante, qui pourrait entretenir des liens culturels et économiques avec un état souverain québécois. _ Mais ne lui parlez pas de bilinguisme. “Le réve de (Pierre Elliott) Trudeau, celane marche pas. Regardez ce qui arrive (aux francophones) al’extérieur du Québec, malgré un engagement considérable en. terme de fonds.” Selon le député du comté Lac Saint-Jean, Québécois et Franco-Canadiens doivent miser sur des échanges francs et directs sans intermédiaires fédéraux. Un Québec souverain pourrait généreusement fouiller dans le fond de ses poches pour protéger, sinon promouvoir, le fait frangais Le Soleil de Colombie au Canada, par exemple, en soutenant, avec des programmes d’aide, l’école de langue francaise dans les provinces anglophones. “L’engagement du Québec dans la francophonie, ce n’est pas fort. Actuellement, enterme d’argent, c’est quelques millions par année; ce n’est pas beaucoup avec un budget de plusieurs dizaines de milliards, on pourrait faire bien mieux, infiniment mieux que ¢a... Le Québec n’a pas rempli ses obligations envers les francophones hors Québec.” Mais, les Québécois eux- mémes voudront-ils assumer ce r6le? Bien que sympathiques a la classe francophone, les Québécois ne connaissent que trés peu la réalité de leurs fréres de langue, outre frontiéres. “Cela va étre une responsabilité des Québécois, cela en est déja une, il va falloir qu’ils en prennent conscience. Mais il est vrai qu’il y adu travail politique a faire,” concéde 1’ex-Secrétaire d’Etat, quis’est occupé, entre autres, du dossier chaud de la Loi 2 qui, grosso modo, proclamait unilingue anglaise la Saskatchewan en 1988. Et de réfléchir, “Cela explique peut-étre le fait qu’il n’y a pas beaucoup de foi chez les francophones en dehors du Québec, quand on leur dit ce qu’on veut faire pour eux. Ils sont trés sceptiques parce que Justement ils pensent que les Québécois ne sont pas conscients de tout ca, et ne l’ont pas montré dans le passé, ce qui est enpartie vrai.” Le Québec appuie les communautés francophones hors Québec depuis 1960. Ce n’est que sous la gouverne de René Lévesque du Parti québécois que la province adopte un programme d’aide en bonne et due forme. Depuis ces derniéres années, le gouvernement du Québec alloue ~ quelque 1,4 millions par année aux Franco-Canadiens. APF Vendredi 21 aoiit 1992