\ canal 7 a Vancouver et canaux 3 et 8 4 Victoria Programme de la télévision frangaise de Radio-Canada VOL.3 NO.12 Vendredi 15 décembre 1978 Décembre: dramatique solide et émouvante Guy Dufresne peut étre consi- déré a juste titre comme I'un des scripteurs et des auteurs dramatiques les plus productifs et les plus talentueux de la ra- dio et de la télévision canadien- nes. En effet, ce. créateur équi- libré et sensible, sensuel et ra- tionnel, qui vit 4 la campagne, écrit de la fagon la plus natu- relle qui soit. Ses textes, ses drames, ses contes, ses téléro- mans semblent obéir aux ryth- mes de la nature. Tel un grand pommier majestueux et prolifi- que, Guy Dufresne produit des fruits savoureux, maris a point, selon une osmose continue en- tre le terroir québécois et son monde intérieur. II n'est que de nous souvenir de séries radio- phoniques comme /e Ciel par- dessus les toits et Légendes de Noé!/ ou, a la télévision, de /'Ile aux pommes, la Veilleuse, «Ké- bec», Mesures\:de guerre; de séries: prestigieuses du gen- re Cap-aux-Sorciers, Septiéme Nord, les Forges de Saint-Mau- rice. On n’aura pas oublié non plus sa remarquable adaptation pour le petit écran de Des sou- ris et des hommes de Steinbeck et le succés de sa piéce /e Cri de l’engoulevent créée a la Co- médie-Canadienne. Guy Dufresne, partout et tou- jours, sensible a la plasticité in- finie de la nature, a |'infinie va- riété et profondeur des 6tres, a créé un monde multiple et mul- tiforme, plein de «bruit et de fureur», rempli de contradic- tions et qui nous emporte, tel le torrent de la vie, dans le.de- venir... Il ne serait pas exagéré de dire qu'il y a en lui quelque chose d’héraclitéen, un sens profond des antagonismes inhé- rents a l’univers. : Les téléspectateurs qui aiment ce que fait Guy Dufresne, et ils sont légion, ne voudront pas manquer Décembre, une drama- tique documentaire qu'il a créée avec le réalisateur Jean-Paul Fu- gére et qui sera présentée aux Beaux Dimanches, le 17 décem- bre a 20 h 30, a la chaine fran- caise de Radio-Canada. La dramatique : Décembre, un documentaire dramatique solide et émouvant, profondément humain qui racon- te avec les moyens du cinéma les efforts d'une jeune femme pour quitter un chanteur wes- tern qui la domine et qu’elle sert depuis dix ans. En effet, Fernande Roy, qui posséde une trés bonne forma- tion musicale, souffre et se sent de plus en plus frustrée de de- voir écrire les paroles et de fai- re leS «arrangements» pour les médiocres «tounes western» de Steve Rajotte. Plus ou moins amoureuse et complaisante, non seulement elle écrit les chan- sons de Steve, mais |'accompa- gne au piano, chante et se saou- le avec lui. Aprés un demi-succés et deux - Viola Léger et Paule Baillargeon SAE RINSE ees eit disques qui se sont peu vendus, Steve, qui perd son public et ne signe plus de contrats, n'a a offrir 4 sa compagne que misére et alcool... Si ce n'était qu'une amie comme Géraldine vienne l'aider, Fernande n’aurait plus que la rue pour refuge. Evidem- ment, un certain homme. d’af- faires a la petite semaine fait montre de les renflouer, mais en les exploitant au maximum. On enregistre méme un ‘disque mais en lésinant sur les moyens. Et Fernande, qui voudrait au moins un enregistrement «pota- ble», se fait mettre hors du studio. Incapable de fournir quel- que effort, hostile aux exigen- Viola L hk a ces de qualité de Fernande, Ste- ve tente d’oublier sa médiocrité dans l'alcool. Fernande, du fond de son désespoir, entre- prend de retrouver sa dignité, sa liberté et de vivre enfin a travers une musique qu'elle ai- me. L'essentiel de ce drame de la recherche de l'identité, de la personnalité et de |’épanouisse- ment se passe entre trois per- sonnages qui réagissent trés différemment devant «la difficul~ té d’étre». Fernande, douée, in- telligente et forte au fond, s'est laissé prendre aux illusions de l'amour. Steve, viril et brutal, artiste. médiocre qui compte éger, Jacques Godin et Francois Lanctét “ plus sur la publicité que sur le travail créateur, est au fond un faible et un naif. Quant a Gé- raldine, elle fait partie de ces gens & la fois équilibrés et gé- néreux qui, hors de tout mora- lisme, savent renforcer ce qu'il y a de positif chez les autres. La scéne finale est. d'ailleurs éclairante: Géraldine, en effet, habilement et sans trop insister, aide Fernande 4a sortir de son chaos. On se plait- 4 imaginer une Fernande enfin sdre d’elle- méme, développant la face so- laire de sa personnalité. La réalisation Pour ce film, Guy Dufresne et Jean-Paul Fugére ont colla- boré pour ainsi dire a égalité, chacun-apportant le meilleur de lui-méme. Il en est résulté une oeuvre qui nous rappelle les réussites du néo-réalisme et du cinéma-vérité. On se souviendra d’ailleurs que ce travail en com- mun avait donné un excellent ré- sultat avec Johanne et ses vieux. Le film, tourné entiérement en extérieurs dans le quartier dit le «Plateau Mont-Royal» ot vivent justement des chanteurs et des comédiens, a été congu aprés maintes et maintes inter- views auprés de musiciens du genre de Steve Rajotte. Toute la dramatique, dans son ensem- ble comme dans la plupart de ses détails, a été structurée a partir de ce milieu et de ces personnages. Un film riche de toutes les questions qu'il sou- léve: la génétique et le milieu; ‘ambition et l’entropie; |’étre et le paraitre; la qualité et la mé- diocrité, etc. Le triangle Fernande-Steve- Géraldine est a ce point excel- lent qu'on se pose |’éternelle question du paradoxe du comé- dien et l'on se rappelle |'idée que s’‘én faisait le grand cinéas- te Alia Kazan. Aussi, Paule Bail- largeon, Viola Léger et Guy Go- din sont Fernande, Géraldine et Steve. René Houle La distribution Fernande .. Paule Baillargeon Steversss.i.4, Jacques Godin Géraldine ............ Viola Léger Le patron .... Yves Massicotte Benoit ........ Francois Lanctot Gontran ........ Jean. Brousseau Mike: 2cctecs. Henry Gamer L’équipe de réalisation Musique .... Louis Baillargeon Decors”, Gaston Lebrun Costumes .... Sylvie Mélangon Habilleuse .... Denise D’Arcy Maquillage ........ Marika Greti Graphiste ........ Gérald Brunet Ensemblier ...... Hervé Ouimet Chef de permanence .... Charles Papineau Chef machiniste ... Denis L'Heureux Briiteup 725 2G “Régis Rivet Prise de son .... Roger Bouchard Perchiste ........ Gérald Vallée Eclairages ...... André Nepveu Directeur de la photographie .... Roland Martin Assistants .. Albert Bourbeau .... Paul Gravel Montage ..........-+ Elise Anctil Assistant a la production .... Henri Boucher Script-assistante ...; Aimée Cacopardo Réalisation .... Jean-Paul-Fugére